Tous les animaux reçoivent des messages de leur environnement mais, pour autant, ressentent-ils la douleur comme les humains ? Une question simple qui demande des études complexes.
Marchez (sans faire exprès) sur la queue de votre chat, il va pousser un miaulement effrayant, sauter en l'air et se lécher longuement. Pas de doute, il ressent bien la douleur ! Mais c'est plus difficile à juger pour un poisson, un lombric ou un poulpe. Pour savoir si tous les animaux souffrent alors qu'ils ne parlent pas, il faut d'abord définir exactement la douleur.
Les animaux souffrent-ils de manière double ?
La douleur est un stimulus bien plus compliqué qu'il n'y parait. On peut la diviser en deux composantes : d'abord, une sensation enregistrée par des capteurs (sur la peau, les viscères), appelée nociception, qui déclenchent des réactions réflexes du système nerveux central (retirer rapidement un membre attaqué) puis il y a un message cognitif, la douleur proprement dite au sens des scientifiques, c'est-à-dire le traitement par le cerveau qui permet de ressentir la sensation désagréable, son intensité et de modifier les comportements.
Ces deux composantes sont conduites par des fibres nerveuses différentes : la nociception par des fibres rapides à myéline vers le cortex et le thalamus, la douleur par des fibres sans myélines plus lentes vers l'encéphale. C'est pour cela que l'on sent d'abord son orteil qui se cogne (nociception) avant l'arrivée du sentiment en lui-même (douleur).
Examen de conscience
Les arcs réflexes de la nociception se retrouvent chez tous les vertébrés (poisson, mammifères...) et chez certains invertébrés (les mollusques, les nématodes, les céphalopodes, crustacés). En revanche, les insectes en sont dépourvus (un criquet continue à manger pendant qu'il se fait dévorer par exemple). On peut donc dire que les insectes ne ressentent pas la douleur.
Chez les animaux capables de nociception, reste à savoir s'ils ont aussi la conscience de souffrir comme les vertébrés à sang chaud (mammifères, oiseaux). Pour tenter de répondre à cette difficile question, les chercheurs combinent des données anatomiques, physiologiques et comportementales et les comparent aux données humaines.
Une douleur diversement répartie
Chez les amphibiens, les réflexes de nociceptions ne semblent pas impliquer d'émotion consciente et donc de douleur à proprement parler.
Les poissons osseux (téléostéens), contrairement aux requins, possèdent les mêmes fibres nerveuses que les mammifères. Une truite fuit un stimulus nociceptif. Les poissons osseux étudiés semblent donc bel et bien ressentir la douleur.
Les céphalopodes (pieuvres, calmars...) sont des cas à part parmi les invertébrés : un stimulus nociceptif entraîne un retrait immédiat suivi d'un comportement de protection. La situation est mémorisée durant plusieurs jours et évaluée en fonction des conditions environnementales... Les céphalopodes sont bien des êtres sensibles.
En fait, les études manquent encore, notamment sur les reptiles, pour évaluer la douleur dans l'ensemble du règne animal.
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