La ville de demain sera-t-elle envahie par les drones et les voitures autonomes ou bien par des vélos ? Comment la technologie va-t-elle impacter notre façon de voyager et comment va-t-on adapter la ville à ces transformations nécessaires ? Carole Pezzali, directrice énergie et transports chez Wavestone, nous dessine le futur des transports urbains.
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Le transport urbain de demain doit répondre à deux exigences principales : réduire la pollution en ville et améliorer le trafic. Si les voitures autonomes, routes intelligentes et autres taxis volants font souvent le buzz dans les médias, il est peu probable qu'ils deviennent majoritaires dans nos déplacements. Cependant, la ville de demain va incontestablement devoir s'adapter à ces nouveaux modes de transport. Carole Pezzali, directrice énergieénergie et transports chez Wavestone, nous dessine le futur des transports urbains.
Y aura-t-il encore des voitures en ville demain ?
Carole Pezzali : À Paris, 50 % de la voirie est dédié aux véhicules motorisés, alors qu'ils ne représentent qu'un peu plus de 13 % des modes de déplacement dans la capitale. La place de la voiture va irrémédiablement se réduire pour répondre aux exigences de réduction de la pollution et à la congestion des villes. On voit de plus en plus de villes qui mettent en œuvre des politiques de restrictions (péages urbains, interdiction de circuler dans certains quartiers ou à certaines heures, zones 30, etc.)).
Je pense que, d'ici 20 ans, il y aura environ deux fois moins de véhicules en ville. Un des enjeux est notamment de résoudre le problème des livraisons qui représentent près de 40 % de la pollution en ville. Il va falloir trouver des solutions plus écologiques que des camionnettes pour effectuer le « dernier kilomètre ».
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Faut-il favoriser les transports en commun ou la mobilité douce (vélos, trottinettes…) ?
CP : Les transports collectifs vont rester indispensables dans les zones denses. Ils apportent la meilleure performance environnementale par rapport au nombre de voyageurs transportés par kilomètre. On peut supposer que l’essor du télétravail permettra de lisser le trafic et d'éviter la congestion aux heures de pointe, ce qui rendra le transport plus agréable et permettra de transporter plus de monde.
L'usage du vélo va encore plus augmenter. À Copenhague par exemple, 49 % des déplacements sont effectués à vélo. En France, le vélo ne représente que 4 % de nos trajets environ, mais déjà 12 à 15 % dans certaines villes. Je pense qu'on peut tripler ce chiffre si les investissements sont suffisants. Enfin, il faut envisager les transports comme un réseau multimodal avec, par exemple, des parkings relais aux portesportes de la ville où on laisse sa voiture pour emprunter un vélo ou un bus.
Faudra-t-il reconstruire complètement la ville pour qu’elle s’adapte à ces nouveaux moyens de transport ou peuvent-ils fonctionner avec l’existant ?
CP : Il est certain que des travaux de voirie importants sont à faire, par exemple pour aménager de nouvelles pistes cyclables et réduire la place de la route. On peut aussi supposer qu'avec la diminution de l'automobileautomobile, on aura besoin de moins de parkings, ce qui permettra de gagner de l'espace.
Comment la technologie peut-elle nous aider dans cette transformation ?
CP : Cela passe d'abord par une électrification massive et une automatisation des transports (bus, navettes autonomes, vélos à assistance électrique...). Un métro autonome, par exemple, c'est moins de dépenses énergétiques et plus de capacité de transport.
Deuxièmement, la ville intelligente peut apporter des solutions pour favoriser les transports doux. Il existe des capteurscapteurs qui détectent quand un cycliste ou un piéton arrive pour faire automatiquement passer le feufeu au rouge. Ce type d'outil permet également de mieux réguler les flux de circulation et d'éviter les engorgements.
En revanche, il faut se méfier des fausses bonnes idées technologiques, comme les voitures autonomes, qui procurent un confort d'usage mais risquent d’augmenter la circulation en détournant les utilisateurs des transports en commun.
On parle beaucoup de taxi-robots et de drones pour le futur. Vont-ils vraiment envahir nos villes ?
CP : Personnellement, je n'y crois pas trop. Cela va rester une solution de niche, peut-être pour le tourisme ou les plus riches. On peut imaginer par exemple un service de transport par drone pour rejoindre le centre-ville depuis un aéroport, mais cela va rester très limité au niveau de la capacité. Les drones ou les robots autonomes peuvent en revanche présenter un intérêt pour la logistique du « dernier kilomètre ».
Comment convaincre les usagers de changer ? On a vu les protestations des Gilets jaunes lorsqu’on a voulu décourager les trajets en voiture…
CP : Les gens deviennent de plus en plus conscients des enjeux écologiques. C'est même devenu le premier critère d'achat dans l'acquisition d'un véhicule neuf. Mais cela passera inévitablement par des restrictions.
On peut imaginer qu'à l'avenir, chacun aura un « quota carbone » individuel à ne pas dépasser où vous payerez plus cher votre usage de la voiture lorsque vous aurez franchi un certain seuil. Dans ce contexte, il faudra veiller à ne pas éliminer les populations les plus démunies de l'accès au transport, en subventionnant les transports propres.