Des requins continuent d’être chassés pour leurs ailerons, notamment à Taïwan comme le montrent des images publiées par l’ONG Pew Environment. Cette activité n’est pas nouvelle, ni même vraiment illégale, mais contribue à la raréfaction de plusieurs espèces.

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    Ces images de requins amputés de leurs ailerons et de leur nageoire caudale sont toujours choquantes, par la cruauté du traitement infligé aux animaux, pour la futilité de leur utilisation mais aussi pour le risque d’extinction qui pèse sur de nombreuses espèces de ces poissons cartilagineux. D'après l'UICN, c'est environ 30 % d'entre elles qui sont aujourd'hui en danger. C'est le cas par exemple pour le requin-marteau halicorne (Sphyrna lewini) et le requin longimanerequin longimane (Carcharhinus longimanus).

    Les ailerons de requins se vendent très bien, notamment sur les marchés asiatiques, même quand la viande elle-même a peu de valeur marchande. Cette pêchepêche, qu'on appelle le finning (fin signifie nageoire en anglais) touche donc d'innombrables espèces et elle est très peu réglementée. Souvent, les ailerons sont coupés sur le bateau et l'animal, toujours vivant mais incapable de nager, est rejeté à l'eau. La cruauté s'ajoute ainsi à la mauvaise gestion de la ressource. À terme, la soupe d'ailerons risque de devenir un plat de luxe quand les squales se seront trop raréfiés.

    Les requins-marteaux sont des victimes habituelles du <em>finning</em>. Les effectifs se réduisent. © Shawn Heinrichs/<em>Pew Environment Group</em>

    Les requins-marteaux sont des victimes habituelles du finning. Les effectifs se réduisent. © Shawn Heinrichs/Pew Environment Group

    Le finning trop peu réglementé

    Les images prises au cours d'une campagne menée par l'ONG Pew Environment viennent de Taïwan et illustrent l'ampleur de ces prises. Selon les estimations, elle toucherait plusieurs dizaines de millions de requins par an (entre 26 et 73 millions selon des estimations réalisées en 2006).

    Taïwan a promulgué une loi, le 20 octobre dernier, pour limiter le finning. En vigueur le 1er janvier prochain, elle n'interdira pas la pêche d'espèces menacées mais obligera les pêcheurs à ramener au port des carcasses complètes.

    Des ailerons sèchent au soleil. Ces cadeaux de la mer se vendent très cher. On ignore le total des prises à l'échelle mondiale. © Shawn Heinrichs/<em>Pew Environment Group</em>

    Des ailerons sèchent au soleil. Ces cadeaux de la mer se vendent très cher. On ignore le total des prises à l'échelle mondiale. © Shawn Heinrichs/Pew Environment Group

    Pour le finning ou pour la viande, l'Europe constitue un gros débouché et les réglementations sont insuffisantes, comme le souligne Shark Alliance à l'occasion de la Semaine européenne des requins, qui vient de s'achever. Le finning est interdit, comme dans de nombreux pays, sauf en Espagne, qui bénéficie d'une dérogation, mais la réglementation est semble-t-il insuffisante pour limiter vraiment ce commerce.

    La chasse aux ailerons n'est pas la seule activité qui menace les populations de requins dans le monde, les prises accessoires (captures accidentelles parmi les espèces recherchées) ont aussi un fort impact.