Les personnes exposées aux nitrites par leur alimentation ont plus de risque de développer un diabète de type 2. C'est la conclusion d'une étude récente menée par des chercheurs français, la première a observé une association directe entre nitrites et diabète.


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    Les nitrates et les nitrites sont des composés présents naturellement dans l'eau, le sol et certains aliments comme les légumes. Ces composés sont aussi utilisés intentionnellement en agro-alimentaire comme additifs alimentaires. En effet, ce sont des agents anti-microbiens efficaces contre les pathogènes responsables d'intoxication alimentaire, comme les salmonelles ou le clostridium (l'agent étiologique du botulisme). Ils permettent aussi d'améliorer l'aspect et le goût des aliments. Sans nitrites ajoutés, le jambon blanc est gris par exemple. La quasi-totalité (99 %) de notre exposition aux nitrites provient de l'alimentation, en particulier de la charcuterie.

    L'innocuité de l'addition de nitrite dans l'alimentation fait débat parmi les scientifiques. L'année dernière, le lien entre nitrites et cancer colorectal avait été confirmé par l'Anses. Aujourd'hui, des chercheurs français affiliésaffiliés à plusieurs organismes de recherche, dont l'Inserm et l'Inrae, apportent leur pierre à cet édifice encore en constructionconstruction en étudiant l'association entre diabète de type 2 et consommation de nitrites. Leur recherche, parue dans PLOS Medicine ce 17 janvier, conclut que les personnes qui consommaient beaucoup de nitrites totaux (issus de l'alimentation et d'autres sources) voyaient leur risque de développer du diabète de type 2 augmenter de 27 %.

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    « Il s'agit de la première étude de cohortecohorte à grande échelle qui suggère une association entre les nitrites provenant d'additifs et un risque potentiellement accru de diabète de type 2 », expliquent Bernard Srour, post-doctorant à l'Inserm, et sa collègue Mathilde Touvier, directrice de recherche également à l'Inserm, tous les deux à la tête de cette étude.

    Les deux chercheurs et leurs collègues ont utilisé les données issues du projet NutriNet-Santé, lancé en 2009 et toujours en cours. Les volontaires participent en s'inscrivant sur InternetInternet et en répondant à un questionnaire détaillé où ils rapportent leur historique médical, leur statut socio-économique, le régime alimentaire, leur mode de vie et les problèmes de santé qu'ils ont rencontrés. À partir de cette source, les scientifiques ont estimé l'exposition aux nitrites et nitrates de 104 168 personnes, suivies entre 2009 et 2021, et ont développé un modèle statistique pour analyser l'association entre exposition aux nitrites/nitrates et l'apparition du diabète de type 2.

    Les personnes les plus exposées aux nitrites totaux, comme additif alimentaire ou comme non-additif, présentaient un risque plus important de 27 % de développer un diabète de type 2. Le risque est de 53 % quand on considère seulement les nitrites utilisés comme additifs et de 26 % pour les nitrites provenant d'autres sources. Cette association ne concerne que les nitrites ; aucune association significative n'a été trouvée pour les nitrates. 

    Le diabète de type 2 est une maladie métabolique. © Zakalinka, Adobe Stock
    Le diabète de type 2 est une maladie métabolique. © Zakalinka, Adobe Stock

    Des résultats à confirmer

    « Ces résultats fournissent un nouvel élément de preuve dans le contexte des discussions actuelles concernant la nécessité d'une réduction de l'utilisation des additifs nitrités dans les viandes transformées par l'industrie alimentaire, et pourraient également soutenir la nécessité d'une meilleure réglementation de la contaminationcontamination des sols par les engrais. En attendant, plusieurs autorités de santé publique dans le monde recommandent déjà aux citoyens de limiter leur consommation d'aliments contenant des additifs controversés, dont le nitrite de sodiumsodium », concluent les deux scientifiques de l'Inserm.

    Ces conclusions doivent être encore validées par des études supplémentaires car la cohorte du projet NutriNet-Santé, plutôt jeune et féminine, ne reflète pas la population générale. Elle apporte tout de même un nouvel argument en faveur de la limitation de l'utilisation des nitrites par les professionnels de l'alimentation.