Nos lointains ancêtres mammifères appréciaient la vie nocturne. Puis, certains d’entre eux au moins se sont aventurés dans la lumière du jour, profitant pour cela, selon une récente étude scientifique, de la disparition des dinosaures.

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    « Nous avons constaté que les activités diurnesdiurnes des mammifères ont fait leur apparition juste après la disparition des dinosaures », annonce Roi Maor, biologiste à l'université de Tel Aviv (Israël). Juste après ? Quelque 200.000 ans tout de même. « Le temps d'un clin d'œilœil du point de vue de l'évolution », assure l'équipe de chercheurs responsables de l'étude.

    Rappelons qu'historiquement, les mammifères sont des animaux nocturnes. En témoignent leurs sens, qui, pour certains d'entre eux, gardent encore aujourd'hui les traces d'une vie axée sur la nuit : une vision souvent performante de nuit, un odoratodorat et une ouïe particulièrement développés. En témoignent également quelques indices fossiles, comme la forme des orbitesorbites oculairesoculaires ou des cavités nasales. Mais ces indices peuvent être trompeurs.

    Gorilles, gibbons et tamarins semblent avoir été parmi les premiers séduits par la lumière du jour après l’extinction des dinosaures, même si, comme pour les autres mammifères, le passage d’une vie nocturne à une vie diurne a demandé quelques millions d’années. © Alexas_Fotos, Pixabay, CC0

    Gorilles, gibbons et tamarins semblent avoir été parmi les premiers séduits par la lumière du jour après l’extinction des dinosaures, même si, comme pour les autres mammifères, le passage d’une vie nocturne à une vie diurne a demandé quelques millions d’années. © Alexas_Fotos, Pixabay, CC0

    Les primates parmi les premiers mammifères diurnes

    Pour se faire une idée plus précise, des chercheurs ont donc noté les préférences (jour ou nuit) de près de 2.500 espèces de mammifères vivants. Puis, ils ont remonté leurs arbres généalogiques pour retrouver les premiers de leurs ancêtres à avoir opté pour une vie de jour. D'après leurs conclusions, le basculement a eu lieu presque au même moment que l'extinction des dinosaures.

    Les ancêtres des primates semblent avoir été parmi les premiers à acquérir des habitudes diurnes. C'est peut-être la raison pour laquelle les singes et les Hommes jouissent d'une capacité plus importante à distinguer les couleurs (comme les animaux ayant toujours vécu de jour) et, en contrepartie, d'un odorat et d'une ouïe moins sensibles que la plupart des autres mammifères.


    La disparition des dinosaures a fait grandir les mammifères

    Une équipe internationale montre que la disparition des dinosaures a permis aux mammifères de toute la planète d'accroître leurs tailles, parfois d'un facteur mille à l'échelle des millions d'années.

    Article paru le 01/12/2010

    Après la grande extinction du PermienPermien-|f38091159d7c991828fd2ce22fb1a702| (il y a environ 252 millions d'années) et en quelques dizaines de millions d'années, les premiers dinosaures et les premiers mammifères apparaissent sur Terre. Les dinosaures vont rapidement s'imposer et bloquer aussi bien la diversification que la croissance en taille des mammifères. Ce n'est que lorsque l'astéroïdeastéroïde 298 Baptistina aura provoqué leur extinction massive qu'une explosion radiativeexplosion radiative évolutive pourra se produire chez les mammifères.

    Voir aussi

    Enquête sur la disparition des dinosaures

    Un groupe de paléontologuespaléontologues, biologistes (spécialistes de l'évolution) et de macro-écologistes mené par Felisa Smith (de l'université de New Mexico) vient de confirmer qu'à partir de la crise KT (entre CrétacéCrétacé et Tertiaire, ou cénozoïquecénozoïque, il y a 65 millions d'années) se produit sur tous les continents une croissance de la taille des nouvelles espècesespèces de mammifères. Ce serait donc bien grâce à la disparition des dinosaures que des géants comme le baluchithère ont pu fouler le sol de la Planète bleuePlanète bleue.

    Une clé, la taille des dents

    Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont patiemment constitué pendant trois ans une banque de données sur la taille maximale des membres de grands ordres et groupes de mammifères terrestres comme les Proboscidiens (Proboscidea) et les Périssodactyles (Perissodactyla). Les premiers sont les mammifères à trompe, dont font partie nos actuels éléphants et de nombreuses espèces disparues comme les mammouths et les mastodontes. Les seconds, quant à eux, désignent les équidés (cheval, âne, zèbre, etc.), les tapiridés (tapirtapir) et les rhinocérotidés (rhinocérosrhinocéros). Les paléontologues et biologistes ont également analysé le superordre des XénarthresXénarthres (Xenarthra), un groupe de mammifères placentaires présents de nos jours uniquement en Amérique. Il comprend les fourmiliersfourmiliers, les paresseuxparesseux et les tatoustatous.

    Pour Felisa Smith, « cette base de donnéesbase de données est unique. Très complète, elle contient des mammifères de tous les continents depuis l'extinction des dinosaures. Nous avons estimé la taille du corps à partir de celle des dents fossiles, qui sont les parties les plus généralement préservés des mammifères ».

    Le baluchitère, cousin du rhinocéros, découvert au Balouchistan, est à ce jour le plus grand mammifère terrestre connu. Il devait peser jusqu'à 20 tonnes. © 2001 Ex-Machina

    Le baluchitère, cousin du rhinocéros, découvert au Balouchistan, est à ce jour le plus grand mammifère terrestre connu. Il devait peser jusqu'à 20 tonnes. © 2001 Ex-Machina

    Une réponse évolutive uniforme

    De façon surprenante, l'augmentation de taille des mammifères au cours du temps se retrouve sur tous les continents et tous ces animaux, quelles que soient leurs habitudes alimentaires. Ainsi, la taille maximale des mammifères a commencé à augmenter fortement il y a environ 65 millions d'années, atteignant un sommet pendant l'OligocèneOligocène (il y a environ 34 millions d'années) en Eurasie, et de nouveau dans le MiocèneMiocène (il y a environ 10 millions d'années) en Eurasie et en Afrique.

    Toujours selon Smith, toutes les données suggèrent que des contraintes écologiques similaires ont déclenché une même réponse évolutive. Il semblerait que ces contraintes soient le climatclimat global et l'espace vital disponible pour les mammifères à un moment donné. Ainsi, plus le climat était froid et l'espace vital étendu, plus la taille maximale des animaux était importante.