Par Christophe Olry, Futura
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Agustin F.Chicarro, scientifique du projet Mars Express, a présenté à l'occasion de la conférence d'hier les résultats d'une année de mesures et d'analyses sur la planète rouge. Après avoir précisé que Mars Express et ses instruments étaient encore en bon état de marche, et que la mission serait étendue pour deux ans, il a énuméré les conclusions majeures de cette année d'étude :
Il a également précisé les deux principaux thèmes des travaux actuels et à venir : le sondage de l'ionosphère et de la sous-surface par radar (à l'aide de MARSIS), et la recherche d'eau sur Mars, grâce aux instruments OMEGA (Visible and Infrared Mineralogical Mapping Spectrometer) et HRSC (High Resolution Stereo Colour Imager).
La mission va donc continuer avec la couverture complète en haute résolution (inférieure à 20 mètres par pixel) de Mars, le sondage complet de sa sous-surface par radar et l'étude précise de son atmosphère.
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Giovanni Picardi, l'investigateur principal du radar MARSIS, a succédé à Chicarro pour dévoiler les résultats de l'analyse des sous-couches de Mars. Par le sondage du sous-sol (possible uniquement pendant la nuit, à cause des fortes interactions entre l'ionosphère et les vents solaire) et de l'ionosphère, le radar MARSIS a été conçu pour répondre à trois questions fondamentales sur Mars :
En pénétrant à une profondeur de 2 à 3 kilomètres, le radar MARSIS a révélé la présence de glace d'eau dans le sous-sol du Pôle Nord de Mars. En effet, il y a découvert une couche de glace presque pure (moins de 2% d'impuretés) sur une hauteur de 1,8 kilomètre, suivie d'une strate sableuse.
D'autre part, le radar a mis à jour au niveau de l'équateur une structure d'impact très ancienne, non visible à l'œil nu, qui pourrait avoir 250 kilomètres de diamètre. Les scientifiques se demandent aujourd'hui si ce cratère enfoui pourrait contenir de la glace. Giovanni Picardi a déclaré au cours de la conférence que ce sujet était actuellement à l'étude.
Enfin, le sondage de la ionosphère a montré que Mars conserve des reliquats de champ magnétique. Les mesures de son intensité dans les fréquences du cyclotron ont permis aux scientifiques « d'entendre » le champ magnétique martien.
Le Docteur Martin Pätzold a ensuite succédé à Giovanni Picardi pour parler des résultats de l'instrument MaRS (Mars Express Radio Science Experiment), dont le but est d'utiliser les ondes radio pour étudier à la fois la surface et l'atmosphère de Mars. Le fonctionnement de cet instrument est le suivant :
A l'occasion des analyses précédentes, l'ionosphère de Mars semblait être structurée en deux couches : une couche principale à 130 kilomètres d'altitude, très dense en électrons, et une seconde à 110 kilomètres. D'autre part, l'ionopause - la limite supérieure de l'ionosphère - semblait varier entre 350 et 800 kilomètres d'altitude.
Mais les récentes informations fournies par MaRS ont permis de détecter la présence d'une troisième couche sporadique dans l'ionosphère. Voilà, en l'état de leurs connaissances, ce que les experts peuvent en dire :
Dans un article à venir, Futura-Sciences vous présentera les dernières révélations sur Mars présentées au cours de la conférence du 30 Novembre. Entre autres, les données de l'instrument HRSC ont permis de mieux connaître l'histoire de Mars, et OMEGA d'expliquer d'où provient la couleur rouge de Mars (elle n'a aucun rapport avec l'eau !). Mais surtout, ce dernier instrument a permis de détecter deux minéraux hydratés, les phyllosilicates et les sulfates, qui semblent être apparus à des époques et dans des conditions climatiques distinctes. La perte du champ magnétique de Mars pourrait être à l'origine du changement climatique important qu'a connu par le passé la planète rouge.