Après les fruits et légumes, c'est l'activité physique qui nous dévoile son fabuleux potentiel épigénétique dans la lutte contre l'expression des gênes prédisposant à l'obésité.


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    Notre environnement a un effet sur l'expression de nos gènes. On appelle cela l'épigénétique. Certains comportements favorisent ou inhibent l'expression de divers gènes. L'alimentation constitue une énorme voie d'action sur nos gènes, de même que l'activité physiquephysique. Une équipe de chercheurs taïwanais vient de mettre en évidence une atténuation de l'expression des gènes associés à l'obésité grâce à la pratique régulière et soutenue d'une activité physique.

    L'effet du sport au cœur de nos gènes

    Les médecins suggèrent toujours - ou presque - aux personnes atteintes d'une maladie métabolique chronique de faire plus de sport. D'autant plus si on est en surpoids ou atteint d'obésité. Si ce conseil est souvent prodigué dans l'optique d'augmenter les dépenses énergétiques et la consommation calorique d'une personne, on sait désormais que les effets bénéfiques sont bien plus nombreux : préventionprévention de nombreuses maladies, adjuvant aux traitements de certaines d'entre elles également pour réduire les symptômes et améliorer la qualité de vie, lutte contre la dépression, augmentation de la dépense énergétique globale de l'organisme à court et long terme, amélioration du bien-être psychologique, etc. On pourrait presque se risquer à énoncer qu'avoir une relation saine avec le sport fait office d'élixirélixir de jouvence. 

    Cette équipe de scientifiques taïwanais a donc réalisé l'étude avec une méthodologie similaire à celle qui avait conclu à une action épigénétique forte des fruits et des légumes sur les gènes associés à l'obésité : ils ont créé un score génétiquegénétique prenant en compte l'activité physique (intensité et fréquence), l'indice de masse corporelleindice de masse corporelle (IMC), le tour de taille et le tour de hanche. De la même manière qu'avec l'étude sur les fruits et légumes, les expérimentateurs ont constaté que l'activité physique inhibait considérablement l'expression des gènes associés à l'obésité et qu'elle était encore plus efficace pour cela chez les individus prédisposés. 

    Choisir les escaliers serait une bonne méthode pour prendre le chemin d'une activité physique régulière. © Pixabay, Pexels 
    Choisir les escaliers serait une bonne méthode pour prendre le chemin d'une activité physique régulière. © Pixabay, Pexels 

    Comment induire ces comportements ? 

    Il y a une question très importante qui avait été occultée dans l'article précédent (voir ci-dessous). S'il est facile de conseiller aux gens de manger plus de végétaux et de faire plus de sport, il est moins évident d'induire réellement ces comportements. C'est notamment le rôle des sciences comportementales (neurosciences, neuropsychologie, psychologie comportementale, sciences cognitivessciences cognitives et méta-cognitives, etc.) de se poser ce type de question.

    Récemment, une étude suggérait d'agir sur les comportements directs (taille d'assiettes ou pragmatisme de l'offre alimentaire) pour encourager les gens à bien manger. Ces études se concentrent sur les « nudges » qui veut dire littéralement « le coup de coude ». Ce sont des petites choses qui poussent les individus d'une population à adopter un comportement donné. Si ces derniers sont déjà énormément utilisés en économie et marketing, leur utilisation dans le domaine de la santé publique commence à être effective. L'ouverture massive de salles de sport et l'accessibilité économique de ces dernières semblent également contribuer à une augmentation de l'activité physique générale. 


    Obésité : la génétique contrée par la consommation de fruits et légumes

    Article de Julien Hernandez, publié le 17 juillet 2019

    Manger beaucoup de fruits et légumes pourrait permettre aux personnes génétiquement prédisposées à devenir obèse à ne pas le devenir. 

    Génétique, alimentation, activité physique inexistante, stressstress psychologique, polluants, environnement, conditions socio-économiques et culturelles, offres alimentaires... Il serait possible de continuer la liste encore. Une infinité de causes peuvent déterminer l'obésité qui est une maladie complexe. Si on ne peut pas faire grand-chose sur le versant génétique, on possède le pouvoir d'agir sur notre alimentation et, de ce fait, d'engendrer des actions épigénétiques utiles. 

    Le saviez-vous ?

    Les troubles du comportement alimentaire sont très présents chez les obèses (surtout chez les femmes). Selon une étude tunisienne, 60 %  de la population obèse tunisienne souffre d'hyperphagie et de compulsions alimentaires, 72 % d'accès boulimique et 70 % développent un Binge Eating Syndrome (hyperphagie incontrôlable associée à des compulsions féroces). 

    Si le sport peut protéger de l'obésité, il peut aussi induire des troubles du comportement alimentaire s'il est pratiqué à l'excès ou sans plaisir. En effet, selon le type de sport, la prévalence des troubles du comportement alimentaire oscille entre 2 et 42 % chez les athlètes.

    L'alimentation, le meilleur remède 

    Dans cette étude parue dans The American Journal Of clinicat Nutrition, une équipe internationale de chercheurs a voulu connaître l'impact d'une consommation renforcée en fruits et légumes sur les personnes génétiquement prédisposées à devenir obèses. 

    Les scientifiques ont créé un score de risque génétique à l'aide des gènes cibles et de 77 indices de masse corporelle (IMC) associés. Le score pouvait alors varier de 0 à 154, chaque point représentant un allèleallèle à risque. Plus le score était élevé, plus le risque de développer une obésité était grand.

     La forte consommation de fruits et légumes a plus d'effets chez les personnes prédisposées à prendre du poids. © rawpixel.com, Pexels
     La forte consommation de fruits et légumes a plus d'effets chez les personnes prédisposées à prendre du poids. © rawpixel.com, Pexels

    Ensuite, les investigateurs ont observé l'évolution de ce score selon la consommation de fruits et légumes chez une cohortecohorte américaine de plus de 13.000 personnes tous les 5 ans, pendant 20 ans. Il se trouve que les personnes qui avaient le plus haut niveau de risque étaient les personnes pour lesquelles une forte consommation de fruits et légumes avait le plus d'effet sur la prise de poids et l'IMC.

    Toutes choses égales par ailleurs, les bénéfices observés étaient plus importants concernant la consommation de baies, d'agrumes et de légumes à feuilles vertes. La réduction du risque génétique était indépendante de la teneur en fibres ou de la charge glycémique des végétaux. Que vous soyez obèse ou en surpoids, la consommation de fruits et légumes doit être le pilier de votre alimentation. Cette étude ne fait qu'enfoncer un peu plus le clou pour marteler que la consommation de ces derniers ne peut être que bénéfique -- voire salvatrice -- pour la santé.