Lorsqu'on parle de microbes à propos des fruits et légumes, c’est d’habitude pour s’inquiéter d’une contamination pathogène. Or, les millions de bactéries qui pullulent dans la chair et la peau des fruits jouent un rôle essentiel en venant enrichir notre flore intestinale. Mais certaines pommes sont meilleures à croquer que d'autres.


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    La pomme est de loin le fruit préféré des Français : un fruit sur cinq achetés en France est une pomme et chaque ménage en achète près de 16 kilogrammeskilogrammes par an, selon Interfel. Cela tombe bien, car la pomme est associée à de nombreux bénéfices pour la santé. Riche en fibres, en pectinepectine, en vitamines et antioxydants, elle contribue à faire baisser le taux de cholestérol, régule le transittransit, lutte contre le diabète, réduit le risque d’obésité et empêche la perte musculaire. Mais la pomme renferme d'autres bienfaits cachés : les millions de microbesmicrobes qui se cachent dans sa pulpe, ses pépins ou sa peau. Une nouvelle étude parue le 24 juillet dans Frontiers in Microbiology a ainsi calculé qu'une pomme de 240 grammes contient en moyenne 100 millions de bactéries.

    Des bactéries qui enrichissent la flore intestinale

    Mais contrairement aux traces de pesticidespesticides, ces microbes sont largement bénéfiques pour la santé. « Les bactéries, virus et champignonschampignons des fruits colonisent notre intestin de façon transitoire et enrichissent le microbiotemicrobiote humain », explique Gabriela Berg, biologiste à l'université de Technologie de Graz en Autriche et coauteure de l'étude. Or, une flore intestinale diversifiée est gage d'une bonne régulation des fonctions digestives, métaboliques, immunitaires et neurologiques ; elle réduit les risques d'infection et d'inflammationinflammation.

    Les pommes bio contiennent plus de « bonnes » bactéries

    Les chercheurs ont comparé des pommes issues de l'agricultureagriculture conventionnelle et des pommes bio, et analysé pour chacune la concentration et la composition de leur microbiomemicrobiome dans les différentes parties du fruit. Première constatation : la grande majorité des bactéries (70 millions) est concentrée dans la queue, les pépins et le calicecalice (le reste de la fleur qui forme la petite « queue » en dessous de la pomme). Ces microbes ne sont donc en principe pas prêts de coloniser notre intestin. La pulpe compte 20 millions de bactéries et la peau à peine 1,6 million.

    La composition bactérienne des pommes biologiques est plus diversifiée que celle des pommes conventionnelles, notamment dans la pulpe du fruit. <i>© Birgit Wasserman et al, Frontiers in Microbiology, 2019</i>
    La composition bactérienne des pommes biologiques est plus diversifiée que celle des pommes conventionnelles, notamment dans la pulpe du fruit. © Birgit Wasserman et al, Frontiers in Microbiology, 2019

    Second enseignement : le microbiome de la pomme bio est beaucoup plus diversifié que celui de la pomme conventionnelle, « ce qui empêche une espèceespèce de prendre le dessus sur les autres », et donc de développer des maladies ou des allergies, expliquent les auteurs. De plus, les pommes bio sont plus riches en « bonnes » bactéries qui favorisent le développement de Lactobacillus et Bifidobacterium, connues comme probiotiquesprobiotiques. Elles renferment aussi plus de Methylobacterium, un type de bactérie qui accroît la biosynthèse de composés aromatiquescomposés aromatiques de fraisefraise (ce qui donne un bon goût à la pomme). À l'inverse, 43 % des bactéries contenues dans la pomme conventionnelle appartiennent à l'ordre des Burkholderiales, qui contribuent au développement des pathogènespathogènes. Selon les chercheurs, ces différences de composition microbienne pourraient s'expliquer par les pratiques agricoles ou les conditions de stockage. Il faudrait donc vérifier si ce constat est valable pour tous les pays et toutes les espèces de pommes.

    Vitamines, minéraux et… microbes ?

    L'intérêt de cette étude est surtout de souligner le rôle du microbiome des aliments pour la santé humaine. « Jusqu'ici, on s'était surtout intéressé aux contaminationscontaminations bactériennes pathogènes », met en avant Birgit Wasserman, doctorante dans le laboratoire de Gabriela Berg et auteure principale de l'étude. Les « bonnes » bactéries ont pourtant un rôle tout aussi important. « Le profil microbien des fruits et légumes frais fera bientôt partie des informations nutritionnelles standard au même titre que les vitamines, les minérauxminéraux et les antioxydants », pronostique la chercheuse.