De plus en plus de touristes se pressent pour tenter de gravir l’Everest. Ils y laissent forcément quelques traces. Des déchets. Leur corps, parfois. Et une preuve aussi invisible qu’indélébile que des chercheurs viennent tout juste d’identifier.


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    L'Everest. Tout le monde le connait. De nom du moins. C'est le sommet le plus haut du monde. Il culmine à près de 8 850 mètres d'altitude. Il grandit d'ailleurs toujours de quelques millimètres par an. Les plus aventureux d'entre nous ont peut-être déjà envisagé de se lancer dans son ascension. Une ascension périlleuse. Chaque année, des alpinistes y laissent la vie. Et, détail sordide, leurs corps sont généralement abandonnés sur place. Certains servent même aujourd'hui de repère aux grimpeurs...

    Le saviez-vous ?

    L’Everest serait apparu il y a quelque 50 millions d’années. Au cœur de la chaîne de l’Himalaya. À cheval sur ce qui constitue aujourd’hui la frontière entre le Népal et le Tibet. Le résultat de la rencontre entre la plaque tectonique indienne et la plaque eurasienne.

    L'inquiétant, c'est que l'Everest attire de plus en plus de curieux. Entre 1953 et 1993, à peine plus de 500 alpinistes chevronnés en avaient réussi l'ascension. Aujourd'hui, ils sont près de 6 500 à avoir atteint le toit du mondele toit du monde. Dès l'ouverture de la saison, les touristes, même inexpérimentés, se ruent à l'assaut de la montagne. Et ils laissent des traces de leur passage. Les sherpas parlent des déchets abandonnés par les grimpeurs et qu'ils sont obligés de redescendre pour nettoyer le sommet.

    Mais des chercheurs de l’université du Colorado (États-Unis) rapportent aujourd'hui que, sur le toit du monde, les touristes ne laissent pas que des déchets. « Il y a une signature humaine figée dans le biome de l'Everest », raconte Steve Schmidt, professeur d'écologie et de biologie évolutive, dans un communiqué. Comprenez que son équipe y a trouvé des microbes gelés, capables de résister à des conditions difficiles à haute altitude et rester en sommeilsommeil dans le sol pendant des décennies, voire des siècles.

    Des microbes étonnamment résistants

    C'est la première fois que des chercheurs utilisent des technologies de séquençageséquençage de gènesgènes de nouvelle génération pour analyser les sols à une altitude aussi élevée. Et ils s'attendaient un peu à y trouver des micro-organismesmicro-organismes. Parce qu'ils le savent, les microbes sont partout. Ils en ont déjà trouvé dans les Andes, en AntarctiqueAntarctique et en ArctiqueArctique. Mais jamais autant de microbes associés à l'Homme que ce qu'ils ont trouvé sur l'Everest. Le Staphylococcus, notamment, l'une des bactériesbactéries cutanées et nasales les plus courantes chez les humains, et le Streptococcus, un genre dominant dans nos bouches.

    Autre point qui les a étonnés : le fait que certains de ces microbes, alors qu'ils se sont développés dans des environnements chauds et humides -- notre neznez ou notre bouche --, s'avèrent suffisamment résistants pour survivre -- à l'état dormantdormant -- dans les conditions difficiles qui règnent sur l'Everest. Ils notent même qu'un champignonchampignon du genre Naganishia qu'ils y ont trouvé en abondance pourrait profiter du moindre rayon de soleilsoleil et de quelques disponibilités en eau pour prospérer. Même momentanément.

    Tout cela, heureusement, ne devrait pas impacter significativement l'environnement de l'Everest. Mais ces travaux pourraient avoir des répercussions dans d'autres domaines. Celui de la recherche de vie ailleurs dans notre Univers. « Nous pourrions trouver de la vie sur des planètes froides, comme Mars, souligne Steve Schmidt. Et lorsque nous nous y rendrons, nous devrons faire très attention à ne pas contaminer ces planètes avec nos microbes ».