Après avoir tenu en haleine les astronomes lors de son survol du Soleil en rase-motte à la fin de la semaine dernière, la comète C/2011 W3 poursuit sa route sous la surveillance des télescopes terrestres.

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    Découverte le 2 décembre dernier par un astronomeastronome amateur, Terry Lovejoy, la comète C/2011 W3 fait partie du groupe de Kreutz qui regroupe de petits astres chevelus (restes de la dislocation d'une comète géante au XIIe siècle) qui s'aventurent régulièrement à proximité du Soleil.

    La plus célèbre comète de cette famille est Ikeya-Seki, un corps glacé d'environ 5 kilomètres de diamètre, qui atteignit en 1965 la magnitude record de -10 après avoir survolé notre étoile à 450.000 kilomètres de distance. Avec 200 mètres de diamètre, la comète Lovejoycomète Lovejoy est beaucoup plus modeste (même si la grande majorité des membres du groupe de Kreutz ont une taille de l'ordre de 10 mètres) et peu d'astronomes l'imaginaient survivre à son passage à seulement 140.000 kilomètres de notre étoile la nuit du 15 au 16 décembre dernier. C'est pourtant ce qui s'est passé, les images transmises le 16 décembre au matin par le coronographecoronographe Lasco de la sonde solaire SohoSoho révélant la réapparition du noyau de la comète avec une queue déconnectée encore visible en amont sur son orbiteorbite.

    Le vendredi matin 16 décembre, le noyau de la comète Lovejoy ressort du cache occulteur du coronographe Lasco. Le vent solaire a sectionné la queue qui reste encore visible le long de l'orbite de la comète. Une nouvelle queue se formera quelques heures plus tard. © Nasa/Soho

    Le vendredi matin 16 décembre, le noyau de la comète Lovejoy ressort du cache occulteur du coronographe Lasco. Le vent solaire a sectionné la queue qui reste encore visible le long de l'orbite de la comète. Une nouvelle queue se formera quelques heures plus tard. © Nasa/Soho

    Mobilisation des observatoires solaires

    Si Soho (pour Solar and Heliospheric Observatory), le doyen des observatoires solaires (sa mise en service remonte à 1995), a été le premier a fournir des images de la comète s'approchant du Soleil, se sont les instruments embarqués à bord des sondes SDO (Solar Dynamics ObservatorySolar Dynamics Observatory) et Stereo qui nous ont permis de suivre le flirt brûlant entre C/2011 W3 et notre étoile.

    Pour les astronomes l'examen de passage réussi par la comète tendrait à prouver que la taille réelle de son noyau a été sous-estimée. Autre sujet d'interrogation, les mouvementsmouvements brutaux qui ont agité la queue de la comètequeue de la comète lors de sa traversée de l'atmosphèreatmosphère solaire. Pour Karl Battams, l'un des chercheurs du Laboratoire de recherche de la marine (Washington), la queue semble animée d'un mouvement hélicoïdal dont sont peut-être responsables les boucles magnétiques coronales qui surmontent les taches solaires à des altitudes pouvant largement dépasser les 100.000 kilomètres. En recombinant ensemble les données obtenues par les sondes jumelles Stereo, les astronomes espèrent obtenir une image tridimentionnelle leur permettant de mieux comprendre comment la comète a réagi à la chaleurchaleur et au champ magnétiquechamp magnétique solaires.

    Cette série de 3 images montre la sortie de la comète C/2011 W3 après son passage derrière le Soleil et les brutales modifications d'aspect de sa queue. © Nasa/SDO

    Cette série de 3 images montre la sortie de la comète C/2011 W3 après son passage derrière le Soleil et les brutales modifications d'aspect de sa queue. © Nasa/SDO

    Les télescopes terrestres prennent le relais

    La comète Lovejoy s'écarte désormais peu à peu du Soleil. Il est donc théoriquement devenu possible de l'observer depuis le sol, d'autant plus que sa magnitude est comprise entre -2 et 0. En pratique il s'agit d'observations très délicates car il faut viser juste à côté de notre étoile, un exercice qu'on laissera aux astronomes dont les instruments sont équipés d'un dispositif de pointage automatique. La première image de la comète réalisée après son survolsurvol réussi du Soleil a été obtenue le 17 décembre par un groupe d'astronomes tchèques qui utilisaient à distance un télescope de 30 centimètres de diamètre automatisé installé en Argentine (voir ci-dessous). Les observateurs de l'hémisphère sudhémisphère sud, les mieux placés, devraient en principe pouvoir suivre la comète pendant quelques semaines.

    Quant aux scientifiques, ils s'interrogent. Comme le montre l'étude statistique des découvertes cométaires réalisées par Soho, le nombre d'astres chevelus détectés à proximité du Soleil ne cesse d'augmenter. Faut-il s'attendre à l'arrivée prochaine d'une comète rasante bien plus grosse, une nouvelle Ikeya-Seki ? Ce serait un magnifique cadeau du ciel pour tous les amoureux des comètes...