Il y a trois mois, la comète Lovejoy réussissait avec succès un incroyable survol du Soleil en rase-motte. Des chercheurs allemands ont peut-être une explication toute simple à cette étonnante résistance. Selon eux la puissance du dégazage de l'astre chevelu aurait pu suffire à maintenir sa cohésion.

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    Fin décembre 2011 la comète Lovejoy a offert un superbe spectacle aux observateurs de l'hémisphère sud. © J. Hao

    Fin décembre 2011 la comète Lovejoy a offert un superbe spectacle aux observateurs de l'hémisphère sud. © J. Hao

    Alors qu'on fête actuellement le quinzième anniversaire du passage de la grande comète Hale-Bopp, chacun a en tête les images plus récentes de Lovejoy. Découverte le 2 décembre 2011 par l'astronomeastronome australien Terry Lovejoy, la comète C/2011 W3 a déployé une superbe queue pendant les derniers jours de l'année, un spectacle qu'on pouvait admirer depuis l'hémisphère sudhémisphère sud. Filmée depuis la coupole de la Station spatiale internationale ou au pied du Very Large Telescope dans les Andes chiliennes, la comète Lovejoy a rappelé un spectacle qu'on n'avait pas revu depuis le passage de la comète Mc Naught il y a quatre ans.

    Si les astronomes aiment photographier ces belles voyageuses que sont les comètes, ils n'en oublient pas pour autant de les étudier sous toutes leurs coutures pour en savoir un peu plus. Le passage de Lovejoy a été marqué par un étonnant survol solaire dont peu de scientifiques imaginaient que la comète se sortirait. C'est pourtant ce qui s'est passé contre toute attente, et l'explication est peut-être assez simple.

    Le 15 décembre 2011, la comète Lovejoy parvenait à sortir de la fournaise solaire. © Nasa/SDO

    Le 15 décembre 2011, la comète Lovejoy parvenait à sortir de la fournaise solaire. © Nasa/SDO

    Lovejoy protégée par sa transpiration

    Dès sa découverte début décembre, les éléments orbitaux de la comète C/2011 W3 ont permis d'établir qu'il s'agissait d'un membre du groupe de Kreutz, un ensemble de fragments dont les orbites similaires laissent penser qu'ils proviennent d'une comète géante qui se serait brisée au XIIe siècle. Circulant à proximité du Soleil, ces fragments s'en approchent parfois si près qu'ils finissent vaporisés. Un sort qui attendait normalement la comète Lovejoy dans la nuit du 14 au 15 décembre 2011, date à laquelle elle devait frôler notre étoile à seulement 140.000 kilomètres de sa surface. Chacun pouvait alors suivre son plongeon vers le Soleil grâce aux images fournies par le coronographecoronographe du satellite SohoSoho.

    À la surprise générale, la comète est réapparue quelques heures plus tard, ne tardant pas à redonner naissance à une queue de poussières qui n'a cessé de s'allonger dans les jours qui ont suivi. Une seule question était alors sur toutes les lèvres : comment un corps composécorps composé de glace et de poussière peut-il résister à la traversée de la couronne solaire dont la température dépasse le million de degrés Celsiusdegrés Celsius et échapper aux effets de maréemarée de l'attraction solaire ?

    Selon une équipe de chercheurs allemands du Max Planck Institute, la réponse à cette question est sans doute à rechercher dans la nature même des comètes. Lorsqu'un noyau cométaire s'approche du SoleilSoleil, la glace qui le compose se sublime, passant directement de l'état solideétat solide à l'état gazeuxétat gazeux. Ces jets de gaz qui s'échappent de toute part (et vont ensuite former la célèbre queue des comètesqueue des comètes) pourraient être suffisants pour maintenir par réaction la cohésion du noyau et lui éviter de se désagréger. Les scientifiques allemands ont ainsi calculé que le noyau de la comète Lovejoy devait mesurer entre 0,2 et 11 kilomètres de diamètre. Plus petit, il se serait intégralement volatilisé ; plus grand, le dégazagedégazage n'aurait pas suffi à empêcher sa dislocation.