Avec l’augmentation du prix du gaz et de l’électricité, se chauffer au bois pourrait représenter la solution la plus économique. Mais pas la meilleure pour l’environnement ni pour la santé d’après les résultats d’une étude américaine. Il s’agit de la première recherche prospective sur l’association entre le chauffage au bois et l'incidence du cancer du poumon chez les femmes.


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    Bien que le tabagisme soit le principal facteur de risque de cancer du poumon, ce n'est pas le seul. Pour la première fois, une étude prospective sur des femmes américaines a montré que l'augmentation de la fréquence d'utilisation d'une cheminéecheminée ou d'un poêle à boisbois était associée à un risque majoré de cancer du poumon, même chez les femmes n'ayant jamais fumé. Au cours d'un suivi moyen de 11 ans, 347 participantes ont reçu un diagnostic de cancer du poumon : 289 étaient des fumeuses ou d'anciennes fumeuses et 58 des non-fumeuses. Les associations étaient également élevées lorsque l'analyse a été restreinte aux femmes n'ayant jamais fumé.

    Pour la présente recherche publiée dans Environment International, les chercheurs ont utilisé des données recueillies pour l'étude Sister, incluant 50 226 femmes américaines sans antécédent de cancer du poumon. Les participantes ont indiqué la fréquence d'utilisation de leur potentielle cheminée (ou poêle à bois) ainsi que les principales sources de chaleurchaleur de leur domicile. Aux États-Unis, la fumée de bois est principalement émise par les poêles à bois, les cheminées et les chaudières. Près de deux millions de ménages américains utilisent le bois comme principal combustiblecombustible de chauffage.

    Une fréquence occasionnelle suffit à contribuer au risque

    D'après les résultats, l'utilisation d'un poêle à bois ou d'une cheminée à l'intérieur augmente de 43 % le risque de cancer du poumon chez les femmes par rapport à celles qui n'utilisent pas de chauffage au bois. Et plus ce mode de chauffage est utilisé, pire est le risque. Les personnes qui l'ont utilisé plus de 30 jours par an présentaient un risque de cancer du poumon majoré de 68 % par rapport aux personnes qui ne brûlaient pas de bois. 

    L'Organisation mondiale de la Santé estime que 3,8 millions de personnes dans le monde mourront d'une maladie résultant de la pollution de l'air domestique par la combustion ; parmi ces décès, 8 % seraient dus au cancer du poumon. © appledesign, Adobe Stock
    L'Organisation mondiale de la Santé estime que 3,8 millions de personnes dans le monde mourront d'une maladie résultant de la pollution de l'air domestique par la combustion ; parmi ces décès, 8 % seraient dus au cancer du poumon. © appledesign, Adobe Stock

    Suril Mehta, épidémiologiste au sein de l'Institut national américain des sciences de la santé environnementale et coauteur de l'étude, a déclaré : « Notre étude prouve que la combustioncombustion intérieure de bois, même occasionnelle, dans les poêles et les cheminées, peut contribuer au cancer du poumon dans les populations où la combustion intérieure de bois n'est pas la source de combustible prédominante pour la cuisine ou le chauffage à l'intérieur de la maison ».

    The Guardian rapporte que le chauffage au gaz ou au propanepropane dans les poêles et les cheminées était également associé à un risque accru de cancer du poumon, mais ce risque était bien moindre que celui lié au chauffage au bois.

    La faute aux particules fines

    La fumée de bois est un mélange complexe composé de particules, de gaz et de centaines de substances chimiques différentes, dont certaines ont été classées comme polluants atmosphériques dangereux et cancérigènes. « La fumée de bois peut contenir des substances telles que le benzènebenzène, le 1,3-butadiène, les hydrocarbures aromatiqueshydrocarbures aromatiques polycycliques et d'autres polluants atmosphériques dangereux qui sont connus ou suspectés de provoquer le cancer du poumon », a précisé l'épidémiologiste. Chaque année, près de 40 000 décès seraient attribuables à une exposition des personnes âgées de 30 ans et plus aux particules finesparticules fines, d'après les estimations de Santé publique France.