Les spéculations vont bon train sur ce à quoi va ressembler « le monde d’après ». Bien qu’aucune révolution radicale ne soit à attendre, certaines tendances émergentes en matière de recherche, d’alimentation, d’urbanisme ou de transport sont à prévoir. Et elles auront un gros impact sur nos modes de vie.


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    On a beaucoup glosé sur le « monde d'après », qui ferait table rase de la mondialisation, de la consommation à outrance et des inégalités. En réalité, le monde d'après risque fort de ressembler beaucoup à celui d'avant. Mais la pandémie a tout de même fait émerger des tendances que l'on devrait voir se développer ces prochaines années.

    Le vaccin contre le coronavirus a été élaboré en moins de neuf mois. © phonlamaiphoto, Adobe Stock
    Le vaccin contre le coronavirus a été élaboré en moins de neuf mois. © phonlamaiphoto, Adobe Stock

    Des médicaments qui arrivent plus vite sur le marché

    Jusqu'ici, il fallait en moyenne 10 à 15 ans pour développer un vaccin. Celui contre le nouveau coronavirus a mis moins d'un an à voir le jour après la publication du génome du virus. Tout s’est fait en version accélérée : essais de phase 2 et phase 3 concomitantsconcomitants, dossiers de subvention et d'homologation examinés en priorité, autorisations délivrées en urgence... Tout cela démontre qu'il est possible d'aller beaucoup plus vite dans les procédures. Selon Moderna, il est à présent possible de développer un nouveau vaccin en moins de six semaines en changeant simplement le code génétiquecode génétique de son algorithme. Cette nouvelle donne devrait aussi profiter aux nouveaux médicaments, qui nécessitent en moyenne 12 à 15 ans de procédures avant d'être approuvés. La découverte de nouveaux médicaments pourrait aussi être fortement accélérée grâce à l'intelligence artificielleintelligence artificielle, qui permet de passer au crible des millions de moléculesmolécules et de voir celles qui correspondent aux cibles thérapeutiques visées. En 2019, une équipe australienne a ainsi dévoilé le premier vaccin conçu par un algorithme.

    Le restaurant sans convives, la nouvelle norme ? © ArTo, Adobe Stock
    Le restaurant sans convives, la nouvelle norme ? © ArTo, Adobe Stock

    La cuisine fantôme

    Avec la fermeture prolongée des barsbars et restaurants, ces derniers se sont tournés vers la vente à emporter. Même les chefs étoilés s'y sont mis : selon le Guide Michelin, une cinquantaine d'entre eux propose leurs menus gastronomiques en livraison et à emporter. Parallèlement, les salles de restaurants qui étaient jusqu'ici une source de revenus se sont transformées en coût fixe pour les propriétaires. Est-il alors bien utile de garder des tables et des chaises vides à disposition ? Aux États-Unis, on voit apparaître de plus en plus de « Ghost kitchen » (cuisines fantômes), où les cuisiniers s'activent aux fourneaux uniquement pour des plats en livraison. Les géants de la livraison à domicile comme Uber Eats ou Deliveroo développent ainsi leurs propres cuisines, qui préparent des plats vendus exclusivement via leur applicationapplication. En France, plusieurs start-upstart-up se sont également lancées sur le créneau avec notamment Frichti et Taster. Fidèles à leurs modèles de plateforme, toutes ces entreprises emploient des cuisiniers indépendants qui trouvent là un nouveau débouché. Mais cette tendance accroît aussi la dépendance des restaurants vis-à-vis des services de livraison.

    Un tiers des lignes aériennes ont disparu en 2020. © Sandor Jackal, Adobe Stock
    Un tiers des lignes aériennes ont disparu en 2020. © Sandor Jackal, Adobe Stock

    La raréfaction des avions

    Voilà qui devrait réjouir les riverains des aéroports : quasiment à l'arrêt depuis plusieurs mois, certains avions pourraient ne jamais décoller. De plus en plus d'entreprises vont ainsi renoncer aux voyages d'affaires, qui étaient pourtant la poule aux œufs d'or des compagnies aériennes. Selon les professionnels du secteur, l'augmentation du recours aux visioconférencesvisioconférences pourrait amputer le marché des voyages d'affaires de 30 % à 50 % de façon permanente. Au-delà de la Covid-19Covid-19, il y a aussi la pressionpression environnementale : les voyageurs sont moins enclins à parcourir des milliers de kilomètres et on observe un engouement pour les vacances près de chez soi. Au final, un tiers des lignes aériennes ont disparu depuis la pandémie et certaines pourraient ne jamais repartir, selon Bloomberg. Les lignes intérieures sont, elles, quasiment condamnées à moyen terme. En France par exemple, le gouvernement veut interdire les vols intérieurs dès lors qu'une alternative ferroviaire de moins de deux heures trente minutes est possible. Une bonne nouvelle peut-être pour l'environnement, moins pour l'emploi : en France, le secteur de l'aéronautique emploie 180.000 personnes.

    Le télétravail facilite l’étalement urbain. © Kev303, Adobe Stock
    Le télétravail facilite l’étalement urbain. © Kev303, Adobe Stock

    Des villes moins denses

    Les confinements successifs ont fait prendre conscience à de nombreux citadins qu'être entassés à trois dans un appartement de 30 mètres carrés est tout simplement invivable. On observe ainsi une vraie demande pour des maisons plus grandes avec jardin. Selon la 5e édition du baromètre Les Français et les ascenseurs, 71 % des Français préfèrent habiter des immeubles comptant moins de six étages ou une maison individuelle. Le réseau immobilier Orpi a ainsi observé une demande en hausse de 45 % pour les maisons individuelles entre juin et novembre 2020. Inversement, les ventes ont reculé de 21 % en Ile-de-France sur un an durant les neuf premiers mois de l'année 2020 d'après la FNAIM. L'exode urbain est facilité par le télétravail : pourquoi rester dans un environnement pollué et stressant quand on peut exercer son emploi depuis n'importe où ? Cette demande pour des logements plus grands et plus lointains entre pourtant en contradiction avec l'objectif écologique de réduction de l'étalement urbain, ainsi que la réduction des trajets.
     

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    Des robots partout

    En janvier dernier, la compagnie chinoise Hanson Robotics a annoncé qu'elle prévoyait de produire « en massemasse » des robots humanoïdes tel que Sophia, la présentatrice de télévision virtuelle dévoilée en 2016. « Ces robotsrobots peuvent apporter une aide précieuse aux personnes seules et isolées socialement », affirme David Hanson, le fondateur de l'entreprise. La robotisation était certes en marche depuis plusieurs années, mais la pandémie a révélé de nouveaux usages à ces engins : livraison de repas à domicile, désinfection de locaux, aide aux personnes âgées... Les robots pourraient également suppléer au manque de personnel de santé : à Wuhan, 14 robots humanoïdesrobots humanoïdes ont ainsi été déployés dans les hôpitaux au mois de mars pour s'occuper des admissions, prendre la température des patients ou distribuer les médicaments. Les robots permettent également de limiter les interactions humaines, d'améliorer la sécurité des salariés dans les usines et de relocaliser des activités non rentables.