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    Compagnon de l'Homme depuis des millénaires, l'oieoie a fait de nombreuses apparitions dans les légendes et les récits. Voici une petite sélection, des Égyptiens à l'époque moderne, en passant par les Gaulois.

    Le jeu de l'oie. © Skitterphoto, Pixabay, DP

    Le jeu de l'oie. © Skitterphoto, Pixabay, DP

    Les oies de Meïdoum

    Les célèbres oies de Meïdoum, en Égypte, sont l'une des plus anciennes représentations d'oies. Cette nécropole de la fin de la IIIe dynastie et de la IVe dynastie est dominée par un édifice en forme de tour, restes de la première pyramide d'Égypte.

    Frise des « oies de Meïdoum », issues du mastaba (monument funéraire) d'Itet. Cette peinture sur stuc recouvrait le pisé. Elle est exposée au Musée égyptien du Caire. © DP

    Frise des « oies de Meïdoum », issues du mastaba (monument funéraire) d'Itet. Cette peinture sur stuc recouvrait le pisé. Elle est exposée au Musée égyptien du Caire. © DP

    Les fables d’Ésope

    Les fables d'Ésope racontent l'histoire d'un fermier possédant une oie pondant des œufs d'or ; il décide de la tuer afin d'obtenir tous les œufs d'or à la fois, mais perd ainsi la source de sa richesse.

    Les oies du Capitole et l'incendie de Rome par les Gaulois 

    Tite-Live raconte l'épisode des oies sacrées d'un temple de Junon qui sauvèrent Rome par leurs cris vers 390 avant J.-C., lorsque les Gaulois attaquèrent le Capitole la nuit. Les Gaulois envahirent l'Italie et réussirent le sac de Rome. L'épisode est raconté par Diodore de Sicile et Tite-Live. Histoire ou légende ? Les soldats présents à Rome se barricadèrent dans le Capitole, laissant femmes, vieillards et enfants dans la ville à la merci des barbares qui les massacrèrent. Les barricadés virent les Gaulois incendier leurs temples. Pendant la nuit, les assaillants tentèrent d'escalader la citadelle, mais les oies sacrées de Junon les en empêchèrent en criant...

    Hippolyte Taine et les oies

    Critique littéraire, philosophe et historienhistorien, Hippolyte Taine (1828-1893) a écrit Les opinions philosophiques d'un chat, dont voici un extrait :

    « Je suis né dans un tonneau au fond d'un grenier à foin ; la lumière tombait sur mes paupières fermées, en sorte que, les huit premiers jours, tout me parut couleur de rose. [...] Mes pattes étant devenues solides, je sortis et fis bientôt amitié avec une oie, bête estimable, car elle avait le ventre tiède ; je me blottissais dessous, et pendant ce temps ses discours philosophiques me formaient. Elle disait que la basse-cour était une république d'alliés ; que le plus industrieux, l'Homme, avait été choisi pour chef, et que les chienschiens, quoique turbulents, étaient nos gardiens. Je pleurais d'attendrissement sous le ventre de ma bonne amie. »

    « Un matin, la cuisinière approcha d'un air bonasse, montrant dans la main une poignée d'orgeorge. L'oie tendit le cou, que la cuisinière empoigna, tirant un grand couteau. Mon oncle, philosophe alerte, accourut et commença à exhorter l'oie, qui poussait des cris inconvenants : "Chère sœur, disait-il, le fermier, ayant mangé votre chair, aura l'intelligenceintelligence plus nette et veillera mieux à votre bien-être ; et les chiens s'étant nourris de vos os seront plus capables de vous défendre." Là-dessus l'oie se tut, car sa tête était coupée, et une sorte de tuyau rouge s'avança hors du cou qui saignait. Mon oncle courut à la tête et l'emporta prestement : pour moi, un peu effarouché, j'approchai de la mare de sang et sans réfléchir, j'y trempai ma langue : ce sang était bien bon, et j'allai à la cuisine pour voir si je n'en aurais pas davantage. »

    Jeu de l'oie reprenant les grandes étapes de l’affaire Dreyfus. Le jeu de l’oie est une distraction très appréciée des enfants. © DP

    Jeu de l'oie reprenant les grandes étapes de l’affaire Dreyfus. Le jeu de l’oie est une distraction très appréciée des enfants. © DP

    L'oie d'or, conte des frères Grimm

    Les frères Grimm ont pour leur part consacré un conte à l'oie, L'oie d'or, dont voici le début :

    « Il était une fois trois frères. Les deux aînés étaient bûcherons et le plus jeune, Simplot, n'était bon à rien. Un bon matin, le premier allant à son travail rencontra à la lisièrelisière du boisbois un vieillard à la barbe grise, qui le salua poliment et lui dit : "J'ai grand-faim et grand-soif, donne-moi donc une part du déjeuner que tu as dans la poche. Ce que je te donnerais va me manquer", répondit le jeune homme, et il continua son chemin sans plus se soucier du petit vieillard. [...] Quand Simplot le vit revenir, boitant et saignant, il se proposa pour le remplacer, mais son père s'y opposa, le sachant normalement incapable de réussir là où ses frères avaient échoué. Le lendemain matin, pourtant, lassé de ses instances, le père céda et Simplot partit vers la forêt. »

    « Comme ses frères avant lui, il rencontra le petit vieillard qui lui adressa la même requêterequête, mais il lui répondit tout autrement : "Je n'ai que du pain rassis et de la bière aigre, mais si vous en voulez, déjeunons ensemble." Le vieillard accepta et, sitôt le repas fini, dit à Simplot : "Tu vois ce chêne mort : ce que tu y trouveras après l'avoir abattu sera à toi." Et il disparut aussitôt. Ne pouvant le remercier, Simplot se mit aussitôt à l'ouvrage. Au premier coup de hache l'arbrearbre se fendit en deux et il émergea une tête d'oiseauoiseau : c'était une oie, dont toutes les plumes étaient en or pur. Le benêt s'en empara et s'en est allé coucher à l'auberge. »

    Illustration d’une boîte de jeu de l’oie du XIX<sup>e</sup> siècle, et éditée aux États-Unis. © DP

    Illustration d’une boîte de jeu de l’oie du XIXe siècle, et éditée aux États-Unis. © DP

    « La vue de son oie y intrigua tant les trois filles de l'aubergiste qu'aussitôt Simplot au lit, l'aînée s'approcha de l'oiseau pour lui voler une plume. Mais sa main n'eut pas plus tôt effleuré l'aile d'or, qu'elle ne put s'en détacher. La seconde sœur vint à son aide, mais sa main adhéra aussitôt à celle de son aînée. La troisième s'approcha à son tour, ses doigts frôlèrent l'épaule de la cadette et, elle aussi, demeura prisonnière. Toute la nuit s'écoula ainsi. Le lendemain matin, Simplot prit son oie sous le bras et s'en alla, sans aucunement se soucier des trois filles retenues à son plumage et contraintes de le suivre. [...] Il arriva ainsi dans une grande ville. »

    « Là vivait un roi dont la fille était d'humeur si chagrine que jamais rien n'avait pu lui arracher un sourire. Le roi en était si affligé, qu'il avait décidé de la donner en mariage à quiconque la ferait rire. Il ne se doutait pas que la vue d'un benêt portant une oie suivi de sept personnes accrochées les unes aux autres de curieuse façon suffirait pour atteindre ce résultat. Et ce fut pourtant ce qui advint. La fille du roi se mit à rire comme si elle ne devait plus jamais s'arrêter, et Simplot la demanda donc en mariage. Mais le roi ne voulait pas d'un tel gendre... »

    À lire encore sur InternetInternet : L'Oie réhabilitée, de Charles Bataillard. Extrait des Mémoires de l'Académie impériale des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Caen.