La mise au rebut de la flotte des navettes américaines, s'ajoutant à l’augmentation du nombre d'occupants de la Station spatiale internationale, pourrait considérablement favoriser l’envol du tourisme spatial. Voici comment...

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    SpaceShipTwo en phase de rentrée atmosphérique (vue d’artiste). Crédit Virgin Galactic

    SpaceShipTwo en phase de rentrée atmosphérique (vue d’artiste). Crédit Virgin Galactic

    Le samedi 7 juin dernier, Anatoli Perminov, directeur de l'Agence fédérale spatiale russe RoskosmosRoskosmos, annonçait sur la chaîne de télévision nationale Rossia que son pays serait contraint d'interrompre les vols touristiques à destination de l'ISS (la Station spatiale internationale) si son équipage permanent devait être porté à six membres comme cela est prévu à partir de 2009.

    En effet, ces équipages - de trois personnes actuellement - doivent être remplacés au moins tous les six mois (le projet initial prévoyait des séjours de trois mois seulement). Or seuls les Etats-Unis (avec les navettes) et les Russes (avec les vaisseaux SoyouzSoyouz) sont actuellement en mesure de le faire. Avec le retrait de la navette spatiale programmé en 2012 au plus tard, seuls les Soyouz resteront disponibles pour ces aller et retour.

    Vaisseau Soyouz amarré à l’ISS. Crédit Nasa
    Vaisseau Soyouz amarré à l’ISS. Crédit Nasa

    Même si on considère la capacité de la navette de transporter sept membres d'équipage, il faut encore prendre en compte les visites ponctuelles (de deux semaines environ) de scientifiques ainsi que des spécialistes charge utile, notamment dans le cadre de l'assemblage de la station, dont l'achèvement devrait coïncider avec le dernier vol de la navette. Le nombre de missions, ainsi que le nombre de sièges à bord n'étant pas extensible, il n'y aura plus de places libres à bord des navettes comme des vaisseaux Soyouz susceptibles d'être proposées à des passagers payants.

    Sur le plan scientifique, cela n'entraîne pas de conséquence fâcheuse (bien que certains touristes se soient montrés très efficaces dans l'espace, où ils ont conduit d'intéressantes expériences scientifiques). Mais les Russes appréciaient réellement cet apport financier, le billet pour l'espace étant tout de même monnayé aujourd'hui plus de 30 millions de dollars...

    Lanceur et vaisseau Soyouz en route vers l’aire de lancement. Crédit Space Adventures
    Lanceur et vaisseau Soyouz en route vers l’aire de lancement. Crédit Space Adventures

    On attend les touristes

    Quelques jours plus tard, Space Adventures, compagnie américaine basée en Californie et détenant l'exclusivité mondiale des vols touristiques en orbite, annonçait la signature d'un accord avec la FSA (Federal Space Agency) de Russie pour lancer dès 2011 la première mission habitée entièrement privée à destination de l'ISS.

    « Au cours de la décennie écoulée, le programme des vols orbitaux de Space Adventure représentait l'unique moyen d'accès à l'espace pour des particuliers, et était le seul à offrir la possibilité d'effectuer des recherches privées en état de non-pesanteur et de contempler la Terre depuis la seule station spatiale existant actuellement, rappelait Eric Anderson, président de l'entreprise, lors d'une conférence de presse à New York. Nous avons ainsi pu concrétiser les rêves de cinq personnes et à présent je suis heureux d'annoncer que notre programme de vols orbitaux augmentera avec beaucoup plus de possibilités au cours de la décennie suivante ».

    Il est donc clair que les Russes ne sont pas disposés à abandonner leur poule aux œufs d'or... et que le tourisme spatialtourisme spatial est appelé à se développer. D'autre part, l'utilisation de vaisseaux Soyouz exclusivement dévolus aux vols commerciaux pourra aboutir à la mise au point d'engins spatiaux mieux adaptés et simplifiés, donc plus économiques. Et d'évoquer l'utilisation de la place ainsi gagnée pour installer un quatrième siège...

    Ensemble avion porteur WhiteKnightTwo et SpaceShipTwo en vol (vue d’artiste). Crédit Virgin Galactic
    Ensemble avion porteur WhiteKnightTwo et SpaceShipTwo en vol (vue d’artiste). Crédit Virgin Galactic

    Deux cent mille réservations chez Virgin Galactic

    En attendant la démocratisation de ce nouveau moyen de transport, Virgin Galactic poursuit la constructionconstruction de sa première flotte d'engins spatiaux privés. Et c'est bien d'une flotte qu'il s'agit, puisque cinq navettes suborbitales (SpaceShipTwo) et deux avions porteurs (WhiteKnightTwo) sont en voie d'achèvement aux Etats-Unis, le premier exemplaire devant être officiellement présenté en juillet 2008.

    Cet avion porteur sera une version agrandie du WhiteKnightOne et le véhicule spatial une amélioration du SpaceShipOne, qui a atteint la frontière de l'espace à deux reprises, comportant six sièges au lieu de trois.

    Vaisseau suborbital SpaceShipTwo en cours d’assemblage. Crédit Virgin Galactic
    Vaisseau suborbital SpaceShipTwo en cours d’assemblage. Crédit Virgin Galactic
    L'avion porteur WhiteKnightTwo en cours d’assemblage. A gauche, contre le flanc du hangar, on remarque l’aile de l'appareil. Crédit Virgin Galactic.
    L'avion porteur WhiteKnightTwo en cours d’assemblage. A gauche, contre le flanc du hangar, on remarque l’aile de l'appareil. Crédit Virgin Galactic.

    Virgin GalacticVirgin Galactic compte réaliser un vol hebdomadaire la première année d'exploitation, avant d'agrandir son parc à 40 ou 45 appareils en visant au moins trois lancements par jour d'ici une douzaine d'années. A ce jour, 85.000 personnes ont réservé un vol à bord de l'appareil, et 250 candidats venant de 33 pays, dont 9 Russes, se sont acquittés du montant total du billet (200.000 dollars). Soit une avance de cinquante millions de dollars...