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Le shark finning mènerait les requins à leur extinction. Cette technique de pêche consiste à capturer des squales pour en découper les ailerons. Une fois amputés, ils sont rejetés à l'eau. Ils coulent alors vers le fond, mortellement blessés et dans l'incapacité de nager. De 26 à 73 millions d'individus seraient ainsi tués chaque année. Où vont ces ailerons ? Principalement en Asie où ils sont transformés en soupes ou en gélulesgélules soit disant « miracles ».
Les eaux dans lesquelles évoluent les requins abritent également des cyanobactéries. Grassement nourries par nos rejets industriels et les excès d'engrais, elles prolifèrent fortement depuis les années 1980. Certaines espèces peuvent produire des toxinestoxines telles que la BMMA (bêtabêta-N-méthylamino-L-alaninealanine). Des liens forts ont été établis entre cette moléculemolécule et des maladies neurodégénérativesmaladies neurodégénératives humaines.
Des scientifiques de l'université de Miami, menés par Kiyo Mondo, ont voulu vérifier la bioaccumulationbioaccumulation de cette toxine le long de la chaîne alimentaire. Ils ont donc réalisé des mesures sur des organismes marins possédant un haut niveau trophiqueniveau trophique : les requins. Les concentrations de BMMA mesurées dans les ailerons de ces animaux équivalent ou dépassent parfois largement celles présentées par des patients atteints de la maladie d'Alzheimermaladie d'Alzheimer ou de la maladie de Charcot. Consommer du requin revient donc à mettre sa santé et sa vie en danger ! Ce résultat est publié dans la revue Marine Drugs.
L'industrie de l'aileron de requins rapporte plusieurs millions de dollars par an. Le prix des ailerons est proportionnel à leur taille et à la quantité de chair qu'ils contiennent. En moyenne, un kilogramme coûte environ 700 dollars. © shawkvanray, Youtube
De fortes concentrations de BMMA dans les ailerons de requins
Les prélèvements ont été réalisés dans le sud de la Floride. Des tissus ont été échantillonnés au niveau de la nageoire dorsale de sept espèces de requins : le requin dormeur (Ginglymostoma cirratum)), le requin bordé (Carcharhinus limbatus), le grand requin-marteau (Sphyrna mokarranSphyrna mokarran), Le requin bouledogue (Carcharhinus leucasCarcharhinus leucas), le requin neznez noir (Carcharhinus acronotus), le requin-citron (Negaprion brevirostris) et le requin-marteau tiburo (Sphyrna tiburo). Les analyses toxicologiques ont été faites grâce à différentes techniques de chromatographiechromatographie.
Une étude médicale réalisée par Deborah Mash en 2009 a démontré que des patients mourant des maladies d'Alzheimer et de Charcot pouvaient posséder des taux anormaux de BMMA dans le cerveaucerveau, soit en moyenne de 256 ng par mg. Des patients sains n'en présentent pas du tout ou juste quelques traces. Cette toxine serait même la principale cause d'apparition des maladies neurodégénératives à Guam, une île de l'ouest du Pacifique, rattachée aux États-Unis.
Les concentrations mesurées dans les ailerons des requins vont de 144 à 1.836 ng par mg ! La bioaccumalation de ce composé est donc très importante le long de la chaîne alimentaire marine et plus que probablement chez les personnes consommant les organismes contaminés.
Les populations de cyanobactéries peuvent effectuer de véritables bloomsblooms. Aucun lien n'a été établi entre ces événements locaux et ponctuels et les concentrations de BMMA rencontrées chez les requins. L'explication vient probablement du fait que les squales peuvent effectuer de longs déplacements. Ils ne vivent pas toujours de manière permanente dans un site abritant une importante population de bactériesbactéries toxiques.
Les consommateurs de requins sont avertis. Ils savaient déjà qu'ils mettaient la survie des requins en jeu pour assouvir leur appétit ou leur superstition. Ils savent maintenant qu'ils jouent avec leur propre santé. L'argument sera-t-il suffisant pour changer les mentalités ?