Pourquoi les saisons du calendrier ne correspondent plus à la météo actuelle

Ce 21 décembre 2022, nous passons officiellement en hiver sur le calendrier, pourtant la météo a pris des allures hivernales il y a déjà plusieurs semaines. L'année 2022 a été marquée par un temps exceptionnel tout au long de l'année, avec des saisons soit décalées, soit interminables par rapport à leur duréedurée habituelle. Après une douceur inhabituelle au cours de l'hiver précédent, le printemps ne s'est quasiment pas manifesté pour passer directement à l'été. Un été sans fin, qui a débuté en mai, pour se terminer en octobre, et même en novembre dans certaines régions ! Place ensuite à une arrivée fracassante de l'hiver, de début décembre jusqu'au 18 du mois. Mais voilà qu'une douceur exceptionnelle se met à nouveau en place pour les derniers jours de l'année.

Les saisons du calendrier ne sont pas en phase avec les saisons météo

Tout d'abord, rappelons que les saisons calendaires sont différentes des saisons météorologiques, avec un décalage de quelques semaines dans les dates. Si l'hiver commence le 21 décembre 2022 sur le calendrier, il a déjà commencé depuis le 1^er décembre au niveau météo. Les saisons astronomiques ou calendaires débutent avec les équinoxeséquinoxes (printemps et automne) et les solsticessolstices (été et hiver), mais en météorologie, elles débutent plus tôt et correspondent à des périodes de trois mois pleins. « En météorologie, l'été correspond à la période de l'année la plus chaude. La durée d'ensoleillement maximale se situe autour du solstice d'étésolstice d'été (20 ou 21 juin). Mais en raison de l'inertieinertie de l'atmosphère, ce n'est qu'environ trois semaines plus tard que la température moyenne est généralement à son maximum, c'est-à-dire à la mi-juillet. On considère que ce moment correspond au milieu de l'été. Ainsi, en météorologie, l'été commence début juin et s'achève fin août, précise Météo France. Avec le même raisonnement, l'ensoleillement est minimal au solstice d'hiversolstice d'hiver (21 ou 22 décembre). Mais avec l'inertie de l'atmosphère, le pic de l'hiver se situe plutôt mi-janvier. Ainsi, l'hiver météorologique commence début décembre et s'achève fin février. »

À la base, les saisons du calendrier ne correspondent donc déjà pas totalement à la réalité météorologique. Et si l'on prend l'exemple de 2022, les périodes estivales et hivernales de la fin d'année sont davantage en phase avec les saisons météo qu'avec les saisons calendaires, mais pas totalement.

Un bouleversement bien réel des saisons en France

Car il y a aussi un vrai bouleversement de la météo, en lien avec le changement climatiquechangement climatique. En ce qui concerne l'été de six, voire sept mois, que nous avons connu en 2022, les saisons météorologiques ne sont pas forcément décalées, elles sont en fait allongées, selon Alain Mazaud, chercheur émérite au Laboratoire des Sciences du climatclimat et de l'environnement (LSCE) : d'une manière générale, « le printemps météorologique démarre plus tôt, puis l'été aussi car, avec le réchauffement, les masses d'airmasses d'air chaud arrivent plus tôt. L'automne dure également plus longtemps et l'hiver est plus réduit, avec moins de gelées et des coups de froid moins intenses [...] Avec le réchauffement global, l'air qui remonte est déjà plus chaud à la base et arrive en plus grande quantité. Cet air sec est issu de la cellule de Hadley qui a tendance à grossir et remonter, et davantage d'air chaud peut atteindre nos latitudeslatitudes ».

Les oscillations du jet-stream ont également tendance à être de plus en plus grandes, donnant lieu à des situations de blocage sans fin. Le jet-stream polaire, qui influence la météo sur le continent américain et européen notamment, ne circule plus de manière aussi fluide qu'avant, d'ouest en est. Il se déforme de plus en plus en prenant des détours et cela a donc pour conséquence d'emprisonner les masses d'air chaud et froid, mais aussi, les dépressions. En ce qui concerne les conditions hivernales précoces de 2022, le climatologueclimatologue Davide Faranda du LSCE a pu constater qu'avec « le changement climatique, les coups de froid sont plus brutaux, mais se produisent moins souvent qu'avant. Avant, ce type de situation se produisait régulièrement en mars, et maintenant c'est davantage en décembre et en janvier ».

Même si la variabilité naturelle des saisons joue aussi un rôle dans le décalage observé récemment, rappelons que l'Europe de l'Ouest, dont la France, est l'une des zones de l'hémisphère nord les plus touchées par le réchauffement climatique et ses conséquences.