La sonde New Horizons, en route vers Pluton, n’en est plus qu’à environ cent millions de kilomètres. Son télescope vient de transmettre les images d’une rotation complète, montrant une surprenante variation de contraste et une région très claire au niveau de l’un des pôles. De la glace d’azote sans doute.

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    La sonde de la Nasa, partie en janvier 2006, approche de PlutonPluton à raison de 1,2 million de kilomètres par jour. Début avril, elle a cessé sa rotation sur elle-même, qui lui permettait de transmettre ses données vers la Terre à plus grande vitesse (grâce à la meilleure précision du pointage de son antenne) et a repris ses observations. On a alors vu la première image en couleurs de Pluton, prise par l'instrument RalphRalph/MVIC, un spectromètre-imageur dans le visible et le proche infrarouge.

    Voici maintenant le travail du télescope Lorri (Long Range Reconnaissance Imager), de 20,8 cm de diamètre. Les images sont encore très pixellisées et la résolutionrésolution reste inférieure à celle du télescopetélescope HubbleHubble. Celle-ci ne sera dépassée qu'à la mi-mai, lorsque New Horizons sera entrée dans la zone « BTH », comme dit le JPLJPL, pour better than Hubble, c'est-à-dire « meilleur que Hubble ». Entre le 12 et 18 avril, l'instrument pointé vers Pluton a pris une succession d'images durant un peu plus de 6 jours, soit une rotation complète de cette planète naineplanète naine (6,387 jours). Charon est bien visible et l'animation non centrée sur Pluton (ci-dessus) montre bien que les deux corps tournent autour d'un point (le barycentrebarycentre) situé loin au-dessus de Pluton (à environ 1.200 km de sa surface).

    Une capture de l’animation centrée sur Pluton, montrant son axe de rotation (<em>Rotation Axis</em>). Pour voir l'animation, cliquez <a href="http://pluto.jhuapl.edu/News-Center/news/pictures/OpNav3_plutcen_noano.gif" title="Animation centrée sur Pluton" target="_blank">ici</a>. Le zoom montre bien les très fortes variations de contraste de la surface et le petit point blanc, à droite, au niveau d'un pôle. Le terme <em>deconvolved</em> indique que les images ont été savamment traitées (par « déconvolution »). Sur son blog du site de la <em>Planetary Society</em>, <a href="http://www.planetary.org/blogs/emily-lakdawalla/2015/04291753-new-horizons-sees-surface.html" title="New Horizons sees surface features on Pluto, begins raw image release" target="_blank">Emily Lakdawalla</a> explique que cette méthode a été mise au point pour compenser le défaut optique du télescope spatial Hubble avant sa réparation en orbite. © Nasa, JHUAPL (<em>John Hopkins University Applied Physics Laboratory</em>), <em>Southwest Research Institute</em>

    Une capture de l’animation centrée sur Pluton, montrant son axe de rotation (Rotation Axis). Pour voir l'animation, cliquez ici. Le zoom montre bien les très fortes variations de contraste de la surface et le petit point blanc, à droite, au niveau d'un pôle. Le terme deconvolved indique que les images ont été savamment traitées (par « déconvolution »). Sur son blog du site de la Planetary Society, Emily Lakdawalla explique que cette méthode a été mise au point pour compenser le défaut optique du télescope spatial Hubble avant sa réparation en orbite. © Nasa, JHUAPL (John Hopkins University Applied Physics Laboratory), Southwest Research Institute

    Pluton, une planète à la surface très contrastée

    Ces images montrent surtout une grande variété de luminositéluminosité, avec une région très brillante sur l'un des pôles. Il n'est pas précisé si l'on doit dire « nord » ou « sud » pour cette planète dont l'axe est très incliné et même proche du plan de l'écliptiqueplan de l'écliptique, comme UranusUranus. Selon les responsables de la mission, cette blancheur est probablement due à une calotte de glace, vraisemblablement d'azoteazote, le constituant majeure de la fine atmosphère plutonienne. Avec une température d'environ 40 kelvinskelvins, soit seulement 40° au-dessus du zéro absoluzéro absolu, ou à peu près - 230 °C, ce gazgaz se condense et forme de la neige ou de la glace, comme sur TritonTriton, satellite de NeptuneNeptune. Les rayons du SoleilSoleil peuvent la sublimer, c'est-à-dire la transformer en gaz. L'atmosphèreatmosphère et les glaces au sol sont en équilibre.

    Cette situation est connue depuis bien longtemps et cette observation n'est donc pas une surprise. Mais elles étonnent tout de même les responsables de la mission par les forts contrastescontrastes qu'elles mettent en évidence. Pour l'instant, explique le communiqué de la Nasa, on ne sait pas si ces variations de luminosité sont d'abord dues à la composition du sol (roches ici, glaces ailleurs) ou à la topographie (vallées, canyons, montagnes...). Ces images montrent aussi que le télescope Lorri fonctionne parfaitement, ce qui promet de beaux spectacles dans les prochaines semaines, jusqu'au survolsurvol rapproché qui aura lieu le 14 juillet. D'ici là, chacun pourra suivre cette progression car, bonne nouvelle, ses images brutes sont désormais mises en ligne sur le site la mission New Horizons du JPL.