Et si Richard Branson perdait son pari de transporter en toute sécurité des touristes à la frontière de l’espace ? Cette éventualité, qui faisait sourire il y a dix ans lorsqu’il remportait l’Ansari X Prize en atteignant 100 kilomètres d’altitude avec le SpaceShipOne, est pourtant devenue une réalité aujourd’hui.

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    Empêtré dans la mise au point du moteur du SpaceShipTwo, l'avion spatialavion spatial de Virgin Galactic qui doit transporter six passagers à une centaine de kilomètres d'altitude, Richard Bronson a été contraint d'admettre que l'engin pourrait ne pas atteindre l'altitude voulue. Une information que nous vous révélions dès le mois de juin 2013. Au mieux, le SpaceShipTwo pourrait voler à quelque 80 kilomètres d'altitude. C'est néanmoins un beau promontoire, d'où il sera possible de voir la rotondité de la Terre et le noir de l'espace. Seul hic : la période d'apesanteurapesanteur sera beaucoup plus courte.

    En cause, le moteur du SpaceShipTwo qui, s'il devait fonctionner pendant la durée requise, créerait des vibrations si fortes que la structure de l'appareil pourrait ne pas résister. Pour atténuer ces vibrations, les ingénieurs de Sierra Nevada, le constructeur du moteur, et ceux de Virgin GalacticVirgin Galactic envisageraient d'ajouter des réservoirs d'hélium afin de les amortir. Cependant, ce surplus de masse ajouté à la structure de l'appareil obligerait à réduire le nombre de passagers à quatre au lieu de six.

    Le SpaceShipTwo lors d'un de ses vols d'essai. Les ingénieurs sont aux prises avec les vibrations trop importantes du moteur. © Virgin Galactic

    Le SpaceShipTwo lors d'un de ses vols d'essai. Les ingénieurs sont aux prises avec les vibrations trop importantes du moteur. © Virgin Galactic

    À cela s'ajoute la découverte de fissures sur une des ailes du WhiteKnightTwo (le long des longeronslongerons), l'avion porteur du SpaceShipTwo. Scaled Composites, qui construit l'avion, a beau jeu de les minimiser, mais dans le domaine aéronautique, les fissures sont un sujet de préoccupation, car elles sont considérées comme des points de rupture. Il est d'autant plus préoccupant que personne ne soit en mesure d'expliquer l'origine de leur formation.

    Mauvaise nouvelle pour le tourisme spatial

    Ces problèmes illustrent bien la difficulté d'extrapoler à des véhicules de grande taille, ce qu'on sait faire à petite échelle. Dix ans après avoir remporté l'Ansari X Prize en atteignant les 100 kilomètres d'altitude avec le SpaceShipOne, Richard Branson est cloué au sol. Année après année, son pari de faire voyager des humains à la frontière de l'espacefrontière de l'espace s'apparente à un yo-yo. Alors qu'il croit toucher au but, des problèmes surgissent qui rallongent d'autant les délais.

    Virgin Galactic, qui prévoyait un premier vol habité avant la fin de l'année 2014, devrait revoir ses plans. C'est une très mauvaise nouvelle pour les 500 à 700 heureux possesseurs d'un billet, dont une vingtaine de Français, qui devront prendre leur mal en patience. Finalement, avant même le tourisme suborbital, dans le créneau du vol « grand public » à haute altitude, on n'est pas près de dépasser cette belle réalisation franco-britannique qu'a été le Concorde, qui pouvait voler à Mach 2,2 à 20 kilomètres d'altitude...