Sous les yeux de deux satellites, Envisat et Aqua, la calotte polaire a subi cet été un régime minceur d'une vigueur exceptionnelle. La faute au réchauffement climatique mais aussi à une météo particulièrement agitée.

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    Le 23 août 2006, le même instrument, au même endroit, montre une calotte bien plus réduite et, surtout, entre le Sptizberg et la Sibérie, une zone fortement craquelée. La silhouette de la Grande-Bretagne donne l'échelle.

    Le 23 août 2006, le même instrument, au même endroit, montre une calotte bien plus réduite et, surtout, entre le Sptizberg et la Sibérie, une zone fortement craquelée. La silhouette de la Grande-Bretagne donne l'échelle.

    Au milieu d'une calotte polairecalotte polaire amincie et fracturée, un navire aurait sans doute pu, cet été, forcer le passage jusqu'au pôle nord depuis le Spitzberg ou la Sibérie : c'est ce qu'affirme Mark Drinkwater, de l'unité Océans et Glace de l'ESA (European Space Agency, Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne).

    Du 23 au 25 août, entre 5 et 10 % de la glace permanente, celle qui ne fond pas l'été, a en effet été fortement fracturée par de violentes tempêtes. Cette estimation vient des résultats concordants de deux satellites, Envisat, de l'ESA, et AquaAqua, de la NasaNasa. Avec des méthodes différentes, tous deux sont capables d'estimer l'état de la glace grâce à leurs instruments travaillant dans la gamme des micro-ondes.

    Photographie du nord du Spitzberg prise le 29 août 2006 par l'instrument Meris du satellite Envisat. La calotte polaire est à son minimum d'extension et la glace semble craquelée. Crédit : ESA

    Photographie du nord du Spitzberg prise le 29 août 2006 par l'instrument Meris du satellite Envisat. La calotte polaire est à son minimum d'extension et la glace semble craquelée. Crédit : ESA

    Sur l'énorme satellite européen (plus de huit tonnes), le radar à synthèse d'ouverturesynthèse d'ouverture (Asar, Advanced Synhtetic Aperture Radar) émet une succession de puissants flashsflashs pour construire une image (ce que faisaient déjà les SAR, Synthetic Aperture Radar, des prédécesseurs d'Envisat, ERS 1 et 2). Sur le satellite américain Aqua (du programme EOSEOS, Earth Observing System), l'instrument AMSR-E (Advanced Microwave Scanning Radiometer for EOS), mis au point au Japon, analyse les micro-ondes naturellement émises par le sol et l'atmosphère. Il permet d'étudier les précipitations, l'humidité de l'air et les couches de neige et de glace.

    Image réalisée le 24 août 2005 à l'aide de l'instrument AMSR-E embarqué sur le satellite Envisat, à la verticale du pôle nord. L'archipel Svalbard (le Spitzberg) est en bas. La couleur bleue marque la mer libre et le rose la glace. Entre les deux, les couleurs orange, jaune, et verte indiquent des concentrations de glace dans l'eau de, respectivement, 70%, 50% et 30%.Crédit : Polar View, Leif Toudal Pedersen

    Image réalisée le 24 août 2005 à l'aide de l'instrument AMSR-E embarqué sur le satellite Envisat, à la verticale du pôle nord. L'archipel Svalbard (le Spitzberg) est en bas. La couleur bleue marque la mer libre et le rose la glace. Entre les deux, les couleurs orange, jaune, et verte indiquent des concentrations de glace dans l'eau de, respectivement, 70%, 50% et 30%.Crédit : Polar View, Leif Toudal Pedersen

    Un quart de siècle de régression

    Cette réduction de la taille de la calotte polaire arctiquearctique durant le minimum glaciaire estival n'est certes pas un scoop : voilà 25 ans que les satellites mesurent ce phénomène, qui a réduit la surface glacée de 8 millions de kilomètres-carré au début des années 1980 à 5,5 millions en 2005. Mais c'est la première fois que la glace permanente est si fragile qu'elle se fracture, sous l'effet de la houlehoule et du ventvent, jusqu'au pôle nord géographiquepôle nord géographique. « Si cette évolution continue au même rythme, poursuit Mark Drinkwater, il n'est pas inconcevable que, d'ici 10 à 20 ans, les navires puissent traverser tout l'Océan Arctique durant l'été. »