Aux États-Unis, une thérapie génique a été testée sur huit enfants souffrant d'un déficit immunitaire grave de naissance. Le traitement a permis de restaurer une immunité chez ces jeunes patients qui ne pouvaient pas bénéficier d’une greffe de moelle osseuse.


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    Le déficit immunitairedéficit immunitaire combiné sévère lié à l'X, ou X-SCID, est une maladie génétique rare et grave dans laquelle les cellules immunitaires censées lutter contre les infections ne se développent pas ou ne fonctionnent pas correctement. De ce fait, le patient développe des infections respiratoires sévères. D'après le site du Généthon, cette maladie concerne une naissance sur 200.000.

    Le saviez-vous ?

    Le déficit immunitaire combiné sévère lié à l’X est dû à une mutation présente sur le chromosome X, dans le gène IL2R, qui code pour la chaîne gamma commune. Cette protéine est présente dans des récepteurs d’interleukines, c’est-à-dire des facteurs de croissance du système immunitaire. Les garçons sont plus touchés que les filles étant donné qu’ils ne possèdent qu’un chromosome X.

    La maladie qui se manifeste dès les premiers mois de vie est souvent fatale dans les deux premières années. Une possibilité de traitement consiste à effectuer une greffe de moelle osseuse d'un donneur compatible, comme un frère ou une sœur. Mais, beaucoup de malades n'ont pas de donneur compatible dans leur entourage. Pour eux, la thérapie génique peut donc représenter un espoir.

    Ce nouveau traitement expérimental a été développé par des scientifiques du NIH (National Institutes of Health). Pour restaurer le système immunitaire des jeunes patients, les scientifiques ont mis au point une thérapie génique avec une copie normale du gènegène IL2R. Les huit enfants de l'essai cliniqueessai clinique, âgés entre 2 et 14 mois, n'avaient pas de frère ou de sœur compatible pour une greffe de cellules souchescellules souches

    Tout d'abord, les chercheurs ont récupéré des cellules souches sanguines dans la moelle osseuse des patients. Puis, ils ont utilisé un lentiviruslentivirus inoffensif comme vecteur pour apporter aux cellules la bonne version du gène IL2R. Les lentivirus sont des virusvirus à ARNARN dont le plus célèbre est le VIHVIH. Ensuite, les cellules ont été redonnées aux patients qui ont aussi reçu une petite dose de chimiothérapiechimiothérapie (busulfan) pour aider les cellules souches modifiées à s'implanterimplanter et à produire des cellules sanguines. Les enfants ont été suivis pendant une duréedurée médiane de 16 mois.

    Les globules blancs, dont font partie les lymphocytes, sont des cellules sanguines indispensables pour lutter contre les infections. © Axel Kock, Fotolia
    Les globules blancs, dont font partie les lymphocytes, sont des cellules sanguines indispensables pour lutter contre les infections. © Axel Kock, Fotolia

    La thérapie génique corrige le système immunitaire

    Au bout de trois à quatre mois, sept des huit enfants avaient des niveaux normaux de lymphocyteslymphocytes T, B et de cellules NK (natural killer). Chez le huitième enfant, les niveaux de lymphocytes T étaient bas au départ, mais leur nombre a beaucoup augmenté après une seconde injection de cellules souches modifiées.

    Les infections virales et bactériennes que les enfants avaient avant la thérapie se sont dissipées. Les enfants semblaient avoir une croissance normale. Certains patients ont eu des effets secondaires, avec un niveau de plaquettesplaquettes bas, mais globalement la technique semblait sûre. Ces résultats paraissent dans la revue New England Journal of Medicine.

    D'après le communiqué du NIH, ce traitement serait plus sûr et plus efficace que les autres thérapies géniques déjà testées contre cette maladie, qui utilisaient d'autres vecteurs et d'autres chimiothérapies. En particulier, ces anciennes thérapies n'avaient pas permis de restaurer toutes les cellules immunitaires comme les lymphocytes B, les cellules qui produisent les anticorpsanticorps. Ici, quatre enfants ont même pu arrêter les perfusionsperfusions d'anticorps en intraveineuse ; trois d'entre eux ont bien répondu à des vaccinationsvaccinations. Enfin, dans d'autres thérapies géniques, il pouvait y avoir un risque de leucémieleucémie à cause du vecteur employé, ce qui ne semble pas être le cas avec le lentivirus.

    La thérapie génique pourrait être une option de traitement efficace pour les nourrissons atteints de cette maladie extrêmement grave

    Pour Anthony S. Fauci, directeur de l'Institut national des allergiesallergies et des maladies infectieuses (Niaid) du NIH, « ces nouveaux résultats passionnants suggèrent que la thérapie génique pourrait être une option de traitement efficace pour les nourrissons atteints de cette maladie extrêmement grave, en particulier ceux qui ne disposent pas d'un donneur optimal pour la greffe de cellules souches. Cette avancée leur offre l'espoir de développer un système immunitaire entièrement fonctionnel et la chance de mener une vie saine et bien remplie. »