La traversée du Système solaire par un incontestable visiteur interstellaire, 'Oumuamua, a ouvert la perspective d'étudier lors de leur passage de prochains visiteurs similaires pour avoir des renseignements de première main sur la matière et la cosmogonie des exoplanètes sans devoir s'y rendre. Il se trouve que le télescope James-Webb devrait être particulièrement bavard sur la composition chimique et physique des prochains objets interstellaires et en particulier si ce sont des comètes comme 2I/Borisov.


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    Des premiers disques de débris planétaires découverts en 1983 par l'Infrared Astronomical Satellite (IRAS) autour des quatre étoiles VegaVega, Beta Pictoris, Fomalhaut et Epsilon Eridani aux disques protoplanétaires étudiés avec Alma en passant par les observations de Spitzer et Hubble, l'astronomie infrarouge et millimétrique a puissamment aidé à confirmer que le phénomène de formation planétaire était très fréquent dans la Voie lactée et selon des modalités qui, dans les grandes lignes, étaient celles développées dans les modèles de la cosmogonie du Système solaireSystème solaire.

    Il nous reste cependant beaucoup à apprendre notamment parce que les planétologues ne comprennent pas parfaitement les processus chimiques exacts impliqués dans la formation des planètes. Ils veulent savoir aussi s'il y avait quelque chose de particulier dans la façon dont nos propres planètes se sont formées autour de notre SoleilSoleil. Bien sûr, nous avons déjà des indications avec les instruments développés par la noosphère, mais nous aimerions en savoir plus, malgré le fait que nous ne sommes très loin de pouvoir envoyer une sonde dans un système planétaire proche, comme celui de Proxima Centauri, pour acquérir plus d'informations.

    Toutefois, la détection des objets clairement d'origine interstellaire 1I/'Oumuamua, en 2017, et 2I/Borisov, en 2018, a clairement changé la donne, surtout depuis l'arrivée au point de Lagrange L2point de Lagrange L2 Terre-Soleil du télescopetélescope James-Webb.

    Les caractéristiques orbitalesorbitales de 'OumuamuaOumuamua et Borisov en font clairement des astresastres qui ont été éjectés de leur système planétaire d'origine dans la Voie lactée et ils sont sûrement la pointe émergée d'une population d'objets interstellairesobjets interstellaires traversant souvent le Système solaire et qui sont, d'une certaine manière, des mémoires de la formation d'exoplanètesexoplanètes ailleurs dans la GalaxieGalaxie. Mémoires qui pourraient être aussi bavardes pour les exobiologistes étudiant la possible apparition de la vie ailleurs que dans le Système solaire avec, par exemple, Mars et Europe.

     
     

    Dans ce petit film, nous vous racontons l’histoire de la comète interstellaire 2I/Borisov. Une histoire qui débute, pour nous Terriens, fin août 2019 quand nous l’avons croisée du regard pour la première fois, mais qui a commencé il y a des dizaines ou des centaines de millions d’années, voire plus… car nous ne connaissons pas encore l'âge de cet objet venu d’ailleurs. © Futura

    Du rayonnement infrarouge pour lire une mémoire interstellaire

    Or, voilà ce que Martin Cordiner vient de déclarer dans un communiqué de la NasaNasa, chercheur principal d'un programme Webb Target of OpportunityOpportunity : « La sensibilité et la puissance de Webb nous offrent maintenant une opportunité sans précédent d'étudier la composition chimique de ces objets interstellaires et d'en savoir beaucoup plus sur leur nature : d'où ils viennent, comment ils ont été fabriqués et ce qu'ils peuvent nous dire sur les conditions présentes dans leurs systèmes d'origine. »

    Clairement pour cet astrophysicienastrophysicien du Goddard Space Flight CenterGoddard Space Flight Center de la Nasa à Greenbelt, Maryland : « La capacité d'étudier l'un d'entre eux et de découvrir sa composition - de voir de près le matériel d'un autre système planétaire - est vraiment une chose incroyable », et lui et son équipe se préparent à étudier dans l'infrarouge avec Webb dans un avenir proche plusieurs objets interstellaires en croisière selon une orbiteorbite hyperbolique dans le Système solaire, et qu'ils ne visiteront qu'une seule fois.

    2I/Borisov ressemblait beaucoup à une comètecomète, mais 1I/'Oumuamua pas du tout. Cela laisse penser que nous allons faire des découvertes fascinantes sur la diversité des systèmes planétaires. Martin Cordiner et ses collègues veulent en avoir le cœur net et pour cela ils utiliseront deux instruments du James-Webb travaillant respectivement dans la bande de l'infrarouge proche et moyen, à savoir NIRSpecNIRSpec et MIRIMIRI.

    Selon le communiqué de la Nasa, NIRSpec servira à analyser la composition chimique des gazgaz que pourraient émettre ces objets interstellaires proches du Soleil, étant en mesure de mettre en évidence la signature spectrale de moléculesmolécules spécifiques telles que l'eau, le méthanol, le formaldéhydeformaldéhyde, le dioxyde de carbonedioxyde de carbone, le monoxyde de carbonemonoxyde de carbone et le méthane. MIRI (Mid InfraRed Instrument), de son côté, donnera plutôt des renseignements sur les processus thermiques associés aux particules solidessolides, telles que les grains de poussière et même des cailloux.