Après la Seconde Guerre mondiale, l'Angleterre occupe l'île d'Heligoland, territoire allemand situé en mer Baltique. Le Reich nazi ayant bâti des installations militaires, l'armée anglaise procède à la destruction des bâtiments lors de l'opération « Big Bang ». Elle provoque une formidable explosion, la plus puissante détonation non nucléaire jamais réalisée jusque dans les années 1980.
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Il y a presque 80 ans, le Royaume-Uni faisait littéralement exploser une île en mer du Nordmer du Nord, lors d'une opération militaire méconnue. Dans un article publié sur le site de National Geographic US, le journaliste britannique Tom Metcalfe revient sur l'opération « Big BangBig Bang », durant laquelle l'armée anglaise faisait détonner des milliers de tonnes de munitions sur l'île d'Heligoland, au large de l'Allemagne. La déflagration était alors l'une des plus importantes explosions conventionnelles (cf. non nucléaire) jusqu'en 1985.
Connaissez-vous le projet X-Ray ? À cette même époque, un extravagant personnage propose un plan fou à l'armée américaine : créer une armée de chauves-souris kamikazes capables de mettre le feu aux villages japonais. Revivez l'histoire de l'une des opérations militaires les plus insolites (et spectaculairement ratées) jamais connues. © Futura
La plus grande explosion non nucléaire
Avec l'opération « Big Bang », l'ambition britannique était claire : détruire les installations militaires de l'île. L'armée allemande y installe des bases durant la Seconde Guerre mondiale, afin d'asseoir sa domination en mer du Nord. Des voix s'élèvent au Royaume-Uni et en Allemagne pour s'opposer au plan. Bon nombre de scientifiques craignent que la puissance de l'explosion n'altère que trop lourdement la géologiegéologie d'Heligoland. Le risque serait alors une oblitération complète de l'île.
Mais malgré les oppositions, le gouvernement anglais décide toutefois de procéder à l'opération. Près de 7 000 tonnes de munitions sont disposées sur l'île. Pour l'historienhistorien Jan Rüger, de l'université de Birbeck, le but des Anglais n'était pas de détruire l'île mais de réduire à néant les installations de la marine allemande. L'opération prenait aussi une dimension symbolique : la guerre était perdue pour l'Allemagne, et sa puissance militaire se voyait anéantie. Le 18 avril 1947, les autorités font exploser le dépôt de munitions. La puissance de la détention est équivalente à 3,7 kilotonnes, un peu moins de cinq fois celle de la bombe nucléaire Fat Man, larguée sur Nagasaki en août 1945. À l'échelle équivalente, une bombe de 3 kilotonnes larguée sur l'île de la Cité, à Paris, détruirait tout sur un kilomètre de rayon, de l'Hôtel de Ville au Quartier latin. Heureusement, l'île d'Heligoland ne disparaît pas suite à l'opération ¡ Big Bang ». La quasi-majorité des bâtiments, dont les habitations, sont détruits par le souffle de l'explosion, entendue sur les côtes allemandes par les habitants de l'île, évacués en amont de l'opération. Seule subsistait une tour antiaérienne, ultime vestige des affrontements de la Seconde Guerre mondiale.
Un bastion allemand en mer du Nord
Les premières traces de l'occupation d'Heligoland par l'Homme remontent au Moyen Âge, qui exploite ses mineraisminerais. Mais elle représente un véritable point stratégique pour la Kriegsmarine du IIIe Reich à partir des années 1930. La marine allemande construit à Heligoland un port destiné à accueillir les sous-marinssous-marins, ou U-boot. L'intérêt de l'Allemagne nazie est alors de continuer un refuge pour les bâtiments prenant part à la bataille de l'Atlantique, qui opposait les forces de l'Axe et les Alliés entre 1939 et 1945. La Royal Air Force anglaise avait notamment bombardé le port d'Heligoland en 1945, infligeant des dégâts matériels considérables.
En 1952, le Royaume-Uni restituait Heligoland à l'Allemagne. Plus de 1 000 personnes occupent désormais l'île quotidiennement, qui bénéficie d'une économie basée sur la pêchepêche et sur le tourisme. L'opération « Big Bang », si elle n'a pas détruit l'île, en a profondément changé sa géologie et sa topographie, la marquant durablement des stigmatesstigmates de la guerre.