La Nasa fait son grand retour dans le domaine des vols spatiaux. Depuis 2011, en parallèle à l'aide qu'elle apporte au secteur privé pour la mise au point de systèmes de transport de fret et d'équipage à destination de la Station spatiale, elle développe un projet de capsule habitée, baptisée Orion. Le véhicule spatial est construit par Lockheed Martin et son module de service sera fourni par l'Agence spatiale européenne. Aujourd'hui doit avoir lieu son premier vol d'essai dans l'espace.
Plus de trois ans après le retrait des navettes, la Nasa fait son retour dans le domaine des vols habités avec de nouvelles destinations en point de mire. En laissant au privé et à ses partenaires institutionnels la tâche de transporter fret et équipages à bord de la Station spatiale internationale, depuis 2010 elle consacre ses efforts à la mise au point d'une capsule capable de voyager plus loin que la Lune.
La décision américaine de revenir aux capsules habitables qui ont fait le succès du programme Apollo et les beaux jours du lanceur russe Soyouz se justifie. En effet, compte tenu de la technologie disponible, la capsule est plus adaptée aux voyages interplanétaires alors que la navette était un formidable engin pour apprendre à vivre et travailler dans l'espace. Navette sans laquelle la construction et la maintenance de la SSI n'auraient pas été possibles.
Orion est conçue pour transporter un équipage de quatre astronautes pendant 21 jours. Actuellement, les plans de la Nasa prévoient un vol de test habité circumlunaire qui pourrait être réalisé en 2017 avec le SLS (Space Launch System pour Système de lancement spatial), un lanceur dédié qui effectuera alors son premier décollage. Puis, à l'horizon 2025, la visite d'un astéroïde proche de la Terre est prévue, considérée comme étape intermédiaire pour envisager le voyage martien. Parmi les autres projets, l'installation d'une base (permanente ou non) au point de Lagrange L2 pour y étudier les effets d'un séjour long loin de la Terre ainsi que les risques liés à la perte osseuse et à l'exposition aux rayonnements.
Premier vol d'essai spatial
Après des années de développement et d'essais au sol ou dans les airs, la Nasa s'apprête à réaliser un premier vol (inhabité) dans l'espace. Si rien ne vient perturber le lancement, il va se faire avec la version lourde de Delta IV. Le décollage est prévu jeudi 4 décembre à l'intérieur d'une fenêtre de tir qui s'ouvre à 12 h 05 et se ferme à 14 h 44 (heure TU).
Ce premier vol d'essai, baptisé Exploration flight test 1 (EFT-1) a d'abord pour but de tester le bouclier thermique, le plus grand jamais construit pour une capsule (cinq mètres de diamètre) puis de valider les systèmes de la capsule comme l'avionique, le contrôle d'attitude et les parachutes. Quant au module de service qui, rappelons-le, sera pour les vols habités fourni par l'Agence spatiale européenne (construit par Airbus Defence and Space), il est en l'occurrence remplacé par une maquette à l'échelle. Cela permettra à la Nasa de vérifier la qualité de ses outils de modélisation et éventuellement de les corriger.
Bien que la plupart des systèmes et procédures, dont celle de la séparation entre la tour de sauvetage et le module de service, aient été testés au sol, l'environnement spatial ne peut être parfaitement reproduit sur Terre. D'où le très grand intérêt de ce vol d'essai qui fournira des données essentielles aux ingénieurs en vue d'améliorer la conception d'Orion et de réduire les risques pour les astronautes.
L'apogée du vol, à 5.800 km d'altitude, sera atteint 3 heures et 5 minutes après le décollage. C'est le point le plus haut au-dessus de la Terre atteint par un engin spatial depuis plus de 40 ans. Le retour sur Terre avec la rentrée dans l'atmosphère se fera 4 heures et 13 minutes après le décollage. Compte tenu de la vitesse d'Orion, qui filera à quelque 32.000 km/h, on s'attend à ce que son bouclier thermique soit exposé à des températures avoisinant les 2.200 °C.
Enfin, si le système à huit parachutes fonctionne bien (deux parachutes stabilisateurs, trois parachutes pilotes pour extraire les trois parachutes principaux), la capsule devrait atterrir à la vitesse de 27 km/h au large des côtes californiennes, à environ 1.000 kilomètres de Baja, précisément 4 heures 23 minutes et 29 secondes après son décollage.