Rares sont les diamants, et encore plus rares les diamants roses. Une nouvelle étude aurait cependant percé le mystère de ces très précieux cristaux, que l’on ne trouve presque qu’exclusivement en Australie, dans la mine d’Argyle.


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    Pierres précieuses emblématiques, les diamants doivent leur rareté aux conditions extrêmes nécessaires à leur formation. Ces petits cristaux à la duretédureté exceptionnelle se forment en effet à très hautes températures et très fortes pressions, vers 140 à 190 kilomètres sous la surface terrestre. Leur croissance extrêmement lente, de l'ordre du milliard d'années, et les processus magmatiques bien spécifiques nécessaires à leur remontée en surface ne font qu'ajouter de la valeur à ces minérauxminéraux si prisés des joaillers. Alors, que dire des diamants roses ? Seul un diamantdiamant sur 100 000 posséderait en effet cette couleurcouleur, en faisant un minéral exceptionnel.

    Argyle, des diamants roses (presque) à la pelle… mais pourquoi ?

    Très peu de gisements au monde peuvent ainsi se targuer d'extraire régulièrement des diamants roses. C'est pourtant le cas d'Argyle, qui produit environ 90 % des diamants roses sur le marché. Il faut dire que cet ancien volcan situé en Australie possède une particularité : la mine a en effet été creusée au cœur d’une cheminée de lamproïte et non pas de kimberlite comme c'est le cas habituellement. Si les processus géodynamiques à l'origine de cette roche volcanique restent encore mystérieux, une nouvelle étude apporte cependant de nouvelles données qui pourraient permettre de mieux comprendre la formation de ce gisement.

    La mine d'Argyle, dans le nord de l'Australie. © Tom Backus, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 2.0
    La mine d'Argyle, dans le nord de l'Australie. © Tom Backus, Wikimedia Commons, CC by-sa 2.0

    Une équipe de chercheurs a en effet réalisé une nouvelle datation de ces roches. Les résultats publiés dans la revue Nature communications suggèrent ainsi que la lamproïte d'Argyle se serait formée il y a environ 1,3 milliard d'années, soit 100 millions d'années plus tôt que ce que l'on pensait jusqu'à présent. Et cela change tout pour comprendre la formation du site.

    La déchirure de l’un des plus anciens supercontinents terrestres

    L'on sait en effet depuis longtemps qu'Argyle se situe au niveau d'une zone de suture entre deux très anciens blocs continentaux, le cratoncraton de Kimberley et le craton d'Australie du Nord. Cette collision s'est produite il y a environ 1,8 milliard d'années lors de la formation de Nuna, l'un des plus anciens supercontinentssupercontinents de la TerreTerre. Cet environnement de très forte pressionpression tectonique semble être un élément essentiel pour l'obtention de diamants roses. Restait à comprendre comment ces cristaux étaient ensuite arrivés en surface.

    Configuration hypothétique du supercontinent Columbia/Nuna. © Alexandre DeZotti, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 3.0
    Configuration hypothétique du supercontinent Columbia/Nuna. © Alexandre DeZotti, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

    La nouvelle datation montre cependant que les lamproïtes d'Argyle se seraient formées seulement 500 millions d'années plus tard. Une date qui correspond avec un événement tectonique bien particulier : l'ouverture continentale. Il y a 1,3 milliard d'années, le supercontinent commence en effet à se fracturer. Mais dans la région d'Argyle, il n'y parvient pas totalement. La croûtecroûte est alors fortement amincie, permettant la remontée de magmamagma en surface. Un magma emportant avec lui les fameux diamants roses formés en profondeur lors de la précédente étape de collision.

    On comprend donc mieux à présent comment s'est formé l'incroyable gisement de diamants roses d'Argyle. Des résultats qui pourront, peut-être, aider à identifier de nouveaux gisements ailleurs dans le monde.