Le retour du Jedi ! En réintégrant OpenAI, Altman marque un tournant majeur pour l’intelligence artificielle. Les startupers audacieux l’ont emporté sur les chercheurs sceptiques. Au royaume des start-up de l’IA, c’est la fête…


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    OpenAI a évité le pire... Suite au licenciement surprise de Sam AltmanSam Altman, son adjoint Greg Brockman avait donné sa démission, et 700 des employés maison (dont certains étaient des ingénieurs clés) menaçaient de quitter OpenAI. Autant le dire, la star de l'intelligence artificielle aurait disparu dans l'opération.

    Comment ChatGPT pourrait-il être dangereux ? En voici un exemple dans cet épisode de Vitamine Tech. © Futura

    La victoire des audacieux

    Avant tout, ce grand retour consacre la victoire d'un camp : celui des entrepreneurs animés d'une soif de réussite, face aux esprits que certains pourraient qualifier - sans doute à tort - de « chagrin », en gros, celui des chercheurs, passablement inquiets des potentiels de leur création, un peu comme lorsque Albert EinsteinEinstein a écrit au président Roosevelt en 1939 pour le mettre en garde contre les dangers de la fission nucléaire, qu'il avait contribué à rendre possible.

    Ilya Sutskever, l'individu qui est à l'origine du putsch était de cette école, celle des chercheurs à la fois fascinés par leurs créations mais ressentant le désir progressif de freiner les développements.

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    Un ancien collègue de Geoffrey Hinton

    Un détail est majeur pour mieux comprendre cette histoire. En 2012, Ilya Sutskever faisait partie d'un groupe de recherche qui a fait sensation pour avoir réalisé un algorithme de reconnaissance des images, AlexNet, sorti victorieux d'une compétition officielle. Or, qui figurait aux côtés de Sutskever dans le trio des chercheurs responsables de AlexNet, alors à l'université de Toronto ? Geoffrey Hinton.

    Pour mémoire, ce grand ponte de l'intelligence artificielle, recruté par la suite par GoogleGoogle a fait sensation en mai dernier en exprimant soudainement et à haute voix ses craintes, émaillées de regrets, d'avoir ainsi développé l'intelligence artificielle. Nous nous en étions fait l'écho dans cet article « Qui est Geoffrey Hinton, l'un des pères de l'intelligence artificielle qu'il renie ? »

    La Silicon Valley est un petit monde dans lequel les mêmes personnes ne cessent de se croiser et il est plus que probable que Hinton ait eu de vastes discussions avec Sutskever, suite à son recrutement par OpenAI en 2015. Comme nous vous l'expliquions dans notre article consacré à l'éviction de Sam Altman lundi dernier, Sutskever faisait partie d'un conseil d'administration de seulement six personnes (dont Altman et Brockman) et donc, il a aisément pu obtenir une majorité de quatre voix pour limoger Sam Altman.

    Il est fort possible que l'annonce opérée le 7 novembre par Sam Altman, de la possibilité de créer des GPT's (chatbots personnalisés) que chacun pourrait vendre sur un StoreStore géré par OpenAI a été la goutte d'eau faisant déborder le vase. OpenAI, qui avait démarré comme une expérience quasi humanitaire, s'inscrivait bel et bien comme une start-up dynamique, dans la lignée des Google, AmazonAmazon ou FacebookFacebook du début des années 2000.

    OpenAI menacé de disparaître

    Pourtant, suite à la menace de départ de l'immense majorité des participants de OpenAI, Sutskever a dû baisser pavillon et s'est même fendu d'un tweet larmoyant dans lequel il a exprimé, mais un peu tard ses remords d'avoir agi ainsi. Et donc les tractations pour réintégrer Altman ont repris de plus belle, soutenues par le P.-D.G. de MicrosoftMicrosoft, Satya NadellaSatya Nadella, investisseur n° 1 de OpenAI, et qui avait donc énormément à perdre dans l'histoire. Il n'y avait pas le choix : faute d'un tel dénouement, OpenAI aurait mordu la poussière.

    L’ère de l’IA consacrée

    Dans des entreprises comme Midjourney, HeyGen ou Runway, un soupir de soulagement a dû se faire sentir. Car plus rien ne semble s'opposer au règne potentiel de ces nouvelles start-up ultra innovantes. Et donc, l'intelligence artificielle reçoit au passage un feufeu vert magistral. Pour le meilleur ou pour le pire, l'heure n'est plus aux scrupules. Tandis que la concurrence affûte ses armes, en Chine comme ailleurs, les nouveaux fleurons de l'intelligence artificielle doivent avant tout batailler pour se faire une place au soleilsoleil. Ne dit-on pas que l'Histoire est écrite par les vainqueurs ?