Avec le lancement réussi du troisième satellite Meteosat de deuxième génération, l’Europe sécurise ses capacités d’observation et de prévisions météorologiques au-dessus de l’Europe et de l’Afrique. Mais déjà se prépare la troisième génération qui garantira la continuité du service. Futura-Sciences a interrogé Jean-Jacques Juillet, le directeur des programmes observation optique et des sciences chez Thales Alenia Space, l’industriel en charge du programme Meteosat.

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    Après avoir été lancé par une Ariane 5 ECA, le satellite de météorologie MSG-3 devrait être transféré à son propriétaire, l'organisation européenne pour l'exploitation de satellites météorologiques (Eumetsat) qui procédera à la recette de sa charge utile avant sa mise en service. Il prendra alors le nom de Meteosat-10.

    Depuis leur position géostationnaire, les satellites Meteosat ont une vue imprenable sur toute une face de notre planète. Le but étant de suivre des phénomènes climatiques avec plusieurs jours d'avance et sur plusieurs milliers de kilomètres de distance, conditions nécessaires pour prévoir le temps avec quelques jours d'avance.

    MSG : la science de la météo avance

    Depuis le début de ce programme, s'il est toujours difficile de prévoir le temps qu'il fera demain, force est de constater que le « degré de fiabilité des prévisions est en augmentation croissante », explique Jean-Jacques Juillet (en charge du programme Meteosat) à Futura-Sciences. Aujourd'hui, la prévision à 5 jours « est devenue régulière » et depuis quelques années, on a des « prévisions données au grand public qui vont de 5 à 7 jours, ce qui est nouveau ».

    Exemple de carte de prévisions météorologiques tracée à partir de données fournies par Meteosat. © Météo France/Eumetsat

    Exemple de carte de prévisions météorologiques tracée à partir de données fournies par Meteosat. © Météo France/Eumetsat

    Avec MSGMSG-3, il ne s'agit pas seulement d'une mission d'imagerie de la Terre. Ce satellite embarque un « instrument pour détecter les éclairs et un de type ASI pour faire des colonnes d'atmosphère de façon à mesurer bon nombre de paramètres ». Cela dit, pour optimiser la qualité des prévisions météorologiques, « on travaille à l'amélioration de la définition des modèles de fonctionnement de l'atmosphère » et la puissance de calcul des ordinateursordinateurs, « capables de modéliser toute l'atmosphère terrestre et de faire tourner les modèles de prévisions ».

    Autre facteur qualitatif, Eumetsat reprend actuellement les données vieilles de 20 ans et les retraite avec les outils d'aujourd'hui pour améliorer les modèles de prévisions.

    La troisième génération en préparation

    Si sept satellites de première génération ont été lancés et quatre de la deuxième génération le seront, il est prévu six satellites de troisième génération (quatre imageurs et deux sondeurs). Le développement de la troisième génération a démarré fin 2010. D'une génération à une autre, l'objectif est « d'aller vers une répétitivité plus grande, une augmentation des bandes de fréquencesbandes de fréquences d'observation et de résolutionrésolution (pixelspixels plus petits) ».

    Entre la première génération et la deuxième, on a « amélioré la rapiditérapidité de la couverture » en passant d'une image toutes les 30 min, à une image toutes les 15 min et augmenté « le nombre de bandes spectrales », passant de 3 à 12. La résolution, elle, « s'est faite plus fine », passant de 2,25 km à 1 km pour les images acquises dans le visible et de 4,25 à 3 km pour celles réalisées dans l'infrarougeinfrarouge. Quant aux satellites de troisième génération, la « prise de vue se fera toutes les 10 minutes » et il sera possible de le « faire dans 16 bandes spectrales ». La résolution des images sera de 500 m dans le visible et de 1 à 2 km dans l'infrarouge.

    Des satellites stabilisés trois axes avec des panneaux solaires

    Point important, si les Meteosat de première et deuxième génération sont de forme cylindrique et stabilisés par leur rotation, « comme une toupie », ceux de la « troisième génération seront stabilisés trois axes, comme la grande majorité des satellites ». Ce changement de plateforme s'explique par le principal inconvénient qu'induisaient les satellites Meteosat stabilisés par leur rotation, 50 tours par minute pour ceux de la première génération et 100 tours par minute pour ceux de la deuxième.

    À chaque tour, les instruments ne sont pointés vers la Terre que pendant 5 % de la période de rotationpériode de rotation. Ils ne peuvent donc rien mesurer 95 % du temps. Les plateformes stabilisées selon les trois axes des futurs satellites Meteosat « permettront aux instruments d'être en permanence pointés vers la Terre » et par conséquent de porter le temps d'observation des instruments à 100 %, « indispensable pour satisfaire les besoins futurs ».