Au cours de la dernière décennie, plus de mille espèces ont été décrites par les scientifiques dans la région du Grand Mékong, dont certaines considérées comme disparues depuis plusieurs millions d’années. Cette étonnante biodiversité, exceptionnelle, est présentée dans un récent rapport du WWF.

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    Heteropoda maxima, à présent la plus grande araignée du monde. Crédit WWF

    Heteropoda maxima, à présent la plus grande araignée du monde. Crédit WWF

    Contrairement aux habitudes, certaines de ces nouvelles espèces, qui se classent aussi bien parmi les plantes que les animaux vertébrés ou non (mammifères, reptiles, oiseaux, batraciens, insectes, arachnidesarachnides, myriapodes...), n'ont pas été découvertes dans une jungle inexplorée et inextricable mais quelquefois en des lieux très communs. C'est donc un bilan doublement exceptionnel que rapporte le WWF.

    Et de citer en exemple ce crotale arboricolearboricole (Trimesurus vogeli), aperçu pour la première fois... sous la toituretoiture d'un restaurant dans le parc National de Khao Yai (Thaïlande), ou un surprenant rat vivant dans les rochers (Laonastes aenigmamus), officiellement disparu depuis 11 millions d'années et dont on ne possédait que quelques fossilesfossiles. Pourtant, un individu s'est fait remarquer dans un marché local du Laos !

    Trimeresurus vogel, crotale arboricole. Crédit WWF

    Trimeresurus vogel, crotale arboricole. Crédit WWF

    « Nous pensions que des découvertes de cette ampleur se restreignaient aux livres d'histoires, s'étonne Stuart Chapman, qui dirige et coordonne les programmes de recherches du Grand Mékong pour le WWFWWF. Ceci réaffirme la place de la région du Grand Mékong sur la carte du monde des priorités en terme de conservation de la nature ».

    La région doit son nom au fleuve Mékong, qui la traverse depuis la province du Yunnan (sud de la Chine) au Vietnam, en passant par la Birmanie, le Laos et le Cambodge. Bien que le Mékong soit considéré comme le cours d'eau le plus riche de la planète pour la biodiversitébiodiversité, surpassant nettement l'AmazoneAmazone, sa viabilité est sérieusement menacée par le développement effréné de la région Asie-Pacifique, ainsi que les menaces qui pèsent de plus en plus sur ses ressources naturelles.

    Laonastes aenigmamus, rat des rochers. Crédit WWF

    Laonastes aenigmamus, rat des rochers. Crédit WWF

    Autant de nouvelles grenouilles que d'espèces déjà connues !

    Parmi les nouvelles espèces décrites, officiellement au nombre de 1.068, figure la plus grande araignéearaignée du monde (Heteropoda maxima). La dimension de ses pattes, qui atteignent 30 centimètres, équivaut à l'envergure totale de Theraphosa blondi (ou leblondii), l'ancienne détentrice du record... Parmi les arthropodesarthropodes, on relève aussi un étonnant mille-pattesmille-pattes, Desmoxytes purpurosea, surnommé mille-pattes dragon, bourré de cyanure et dont la couleurcouleur rose fluo sert apparemment de panneau avertisseur aux prédateurs qui désireraient s'en faire un festin.

    <em>Desmoxytes purpurosea, </em>le mille-pattes dragon<em>.</em> Attention à son cyanure<em>.</em> Crédit WWF

    Desmoxytes purpurosea, le mille-pattes dragon. Attention à son cyanure. Crédit WWF

    La zone étudiée confirme aussi sa réputation de monde perdu pour toutes les espèces d'amphibiensamphibiens, avec 91 découvertes depuis 1997. Au Vietnam, le nombre d'espèces connues de grenouilles a même doublé depuis 1999, résultat d'une étude systématique !

    Si la découverte de nouveaux mammifères reste exceptionnelle, le Mékong excelle dans ce domaine avec plusieurs rongeursrongeurs (dont des lapins et des rats), chauve-sourischauve-souris, et même une variété de cerf nain.

    Annamite striped, une nouvelle espèce de lapin. Crédit WWF

    Annamite striped, une nouvelle espèce de lapin. Crédit WWF

    Au total, cette véritable moisson écologique se compose de 519 végétaux, 279 poissonspoissons, 88 grenouilles, 88 araignées, 46 lézards, 22 serpents, 15 mammifères, 4 oiseaux, 4 tortuestortues, 2 salamandres et un crapaud. Malgré l'importance de ce bilan d'une décennie de recherches, les scientifiques estiment toutefois n'avoir fait que gratter la surface, selon leurs propres termes, d'une biodiversité encore insoupçonnée mais dont il est temps de se préoccuper en raison de circonstances pouvant conduire à sa disparition.