Par Christophe Olry, Futura
-
-
Le spectromètre OMEGA (IR Mineralogical Mapping Spectrometer), fonctionnant dans le visible et le proche infrarouge, a analysé la minéralogie de la surface de Mars et a livré des informations capitales sur le cycle de l'eau, la couleur et l'histoire de la planète rouge. D'après les dernières analyses, l'eau y aurait été présente en abondance pendant cent millions d'années.
On savait déjà qu'une grande partie du sol de Mars était oxydée, et que ses oxydes ferriques étaient la cause de sa couleur caractéristique. Le spectromètre OMEGA, qui a permis d'obtenir des images de Mars dans 352 longueurs d'ondes différentes et de dresser ainsi des cartes spectrales de la planète rouge, a permis d'aller encore plus loin, en montrant que ces minéraux ne sont pas hydratés.
Par conséquent, contrairement à ce que l'on pensait jusqu'alors, l'eau liquide n'a joué aucun rôle dans le processus de coloration de Mars.
Nous savons à présent que, très tôt dans son histoire, l'eau était présente en abondance sur Mars. En effet, l'instrument OMEGA a permis d'identifier à la surface deux sortes de minéraux hydratés :
Les premières conclusions concernant ces deux classes de minéraux sont édifiantes ; en effet, ils ont été formés par deux processus distincts, dans deux environnements climatiques différents, et à deux périodes disjointes de l'histoire martienne.
La présence de sulfates avait déjà été détectée par Opportunity (NASA/ROVER). Le spectromètre OMEGA l'a confirmée, en trouvant de nombreux dépôts de sulfates à la surface, notamment :
Quant aux argiles de type phyllosilicates, ils constituent l'une des découvertes majeures du spectromètre OMEGA. En effet, ces minéraux se forment lorsque des roches basaltiques sont plongées dans l'eau pendant une longue période, et sont à l'heure actuelle le meilleur indice de la présence d'eau en abondance dans le passé de Mars.
De plus, OMEGA a détecté ces phyllosilicates un peu partout sur la planète, dans des régions très anciennes remontant à la fin du Noachien (ère antérieure à 3.8 milliards d'années). Ainsi, cette découverte fondamentale tendrait à prouver qu'à cette période, des conditions comparables à celles de la Terre existaient sur Mars.
Ces résultats passionnants appellent des conclusions non moins passionnantes :
A partir de ces résultats, les scientifiques ont écrit une chronique de l'eau martienne en deux actes :