Cela aurait paru incroyable voici quelques décennies, mais les requins, ces poissons répandus dans tous les océans du monde depuis des centaines de millions d'années, sont en train de disparaître du fait de l’Homme.

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    Requin marteau. Crédit : Sami Sarkis

    Requin marteau. Crédit : Sami Sarkis

    La baisse des effectifs de requins n'est pas une prédiction. Une réduction de plus de 50 % est déjà enregistrée parmi les espèces les plus spectaculaires, au point que certaines sont déjà menacées d'extinction si aucune mesure n'est prise. La cause en est multiple. La surpêche, bien sûr, destinée à alimenter un marché de viande et de nageoires de requin, mais aussi la pêche sportive qui se démocratise de plus en plus, ainsi que la pêche au thon et à l'espadonespadon car elle provoque la prise accessoire de millions de requins chaque année.

    Lors de l'assemblée annuelle de l’AAAS (American Association for the Advancement of Science) qui s'est déroulée à Boston du 14 au 18 février dernier, Julia Baum, spécialiste des requins mondialement reconnue et titulaire d'une bourse postdoctorale du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) à la Scripps Institution of Oceanography, a tire la sonnettesonnette d'alarme. « Comme pratiquement aucune restriction n'est imposée à cette pêche qui s'intensifie, de nombreuses espèces de requins sont maintenant considérées comme des espèces menacées d'extinction » affirme la jeune chercheuse.

    Des mesures à prendre

    Elle cite notamment le requin marteau halicorne, une espèce à la fois très connue et emblématique réellement menacée de disparaître à court terme en raison de la forte demande du marché en nageoires. Celle-ci sera d'ailleurs officiellement déclarée cette année espèce menacée d'extinction par l'UICN (Union mondiale pour la nature), considérée comme la source la plus complète sur les espèces de plantes et d'animaux menacés.

    Julia Baum déplore qu'il n'existe actuellement aucune mesure de protection des requins dans les eaux internationales. Elle espère une résolutionrésolution adoptée par les Nations-Unies qui exigerait une limitation des prises assortie à l'interdiction d'enlèvement des nageoires, afin d'éviter qu'en cas d'interdiction de pêche ou de mise en place de quotas, des marins se contentent de prélever ces organes avant de rejeter l'animal agonisant à la mer, comme cela se pratique déjà.

    Les recherches effectuées depuis cinq années par la biologiste ont permis de déterminer que les populations de requins tigrerequins tigre, requins marteau halicorne, requins bouledoguerequins bouledogue et requins obscurs ont diminué de 95 % depuis le début des années 1970.