La dérégulation du système immunitaire est au cœur du mécanisme des allergies alimentaires. Depuis sa découverte et son séquencage, on sait que le microbiote intestinal est l'un des hauts lieux de régulation immunitaire. En agissant sur la composition de la flore, il serait possible d'influer sur l'expression de certaines protéines clés dans la pathogénèse des allergies alimentaires.


au sommaire


    Les allergies alimentaires constituent un problème majeur. Ces dernières se développement généralement dans les premières années de la vie. Elles constituent une angoisse tant pour les patients que pour les industriels ou encore les restaurateurs. Mais comment se développent-elles ? Quelles sont leurs causes ? Et surtout, allons-nous réussir à les soigner dans les décennies à venir ? 

    Petit rappel sur les allergies alimentaires

    Parmi les causes probables dans leur apparition, se dénombrent une carence en vitamine D, une diversification alimentaire tardive, une exposition aux allergènes alimentaires au niveau de la peau avant qu'ils ne soient mangés pour la première fois, une hygiène excessive et un microbiote peu diversifié. Tout cela induirait in fine des perturbations du système immunitaire. L'hypothèse principale actuelle est qu'il n'y aurait pas assez de lymphocytes dits régulateurs, et que les réponses immunitaires excessives ou inappropriées puissent s'exprimer sans soucissoucis

    Physiologiquement, les allergiesallergies alimentaires répondent aux mêmes mécanismes biologiques que les autres allergies : quantité d'immunoglobulines Eimmunoglobulines E trop importante et sécrétionsécrétion d'histaminehistamine exacerbée. En revanche, de part la pénétration de ces allergènes au sein même de l'organisme (et pas uniquement à la surface de la peau ou au niveau des muqueusesmuqueuses), les conséquences d'une exposition lorsqu'on est atteint d'allergies alimentaires peut s'avérer mortelle. 

    Dans les traitements proposés actuellement, il y a bien sûr les fameux stylos injecteurs d'adrénalineadrénaline qui ne servent qu'en cas d'urgence grave. Dans les solutions d"éradication de l'allergie, on retrouve la désensibilisationdésensibilisation qui consiste à exposer petit à petit, l'allergène au patient sous différentes formes afin d'engendrer in fine une tolérance par son système immunitaire. Mais une récente étude parue dans Nature Medicine propose une piste d'exploration nouvelle où une thérapiethérapie bactérienne au niveau du microbiote pourrait aider à réguler le système immunitaire et faire disparaître les allergies alimentaires.

    La bactériothérapie : une piste prometteuse 

    Les chercheurs partent du constat que le rôle de la dysbiose (mauvais équilibre bactérien au niveau de la flore intestinaleflore intestinale) est peu clair dans la physiopathologie des allergies alimentaires. Afin d'étudier plus en détail son implication dans la maladie, ces scientifiques ont regardé l'évolution de la flore commensale d'enfants allergiques et non allergiques. Ils ont remarqué que la dysbiose était associée à la prévalenceprévalence des allergies alimentaires notamment la « carence » en une certaine espèceespèce : les clostridiales de la famille des firmicutesfirmicutes.

    De plus, le transfert de microbiote des enfants allergiques à des souris malades a clairement échoué à inhiber les réactions allergiques chez ces dernières. Ce qu'ont donc naturellement entrepris les expérimentateurs, c'est qu'ils ont traité les souris avec une thérapie à base des souches « manquantes » dans le microbiote intestinale des enfants. Les résultats sont encourageants : les souris traitées ont vu leurs allergies alimentaires disparaître. Cela s'explique, selon les auteurs, par l'impact qu'a eu le traitement de la dysbiose sur certaines protéinesprotéines et autres facteurs de transcriptionstranscriptions sur la régulation du système immunitaire régulateur (les fameux T-regreg). Ainsi, les investigateurs concluent naturellement que la dysbiose semble promouvoir la dérégulation des réponses immunitaires tandis qu'un microbiote intestinal « équilibré » en certaines espèces précises pourrait venir à bout des allergies alimentaires par l'accroissement des T-reg. Affaire à suivre pour constater les effets chez l'Homme.