Dans le centre de la France, les archéologues sont perplexes après avoir retrouvé plusieurs fosses abritant des dépouilles de chevaux. Selon la datation et l’orientation des squelettes, il se pourrait que les animaux aient été sacrifiés par les populations locales à l’époque de la conquête de la Gaule.


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    À Villedieu-sur-Indre, à quelques kilomètres au nord-ouest de Châteauroux, des travaux archéologiques ont permis d'exhumer un site particulièrement fascinant. Neuf fosses profondes de plusieurs mètres abritaient les squelettes de 28 chevaux, disposés en une étrange mise en scène. L'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) publiait un communiqué le 24 mai pour étayer l'avancée des recherches. Selon les résultats obtenus au cours des dernières semaines, la sépulturesépulture date de l'Antiquité, à l'heure de la conquête de la Gaule par les légions romaines. Les hypothèses fusent pour tenter d'expliquer l'utilité de ce site, qui pourrait avoir servi à des sacrifices rituels.

    Neuf fosses contenant 28 dépouilles de chevaux

    Durant les fouilles, les archéologues ont retrouvé des artefacts datant du Moyen-Âge, avant de rapidement tomber sur les fosses. Les datations au carbone 14datations au carbone 14 offrent une idée approximative de l'époque à laquelle les chevaux ont été enterrés, entre -100 avant J.-C. et 100 de notre ère. À la fin du mois de mai, seules deux fosses avaient été intégralement inspectées, abritant suffisamment d'éléments pour que les archéologues tentent de comprendre le déroulement des faits, il y a presque 2 000 ans.

    Dans la première fosse, les chercheurs ont excavé dix chevaux de petite taille, mesurant 1,20 mètre au garrot. Déposés sur le flanc droit et la tête orientée vers le sud, leur inhumation se serait déroulée très rapidement après leurs morts. La seconde fosse est la tombe de seulement deux chevaux, mais positionnés de façon similaire aux dix premiers. Dans les autres cavités, les archéologues ont retrouvé d'autres chevaux mais aussi des chienschiens, placés sur le flanc gauche avec la gueule orientée vers l’ouest.

    Les fouilles se déroulent sur 1,3 hectare, les archéologues ayant actuellement excavé deux fosses sur neuf. © François Goulin, Inrap
    Les fouilles se déroulent sur 1,3 hectare, les archéologues ayant actuellement excavé deux fosses sur neuf. © François Goulin, Inrap

    Un sacrifice dans le cadre d’un rituel complexe ?

    Comme le précise l'Inrap, ce n'est pas la première fois que les scientifiques font de telles découvertes. Dans la plaine de Gergovie, les dépouilles de plus de cinquante chevaux ont été recouvrées au fil des recherches. Les spécialistes envisagent trois hypothèses : une épidémieépidémie, des batailles ou des sacrifices rituels. La théorie de l'épidémie est rapidement démontée lorsqu'il est constaté que les fosses n'abritent aucune jument ni de poulain, écartant la possibilité d'un virus circulant dans un cheptel. L'idée d'une perte massive liée à des batailles est encore considérée. Le Ier siècle avant J.-C. est aussi celui de la guerre des Gaules, campagne militaire menée par Jules César, faisant main basse sur l'actuel secteur géographique qu'est la France.

    Mais la position des squelettes et la rapiditérapidité de l'enterrement laissent supposer qu'une pratique rituelle aurait pu être exécutée. Éventuellement précédée d'un sacrifice, la mise en terre aurait coûté un lourd tribut aux populations locales, l'Inrap évoquant un sacrifice volontaire de compagnons guerriers d'un roi local, appelés soldures. Les pistes sont ténues et les incertitudes nombreuses. L'Institut appelle cependant à « reconsidérer les pratiques religieuses ou funéraires de la fin de l'âge du Fer et du début de l'époque romaine ».