Moderna élabore une formule de son vaccin dirigé contre Omicron. Au lieu de contenir l'ARNm de la protéine S du SARS-CoV-2 historique, il contient celle du variant Omicron. Une petite étude prépubliée teste ses effets sur l'immunité en modèle animal. Selon les premiers résultats, le rappel Omicron n'est pas plus efficace que son prédécesseur. 


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    PfizerPfizer et Moderna travaillent actuellement sur une version « OmicronOmicron » de leur vaccin à ARNmARNm respectif. L'idée est de renforcer l'immunité par l'injection d'un vaccin élaboré en fonction du variant du SARS-CoV-2 majoritaire. Des essais cliniques sont en cours pour vérifier la pertinence de cette approche. En attendant ces résultats, une étude prépubliée sur BioRxiv, offre un premier aperçu de l'effet d'un rappel spécifique à Omicron sur l'immunité de primatesprimates non humains.

    Un macaque rhésus, une espèce de singe souvent utilisée en science. © J.-M. Garg, Creative Commons 
    Un macaque rhésus, une espèce de singe souvent utilisée en science. © J.-M. Garg, Creative Commons 

    Un rappel Omicron aussi efficace que la formule classique

    Les chercheurs du National Institute of Health ont vacciné huit macaques rhésusmacaques rhésus selon le protocoleprotocole appliqué aux humains : deux doses de Moderna, espacées de quatre semaines. Neuf mois plus tard, quatre singes ont reçu une troisième dose de Moderna et quatre autres une dose spéciale Omicron. Les deux rappels ont réactivé les anticorps spécifiques du SARS-CoV-2 qui étaient devenus quasiment indétectables, neuf mois après la primo-vaccinationvaccination. Mais le rappel Omicron n'a pas conféré une immunité ni une protection contre Omicron plus importante que la formule vaccinale historique. En revanche, 70 à 80 % des lymphocyteslymphocytes B sont cross-réactifsréactifs, c'est-à-dire spécifique à la fois du SARS-CoV-2 historique et d'Omicron. Encore une fois, le rappel Omicron n'a pas stimulé la prolifération de lymphocytes B spécifique à ce variant

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    Ces résultats sont en accord avec ce qu'on appelle le péché originel antigénique. Le système immunitairesystème immunitaire possède une mémoire de toutes les infections passées. Quand il rencontre le même pathogènepathogène ou une variante proche, il réactive cette mémoire pour se protéger. C'est grâce à ce mécanisme que des personnes infectées par un coronaviruscoronavirus du rhume (OC43) possèdent aussi des anticorps spécifiques de la protéineprotéine S préexistants. Bien que différents, OC43 et le SARS-CoV-2 appartiennent à la même famille de virusvirus et sont assez proches pour stimuler le même lot de lymphocytes B mémoire. Inversement, l'infection par le SARS-CoV-2 semble réactiver des anticorps spécifiques à OC43. C'est aussi ce que les scientifiques ont observé chez les singes. La réponse immunitaire induite par le rappel spécial Omicron est fondée sur la mémoire immunitaire construite au fil des infections par d'autres coronavirus.

    « Par conséquent, un boost Omicron peut ne pas fournir une plus grande immunité ou protection par rapport à un rappel avec le vaccin ARNm-1273 actuel », écrivent les chercheurs dans leur publication. Le rappel Omicron est aussi efficace qu'un rappel Moderna classique, qui porteporte alors la protection contre les hospitalisations à 90 %, selon des chiffres récents du CDC. Les résultats observés ici, pas encore soumis à la relecture par les pairs et obtenus sur une poignée de singes, ne sont pas assez robustes pour les extrapoler à l'être humain.

    Si les résultats des essais cliniques en cours abondent dans le même sens, alors concevoir un vaccin spécifique à Omicron ne sera peut-être pas utile pour le moment. En revanche, les chercheurs pensent que si Omicron s'installe comme étant le variant majoritaire sur le long terme, il sera peut-être intéressant de vacciner la population immunologiquement naïve avec une formule spécifique au variant. Mais cette stratégie doit être encore affinée : « Surtout, il faudrait établir qu'un changement dans la conception du vaccin Covid-19Covid-19 pour correspondre à la variante dominante actuelle ne compromettrait pas les réponses contre les variantes qui peuvent être antigéniquement éloignées d'Omicron », conclut-il.