La fonte accélérée des glaciers a entraîné la formation de nombreux lacs dans les Alpes depuis un siècle et demi. Avec un risque d’inondation soudaine pour les populations en aval.


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    Dans les Alpes suisses, la fonte des glaciers a créé près de 1.200 nouveaux lacs depuis la fin du Petit Âge glaciaire en 1850, selon une nouvelle étude de l'Institut fédéral suisse des sciences et technologies de l'eau (Eawag) et de l'université de Zurich. Lorsque les glaciers se retirent, ils laissent souvent derrière eux des dépressions et des bassins qui, en se remplissant d'eau de fontefonte, forment de nouveaux lacs. Or, avec l'accélération du réchauffement climatique, la fonte s'accélère. Ils ont perdu l'an dernier 2 % de leur volumevolume, selon l’étude annuelle des Académies suisses des sciences.

    Dix-huit nouveaux lacs chaque année

    Après un pic initial entre 1946 et 1973, où près de huit nouveaux lacs sont apparus en moyenne chaque année, le nombre de lacs a connu un bref déclin avant d'augmenter fortement entre 2006 et 2016, avec dix-huit nouveaux lacs apparaissant chaque année. Le plus grand lac formé mesure 40 hectares, même si la plus grande partie ont une surface inférieure à un hectare. Parmi les nouveaux lacs glaciaires, 187 ont toutefois complètement disparu au cours des 170 dernières années ou ont diminué à moins de 200 mètres carrés (0,02 hectare).

    Cet inventaire exhaustif a pu être effectué avec des données accumulées grâce aux cartes Dufour réalisées entre 1840 et 1870 puis, sur des photographiesphotographies aériennes prises en 1946 et des données de Swisstopo, l'Office fédéral de topographie. Il apporte « une preuve visible du changement climatique dans les Alpes », attestent les chercheurs. Et si les lacs attirent parfois les touristes, ils peuvent présenter un risque de vidange soudaine en cas de rupture d'un barrage, et donc de risque d’inondation pour les populations en contrebas.


    Changement climatique : le nombre de lacs glaciaires a explosé en 30 ans

    Article de Julie KernJulie Kern, publié le 06/09/2020

    Avec le réchauffement climatique, les glaciers aux quatre coins du monde reculent et fondent. En conséquence, des lacs glaciaires se forment dans les montagnes, comme en témoigne cette vidéo. En trente ans, ces lacs se sont multipliés et pourraient menacer les populations qui vivent à proximité.

    Futura a souvent relayé des informations concernant la fonte des glaciers aux pôles mais aussi celle des glaciers dits « tropicaux » qui sont majoritairement situés dans des chaînes de montagne à des latitudes moyennes à hautes. Lorsque les glaciers fondent en Arctique ou en Antarctique, l'eau devenue liquideliquide contribue à l'augmentation du niveau de la mer, mais dans les glaciers qui se trouvent en montagne, l'eau suit la géologiegéologie du terrain. Elle se charge de débris rocheux (morainemoraine) ou de morceaux de glace, avant de former un lac glaciaire.

    Entre les années 1990 et la fin des années 2010, le nombre de ces lacs glaciaires a augmenté de 53 %. Ces résultats ont été obtenus grâce à l'analyse de 254.795 images prises par le satellite LandsatLandsat, le premier programme spatial civil d'observation de la Terreobservation de la Terre, dont le dernier satellite a rejoint l'espace en 2013.

    En trente ans, environ 5.000 nouveaux lacs glaciaires se sont formés

    Grâce aux données de Landsat et d'un modèle informatique ajouté à Google EarthGoogle Earth Engine, les scientifiques à l'origine de ce travail ont pu quantifier le nombre de lacs glaciaires à travers le monde mais aussi dans quelles proportions ces derniers ont augmenté de taille et de volume.

    Entre 1990 et 1999, on dénombrait 9.414 lacs glaciaires pour une surface totale estimée de 5.930 km2 et un volume estimé de 105,7 km3 d'eau. Un nouveau décompte a été réalisé entre 2015 et 2018 et ce sont 14.394 lacs glaciaires qui ont été répertoriés pour une surface estimée totale de 8.950 km2 et un volume estimé de 156,5 km3 d'eau. En presque trente ans, le nombre de lacs glaciaires a augmenté de 53 %, leur volume de 48 % et leur surface de 51 %.

    La carte globale des lacs glaciaires : leur volume (échelle colorée) et leur surface en fonction de la longitude et la latitude. © Dan H. Shugar et <em>al. Nature Climate Change</em>
    La carte globale des lacs glaciaires : leur volume (échelle colorée) et leur surface en fonction de la longitude et la latitude. © Dan H. Shugar et al. Nature Climate Change

    Un risque pour les populations qui vivent à proximité

    La plupart des lacs glaciaires se situent à des latitudes moyennes à hautes. Les plus grands sont situés en Alaska, au Canada, en Scandinavie au Groenland et en Patagonie. C'est en Islande, en Scandinavie et en Russie que les lacs qui grandissent le plus vite ont été repérés. Par exemple, en Russie des lacs ont vu leur volume augmenter de 152 %. Mais ces lacs sont plutôt petits et donc malgré leur expansion rapide, leur volume n'est pas significatif.

    En Patagonie, d'autres lacs glaciaires grandissent aussi, mais ceux-là sont beaucoup plus grands. La surface combinée des trois plus grands lacs de la région a augmenté de 27 km2 entre les années 1990 et 2018.

    Au total, les lacs glaciaires contiennent un volume d'eau qui pourrait faire augmenter le niveau de la mer de 0,43 millimètre. Ils représentent aussi un risque pour les populations qui vivent en aval de ces lacs car ils ne sont pas aussi stables que les autres lacs. « C'est un problème dans de nombreuses régions du monde, où des gens vivent en aval de ces lacs instables, surtout dans les Andes et des endroits comme le Bhoutan ou le Népal, où des inondationsinondations peuvent être dévastatrices », explique Dan H. Shugar, premier auteur de l'étude.

    Un parc naturel englouti par un lac : plongée sous-marine en 21 photos

    Sentier immergé par le lac VertLe lac Vert, au pied des Alpes autrichiennesLe pont inondé du Grüner SeeUn arbre englouti par le lac VertSentier de randonnée pédestre immergéUn banc emprisonné dans les eaux du lac VertUn conifère sous les eauxDépart de plongée sous-marine dans le lac VertLe monde enchanté du lac VertPromenade sous-marine dans le lac VertLe lac Vert en fisheyeLa forêt enchantée du lac VertLa forêt inondéeUne prairie inondéeUne plongée au pied de l'arbreUn réservoir annexe du lac VertUne passerelle immergée en mai, émergée le reste de l’annéeLa passerelle engloutie par le lac VertLe banc du Grüner See, ou lac Vert, bientôt sous les eauxLe seul banc au sec autour du lac VertPromenade palmée en forêt
    Sentier immergé par le lac Vert

    Le lac Vert est cristallin et la luminositéluminosité si bonne que Marc Henauer n'a pas utilisé de filtre pour prendre ces photos. « J'ai travaillé uniquement en lumièrelumière naturelle (sans flashflash) afin de conserver l'ambiance exceptionnelle du lieu. Je n'ai pas utilisé de filtre pour cette série, les couleurscouleurs sont fidèles à la réalité. En post-traitement, je devais même réduire la saturation tant l'herbe est d'un vert pétant », nous expliquait-il.

    © Marc Henauer, www.nitrogenic.com