Les zones à faibles émissions mobilité, appelées ZFE-m, sont au cœur des débats politiques et territoriaux depuis de nombreux mois. Elles concernent les agglomérations de plus de 150 000 habitants. L'objectif est d'améliorer la qualité de l’air dans les centres urbains en interdisant les véhicules les plus polluants.


au sommaire


    Si plusieurs métropoles ont déjà mis en place cette zone, d'autres freinent des deux pieds pour retarder l'échéance de 2025. Les métropoles de Lyon, de Grenoble ou du Grand Paris ont déjà instauré leur propre ZFE-m, tout comme huit autres grandes agglomérations. D'autres sont encore à venir, la France devrait en compter 43 au 1er janvier 2025.

    Tension autour des ZFE

    Les restrictions liées aux véhicules anciens, jugés trop polluants pour accéder au cœur des agglomérations, créent des tensions sociales. En effet, les ZFE-m visent principalement les véhicules classés Crit'AirAir 5 et 4 dans un premier temps et rapidement les Crit'Air 3. Cela correspond à 38 % du parc roulant actuel en circulation dans l'hexagone en 2025.

    Le saviez-vous ?

    Classement Crit'Air des voitures particulières et des véhicules utilitaires légers :

    • Crit'Air 0 : Véhicule électrique ou hydrogène ;
    • Crit'Air 1 : Essence Euro 5 et 6 immatriculé depuis 2011 ;
    • Crit'Air 2 : Essence Euro 4 immatriculé entre 2006 et 2010, Diesel Euro 5 et 6 immatriculé depuis 2011 ;
    • Crit'Air 3 : Essence Euro 2 et 3, immatriculé entre 1997 et 2005, Diesel Euro 4 immatriculé entre 2006 et 2010 ;
    • Crit'Air 4 : Diesel Euro 3 immatriculé entre 2001 et 2005 ;
    • Crit'Air 5 : Diesel Euro 2 immatriculé entre 1997 et 2000.

    Le Sénat a lancé une consultation publique au printemps afin de recueillir l'opinion de la population. Le résultat, sans surprise, met en évidence que de nombreux automobilistes sont contre cette mesure. Plus de 75 % des personnes interrogées, sur un panel de plus de 50 000 particuliers et professionnels, rejettent l'idée de la ZFE-m et de ses restrictions de circulation. D'autre part, cette enquête indique également que de nombreux Français méconnaissent les règles de circulation au sein des ZFE.

    Les bus électriques sont une bonne alternative pour réduire la pollution au cœur des villes. © 2ragon, Adobe Stock
    Les bus électriques sont une bonne alternative pour réduire la pollution au cœur des villes. © 2ragon, Adobe Stock

    Le Sénat demande le report des ZFE

    Pour faciliter l'acceptation par le plus grand nombre, y compris certaines collectivités directement concernées, le Sénat fait trois propositions.

    La première est de renforcer les aides proposées pour l’achat d’un véhicule peu ou pas polluant. À l'heure actuelle, il est possible d'obtenir jusqu'à 7 000 € de bonus écologique pour l'achat d'une voiture électrique neuve. La prime à la conversion, d'un montant variable de 2 500 à 5 000 € selon conditions de ressource, peut s'ajouter au bonus. Cette dernière peut bénéficier d'une surprime de 1 000 € pour les citoyens domiciliés dans une ZFE-m.

    Le Sénat propose également de développer les solutions alternatives de transport pour les déplacements urbains.

    Enfin, le report de la mise en place des ZFE-m est également sollicité afin de fixer un objectif jugé plus tenable que l'échéance de 2025. Ainsi, le Sénat propose d'assouplir le calendrier en reportant l'échéance à 2030.


      Plusieurs villes françaises reportent les échéances des ZFE-m

      Article de Arnaud MarchalArnaud Marchal, publié le 13 avril 2023

      Créées dans le but d'améliorer la qualité de l'air au cœur des grandes agglomérations, les zones à faibles émissionsémissions mobilité ou ZFE-m, restreignent l'accès des véhicules les plus polluants. Pour filtrer ces véhicules, les villes se basent sur leur certificat Crit'Air. Progressivement, les véhicules les plus anciens sont bannis du centre des villes.

      Les agglomérations de plus de 150 000 habitants doivent mettre en place leurs propres zones à faibles émissions mobilité, ou ZFE-m, instaurées par la loi climatclimat et résiliencerésilience en 2021. Rapidement, une dizaine de villes se sont lancées dans l'aventure un peu partout en France. Parmi celles-ci, on compte Lyon, Saint-Étienne, Toulouse, Marseille, Grenoble, Nice, Montpellier ou encore Strasbourg, Reims et Rouen. D'ici 2025, une trentaine d'autres ZFE-m vont également voir le jour.

      Certaines villes font marche arrière face aux échéances des ZFE-m

      Les restrictions imposées aux automobilistes de métropole font de plus en plus grincer les dents. Les usagers sont dans l'obligation de remplacer des véhicules anciens pour pouvoir se rendre au cœur des villes. Avec un marché automobileautomobile tendu, entre rupture d'approvisionnement et hausse des prix autant sur le neuf que sur l'occasion, de nombreux Français craignent de se retrouver en infraction, faute de moyen financier pour remplacer leur voiture. Le montant de l'amende forfaitaire est de 68 € si vous pénétrez une ZFE-m avec un véhicule non autorisé.

      Les professionnels rencontrent les mêmes difficultés. Leur véhicule utilitaire, diesel pour la plupart, fait partie des véhicules prochainement bannis. Plusieurs villes ont déjà décalé certaines échéances. C'est le cas de la métropole du Grand Paris qui a repoussé l'interdiction des véhicules Crit'Air 3 de juillet 2022 à juillet 2023. Son président souhaite à nouveau reporter cette échéance à la fin 2024, soutenu par la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse.

      La circulation automobile ne cesse de croître détériorant la qualité de l'air. © Life Of Pix, Pexels
      La circulation automobile ne cesse de croître détériorant la qualité de l'air. © Life Of Pix, Pexels

      La Ligue de Défense des Conducteurs rapporte également que d'autres villes entendent remettre à plus tard les échéances à venir. C'est notamment le cas de Reims qui reporte l'interdiction des véhicules Crit'Air 3 dans son agglomération, prévue en janvier 2024, en 2029. De son côté, Lyon diffère l'exclusion des Crit'Air 2, initialement prévue en janvier 2026, à 2028. La ville de Nice conteste la nouvelle ZFE-m qui interdit l'accès des véhicules Crit'Air 5. Elle prévient que la mairie ne fera pas de contrôle pour verbaliser les contrevenants.

      Que faire face à l’implantation des ZFE-m ?

      D'après un récent sondage de CSA Link, les Français prennent de plus en plus conscience de l'impact des zones à faibles émissions dans les grandes agglomérations. Si encore de nombreux automobilistes ignorent la classe Crit'Air de leur propre véhicule, ils sont de plus en plus nombreux à rejeter l'applicationapplication de toutes ces restrictions de circulation.

      Les grandes agglomérations sont régulièrement en alerte pollution. © Markus Becker, EyeEm, Adobe Stock
      Les grandes agglomérations sont régulièrement en alerte pollution. © Markus Becker, EyeEm, Adobe Stock

      Il est temps pour nombre d'entre eux de s'interroger sur l'avenir du paysage automobile en France et en particulier de ce qu'ils devront faire avec leur propre véhicule. Les propriétaires de véhicules Crit'Air 3, 4 ou 5 (voiture essence immatriculée 2006 ou diesel avant 2011) peuvent bénéficier, sous conditions de ressources, de la prime à la conversion pour l'achat d'un véhicule peu polluant, classé Crit'Air 1 ou Crit'Air électrique (Crit'Air 0). Il est également possible de bénéficier d'un bonus écologique pour l'achat d'une voiture électrique neuve ou d'occasion. Cependant, le budget d’achat est conséquent.

      L'avenir est de plus en plus incertain et nombre d'automobilistes hésitent sur le choix de leur prochaine voiture entre les restrictions d'accès des villes imposées par les ZFE-m, la fin de la commercialisation du moteur thermiquemoteur thermique en Europe et la flambée des prix à la pompe. Faut-il acheter une voiture électrique ou hybride ? Est-il préférable d'opter pour une motorisation flex fuelflex fuel ou bien faut-il continuer à rouler avec un diesel récent en espérant que ces reports à répétition prolongent l'espérance de vieespérance de vie du moteur thermique ?

      Voir aussi

      Les défis qui attendent le secteur automobile avec la transition énergétique