Une récente étude randomisée qui a duré cinq ans suggère que l'intensité de l'activité physique a peu d'importance concernant le risque de mortalité mais que pour la qualité de vie, mieux vaut s'activer.


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    Faire de l'activité physique est l'une des mesures de santé publique les plus importantes afin de conserver une bonne santé. On ne compte plus ses multiples bénéfices. Elle contribue entre autres à l'amélioration de la composition corporelle et la réduction des maladies chroniques, à l'adoption d'autres habitudes saines dans le mode de vie et influence l'expression de certains gènes. Toutes ces interactions mènent au consensus que la pratique d'une activité physiquephysique est le pilier d'une bonne santé quel que soit l'âge et qu'elle réduit le risque de décès. Un récent essai randomisé vient d'être publié dans le British Medical Journal. Ce dernier, conduit durant cinq ans par des chercheurs norvégiens et australiens sur des personnes âgées, avait pour objectif de répondre à cette question : Au-delà de la fréquence de la pratique sportive, son intensité joue-t-elle un rôle dans l'allongement de l'espérance de vie ?

    Comment l'étude s'est-elle déroulée ?

    En 2012, les scientifiques lancent un appel aux personnes âgées de 70 à 77 ans dans la vieille ville norvégienne de Trondheim, fondée par le roi vikingviking Olaf Tryggvason en 997. Pour prétendre être intégré dans l'étude, il fallait ne pas souffrir : 

    • d'hypertensionhypertension non contrôlée (pression artériellepression artérielle systolique non traitée > 220 mm Hg ou pression artérielle diastolique > 110 mm Hg) ;
    • de maladie valvulaire symptomatique ;
    • de cardiomyopathie hypertrophique ;
    • d'angine de poitrine instable ;
    • d'hypertension pulmonaire primaire ;
    • d'insuffisance cardiaque ; 
    • d'arythmiearythmie sévère ;
    • de démencedémence diagnostiquée ;
    • de cancercancer

    Plus de 6.966 personnes se sont alors portées volontaires. Halte au tri sélectiftri sélectif ! Tout le monde n'a pas été retenu, bien évidemment, à l'instar d'un recrutement pour des postes fixes dans la recherche française. Précisément, 285 individus ne répondaient pas aux critères et 5.114 ont finalement décidé de ne pas participer. Et oui, ici, ce sont les demandeurs qui ont le pouvoir. Ce sont donc 1.567 personnes qui ont intégré l'étude. Elles ont été réparties aléatoirement en trois groupes : 

    • le groupe HIIT (pour High Intesity Interval TrainingInterval Training ou entraînement à intervalles de haute intensité) a été assigné à réaliser deux sessions de 10 minutes d'activité par semaine ; 
    • le groupe MICT (pour Moderate Intesity Continuous Training ou entraînement continu à intensité modérée) a été assigné à réaliser deux sessions de 50 minutes par semaine ; 
    • le groupe contrôle suivait les directives nationales de santé publique concernant l'activité physique (c'est-à-dire, 30 minutes d'activité par jour).

    Les sujets de l'étude étaient suivis toutes les six semaines et les données majeures ainsi que l'adhérence à l'exercice ont été récoltées à un, trois et cinq ans. Les investigateurs voulaient savoir, en premier lieu, l'effet de ces différents types de programmes sportifs sur la mortalité. C'était leur objectif principal. Aussi, ils ont décidé, en seconde intention, de récolter et mesurer l'évolution des aptitudes cardiorespiratoires ainsi que la qualité de vie autodéclarée. Ils considéraient ces deux facteurs comme des indicateurs importants concernant la prédiction de la longévité. 

    Les aptitudes cardiorespiratoires et la qualité de vie s'améliorent lorsque l'on fait du HIIT. © shutter2U, Fotolia
    Les aptitudes cardiorespiratoires et la qualité de vie s'améliorent lorsque l'on fait du HIIT. © shutter2U, Fotolia

    Pour la longévité, inutile de chercher l'intensité

    Au final, la comparaison entre les trois groupes à la fin de l'étude révèle que l'effet sur la mortalité entre les groupes n'est pas significatif. Cela suggère que l'intensité n'est pas un facteur déterminant concernant la longévité. En revanche, les aptitudes respiratoires étaient considérablement meilleures et les différences étaient statistiquement significatives chez les groupes HIIT et MICT comparé au groupe contrôle pour ce paramètre. De même, les personnes du groupe HIIT ont déclaré une meilleure qualité de vie à la fin de l'étude. 

    Cependant, l'étude comporte des faiblesses majeures qu'elle ne cache pas. En premier lieu, les participants du groupe contrôle avaient une fréquence d'activité physique plus élevée tout au long de l'étude et se sont souvent attelés à leur tâche en réalisant des exercices de type HIIT. Il est possible que cela est rendu certaines différences non significatives alors qu'elles auraient pu l'être entre les groupes. Par ailleurs, plus de la moitié des personnes du groupe HIIT n'étaient pas capables de suivre de façon stricte et rigoureuse les prescriptions du programme. Aussi, l'expérience comporte un biais de sélection assumé, étant donné que les participants recrutés étaient tous en bien meilleure santé que ceux qui ont été exclus du protocoleprotocole. En guise de conclusion, les auteurs suggèrent que les futures lignes directrices sur l'activité physique, du moins pour les personnes âgées, soient plus spécifiques en exigeant qu'au moins une partie de l'activité physique soit pratiquée à haute intensité.