L'annonce des paramètres orbitaux de la comète Ison, découverte il y a quelques jours, a mis en émoi la communauté astronomique. Son passage à proximité du Soleil en fin d'année 2013 pourrait la classer parmi les plus grandes comètes jamais observées. Pour le moment, les scientifiques restent prudents.

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    L'histoire de la comète Ison a commencé classiquement le 24 septembre dernier. Deux astronomesastronomes, Vitali Nevski et Artyom Novichonok, annoncent la découverte d'une nouvelle comète baptisée C/2012 S1 retrouvée sur un cliché pris automatiquement le 21 septembre à proximité de Kislovodsk (Russie) par un télescope de 40 cm de diamètre du réseau Ison (International Scientific Optical Network). Il s'agit à ce moment-là d'un objet céleste très discret de magnitude 19, situé dans la constellation du Cancer et plus éloigné que ne l'est Jupiter.

    Comme d'habitude dans pareil cas, différents télescopes sont sollicités pour photographier la lointaine voyageuse de façon à mieux connaître ses paramètres orbitaux. Et c'est là que l'affaire prend une nouvelle tournure. Tout d'abord parce que l'orbite quasi parabolique de la comète Ison laisse penser qu'elle vient de s'échapper pour la première fois du nuage de Oortnuage de Oort, cet immense réservoir d'objets glacés situé à environ 0,5 année-lumièreannée-lumière. Une comète toute neuve, qui n'a jamais vu se volatiliser ses composants à l'approche d'un astreastre chaud, et qui pourrait alors dégazer copieusement à proximité du Soleil.

    Deuxième bonne nouvelle, cette approche, fixée au mois de novembre 2013, aurait lieu à moins de 2 millions de km de notre étoileétoile, ce qui multiplierait alors le volumevolume de matièrematière arrachée au noyau de la comète par chauffage.

    Troisième information d'importance fournie par le spécialiste des comètes John Bortle, l'orbite de C/2012 S1 ressemble étrangement à celle de la Grande Comète de 1680, un membre célèbre du groupe de Kreutz qui fut visible à proximité du SoleilSoleil avec une magnitude de -18 !

    Hale-Bopp est la dernière belle comète que les observateurs de l'hémisphère nord ont pu admirer. C'était au printemps 1997. © Jean-Baptiste Feldmann

    Hale-Bopp est la dernière belle comète que les observateurs de l'hémisphère nord ont pu admirer. C'était au printemps 1997. © Jean-Baptiste Feldmann

    Comète Ison : surveillance... et prudence

    Avec de telles promesses, la comète Ison s'est retrouvée rapidement propulsée en tête des discussions scientifiques sur la Toile, créant le buzz bien malgré elle. De nombreux sites InternetInternet parlent déjà d'un astre dont l'éclat fin 2013 pourrait rivaliser avec celui de la Pleine Lune, déployant alors une queue de gazgaz et de poussière sur la moitié de la voûte céleste. Un spectacle qui occulterait complètement les deux dernières belles comètes, Hale-Bopp pour l'hémisphère nordhémisphère nord en 1997 et Lovejoy pour l'hémisphère sudhémisphère sud en 2011.

    De leurs côtés, les astronomes professionnels font preuve d'une grande prudence. Ils rappellent que les nouvelles comètes, très volatiles, sont parfois soufflées par le vent solaire avant de s'approcher de nous, comme l'a été la comète Elenin en octobre 2011. Pour eux il est urgent d'attendre, quelques mois, et d'observer la courbe de lumière que l'on va établir à partir des observations télescopiques menées régulièrement.

    Si tout se passe pour le mieux, la comète Ison pourrait devenir observable aux jumelles pendant l'été prochain puis à l'œilœil nu pendant l'automneautomne avec un maximum fin novembre. Idéalement placés, les observateurs de l'hémisphère nord connaîtront peut-être alors le bonheur d'admirer une Grande Comète, pendant que certains s'empresseront d'y voir une nouvelle fois l'annonce de la fin du monde, qui n'est désormais plus d'actualité pour le 21 décembre 2012...