Les anti-vaccins aux États-Unis utilisent une prépublication pour affirmer que les vaccins anti-Covid ne sont efficaces qu'à 20 % contre Omicron. Il s'agit là d'une interprétation fausse de l'article. Que dit-il réellement ? 


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    Une étude en prépublication menée à l'université de Trente, en Italie, agite les sphères anti-vaccins aux États-Unis. L'article est utilisé comme une source pour décrédibiliser les vaccins anti-Covid en disant que la dose de rappel n'est efficace qu'à 20 %. C'est une interprétation tronquée et réduite du travail des chercheurs italiens. Que faut-il en retenir alors ?

    Passer la littérature scientifique au peigne fin

    L'objectif de l'étude est de se pencher sur la diminution progressive de l'immunité vaccinale face à plusieurs variants du coronavirus, dont Omicron (B.1.1.529). Pour cela, les chercheurs n'ont pas recruté des volontaires et ne les ont pas suivis pendant plusieurs mois en testant leur taux d'anticorps vaccinaux à intervalles réguliers ; ils ont réalisé une synthèse bibliographique des études fournissant des preuves de la baisse d'efficacité des vaccins au cours du temps et réanalyser l'ensemble des résultats obtenus. La sélection des études se fait par des critères stricts. Sur les plus de 500 études présélectionnées, seules 12 ont été finalement incluses dans l'analyse finale - toutes étant des études de cas-contrôle, rétrospective ou prospective qui ont estimé l'efficacité d'un vaccin anti-Covid en comparaison avec un groupe témoin. Les vaccins considérés sont ceux de PfizerPfizer, Moderna et AstraZenecaAstraZeneca, et l'efficacité contre les formes symptomatiques et asymptomatiques causées par les variants Alpha, DeltaDelta et Omicron.

    Pour chacune des 12 études, les scientifiques italiens ont extrait les données suivantes : l'efficacité de deux doses contre les cas confirmés de variant Delta ; l'efficacité de deux doses contre les formes symptomatiques de la Covid-19Covid-19 due au variant Delta et Omicron et l'efficacité de deux doses initiales plus une dose de rappel contre les formes symptomatiques et asymptomatiques dues à Omicron. Voilà pour le cadre des recherches, mais qu'en est-il des résultats ?

    L'immunité vaccinale diminue vite face au variant Omicron. © Justin Tallis, AFP
    L'immunité vaccinale diminue vite face au variant Omicron. © Justin Tallis, AFP

    Une efficacité de 20 % des vaccins contre Omicron ?

    Ce travail de synthèse conclut que l'efficacité cumulée contre le variant Delta du vaccin de Pfizer et de Moderna, 14 jours après la deuxième injection, est de 92,4 % et de 94,7 % respectivement. Pour le vaccin d'AstraZeneca, les efficacités calculées par les différentes études sont plus hétérogènes, une étude québécoise a trouvé une efficacité comparable à celle de Pfizer et Moderna, tandis que deux autres, une plus faible autour de 80 %. À trois mois post-vaccinationvaccination, l'efficacité d'AstraZeneca est de 74 % contre 85,6 % et 86,5 % pour Pfizer et Moderna respectivement. À neuf mois post-vaccination, les trois formules présentent la même efficacité, environ 70,8 %. La même tendance est observée pour le variant Omicronvariant Omicron, mais pour trois doses de Pfizer : 82,4 % après 14 jours, 31,5 % après 6 mois et 19 % après 9 mois.

    L'efficacité des vaccins, 14 jours après la deuxième dose, contre les formes symptomatiques de la Covid-19 causées par le variant Delta est de 93,6 %, 96,2 % et 76,2 % pour les vaccins Pfizer, Moderna et AstraZeneca respectivement. Elle tombe à 64,4 %, 74,1 % et 40,2 % au bout de six mois pour les vaccins Pfizer, Moderna et AstraZeneca. Pour Omicron, six mois après l'administration de la deuxième dose de vaccin, l'efficacité contre les formes symptomatiques de la maladie est de 8,3 %, 7,5 % et 12 % avec les formules de Pfizer, AstraZeneca et Moderna respectivement.

    Voir aussi

    Omicron : 3 jours de symptômes en moins pour les vaccinés avec une dose de rappel

    Rester prudent face aux prépublications

    À l'issue de cette analyse, les auteurs notent dans le résumé de leur article : « Un déclin rapide de l'efficacité du boosterbooster contre Omicron est observé, avec moins de 20 % d'efficacité contre 25 % d'efficacité contre les formes symptomatiques de la maladie à neuf mois après l'injection du booster ».

    Voilà d'où vient l'efficacité de 20 % avancée par les anti-vaccins américains. Ils présentent ce chiffre comme l'efficacité globale du vaccin contre Omicron alors qu'il s'agit de celle calculée après neuf mois. La disparition progressive de l'immunité vaccinale face au coronavirus est un phénomène observé par les scientifiques depuis le début de la pandémiepandémie, mais il est particulièrement marqué par les variants de la lignée d'Omicron. Bon nombre des études prépubliées ne paraissent pas dans des journaux scientifiques à comité de lecture ou subissent de nombreuses modifications. Cela pousse à rester prudent face aux résultats présentés ici.