Cette année, l'évènement Planète CAVEM, ce rendez-vous dédié à l'environnement et au développement durable, présente un cycle de l'eau hors du commun, de la Méditerranée jusqu'aux sources et inversement. Qui de mieux pour sensibiliser à ce thème que le plongeur et photographe sous-marin Laurent Ballesta : il vient de passer 28 jours en immersion dans la Grande Bleue, entre Marseille et Monaco, dans le cadre de l'expédition Gombessa V (« Planète Méditerranée »). Il nous en dévoilera les coulisses lors d'une conférence exceptionnelle à suivre en direct sur Facebook le 4 octobre à 21 h.


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    Six ans déjà ont passé depuis l'inoubliable expédition Gombessa I au large de l'Afrique du Sud, du nom local (gombessa) donné au cœlacanthe, ce poisson fabuleux que l'on a longtemps cru éteint voici 65 millions d'années. Poursuivant sa quête des lieux sous-marins les plus fascinants du globe et des créatures mythiques qu'ils recèlent, le biologiste, photographe et plongeur Laurent Ballesta a été témoin d'un rassemblement de mérous en Polynésie Française (Gombessa II en 2014), s'est immergé dans les profondeurs de l'océan Austral (Gombessa III en 2015) et, de retour en Polynésie, a nagé parmi des centaines de requins gris (Gombessa IV en 2017).

    Pas plus tard qu'en juillet dernier, Laurent Ballesta a de nouveau marqué les esprits en plongeant dans notre arrière-cour, la mer Méditerranée, entre Marseille et Monaco, lors de l'expédition Gombessa V (« Planète Méditerranée »). Avec ses trois coéquipiers, il a virtuellement élu domicile à 120 mètres de fond en restant pendant 28 jours dans une station bathyale conçue pour reproduire 24 h/24 les contraintes équivalentes à cette profondeur. Chaque jour, la capsule était immergée afin de permettre en moyenne 6 heures quotidiennes de plongée et de prélèvement sans nécessité de décompression. À peine sorti de cette expérience humaine, scientifique et technologique exceptionnelle, également épreuve pour le corps, le biologiste-plongeur a accepté d'en livrer des détails le 4 octobre prochain, lors de la soirée d'ouverture du forum de l'environnement et du développement durable Planète CAVEM 2019, au Théâtre Le Forum à Fréjus (Var). Une conférence évènement à suivre aux premières loges depuis chez soi grâce à une retransmission en direct sur le FacebookFacebook de Futura.

    Pour la cinquième expédition Gombessa, Laurent Ballesta et ses trois coéquipiers, Thibault Rauby (le plongeur au premier plan sur la photo ci-dessus), Yannick Gentil et Antonin Guilbert, ont passé 28 jours dans une capsule pressurisée reproduisant les conditions subies à 120 mètres de profondeur. Chaque jour, ils ont exploré un site différent de la Méditerranée, entre Marseille et Monaco. © Laurent Ballesta, Andromède Océanologie, Gombessa V
    Pour la cinquième expédition Gombessa, Laurent Ballesta et ses trois coéquipiers, Thibault Rauby (le plongeur au premier plan sur la photo ci-dessus), Yannick Gentil et Antonin Guilbert, ont passé 28 jours dans une capsule pressurisée reproduisant les conditions subies à 120 mètres de profondeur. Chaque jour, ils ont exploré un site différent de la Méditerranée, entre Marseille et Monaco. © Laurent Ballesta, Andromède Océanologie, Gombessa V

    Aïgo, la CAVEM au fil de l'eau

    Pour sa quatrième édition, le forum organisé par la Communauté d'agglomération Var-Estérel-Méditerranée (CAVEM) s'intitule « Aïgo, la CAVEM au fil de l'eau », où « Aïgo » signifie « eau » dans le dialecte provençal. Par bien des aspects, l'évènement 2019 s'inscrit directement dans la lignée de l'édition précédente, portant alors sur « Notre "mère" Méditerranée dans tous ses états ». Eau salée, eau saumâtre, eau douce, eau polluée, eau purifiée... Cette année, l'eau sous toutes ses formes tient la tête d'affiche, depuis cette fameuse mer jusqu'aux sources potables, en passant par les zones humides et les rivières.

    L'évènement Planète CAVEM revient cette année du 4 au 11 octobre pour une quatrième édition, centrée sur le thème de l'eau. © CAVEM
    L'évènement Planète CAVEM revient cette année du 4 au 11 octobre pour une quatrième édition, centrée sur le thème de l'eau. © CAVEM

    « Eici, l'aigo es d'or » (Ici, l'eau est d'or), clame-t-on dans la région, nous rappelle Frédéric Ferrero, directeur du Pôle environnement de la CAVEM. Pour appuyer ce point, la Communauté d'agglomération présentera le 4 octobre un court-métrage d'une douzaine de minutes, intitulé également Aïgo, la CAVEM au fil de l'eau, qui retrace le cycle de l'eau à l'échelle de son territoire, dessiné par les espaces naturels ou transformés et par les diverses installations mises en place pour gérer cette ressource centrale.

    « On part de la mer et on finit par la mer, décrit Frédéric Ferrero. Au départ de la mer, on a le travail de l'Observatoire marin de la CAVEM. Ensuite, on passe aux zones de transition que sont les étangs de Villepey, une zone humide d'importance internationale classée Ramsar, propriété du Conservatoire du littoral et gérée par la CAVEM. Cette zone tampon nous fait remonter aux cours d'eau, et notamment au fleuve Argens et à sa plaine alluviale, une des plus fertiles d'Europe selon certains », poursuit-il. D'ordinaire fleuve tranquille, c'est par la puissance de ses crues, destructrices mais également bénéfiques pour l'écosystèmeécosystème, que l'Argens a rendu cette plaine si fertile, en y déposant « des couches de limonlimon assez extraordinaires ».

    « Dans cette plaine on trouve aussi les pompages dans la nappe phréatiquenappe phréatique » qui approvisionnent les populations en eau domestique, le milieu agricole en eau d'irrigationirrigation, les entreprises en eau industrielle. Bouclant la boucle, toutes ces eaux uséeseaux usées résultant de l'activité humaine seront in fine rejetées à la mer, après un passage obligé par la case « traitement » au sein des stations d'épuration gérées par la Communauté d'agglomération. « Ces stations sont toutes passées à l'ère biologique depuis dix ans », nous informe le directeur du Pôle environnement de la CAVEM.

    Au croisement de la technologie, de la science et de la photographie, l'expédition Gombessa V était l'occasion pour les quatre aventuriers-plongeurs d'observer des milieux marins exceptionnels de Méditerranée, tel que par exemple ici un massif coralligène au niveau du Cap Lardier (Var). Comme partout ailleurs dans le monde, les coraux méditerranéens sont menacés par le réchauffement, l'acidification et la pollution des océans due aux activités humaines. © Laurent Ballesta, Andromède Océanologie, Gombessa V
    Au croisement de la technologie, de la science et de la photographie, l'expédition Gombessa V était l'occasion pour les quatre aventuriers-plongeurs d'observer des milieux marins exceptionnels de Méditerranée, tel que par exemple ici un massif coralligène au niveau du Cap Lardier (Var). Comme partout ailleurs dans le monde, les coraux méditerranéens sont menacés par le réchauffement, l'acidification et la pollution des océans due aux activités humaines. © Laurent Ballesta, Andromède Océanologie, Gombessa V

    En matièrematière de dépollutiondépollution de l'eau, la bête noire des stations d'épuration est la contamination par les traitements médicamenteux (antibiotiquesantibiotiques, œstrogènesœstrogènes, etc.) provenant des hôpitaux et des cliniques, nombreux sur le territoire, mais aussi des rejets humains domestiques. Ces moléculesmolécules sont « les plus difficiles à bloquer, déplore Frédéric Ferrero. L'objectif est donc d'éviter les rejets de médicaments en amont », donc d'instaurer de bonnes pratiques notamment dans les établissements de santé. En outre, la CAVEM traque actuellement ce qu'on appelle les « eaux parasitesparasites » (il s'agit en clair de l'eau pluviale), car les stations seraient obligées d'évacuer le trop-plein d'eau sans le traiter si elles excédaient leur capacité. L'autre cheval de bataille de la CAVEM est de stopper le gaspillage, d'une part en minimisant les fuites sur les canalisationscanalisations et d'autre part en recyclant les eaux grises, issues de l'usage domestique.

    Compenser l'impact qu’on a eu sur l'environnement en faisant des efforts

    À l'échelle nationale, 25 à 30 % de l'eau potable est perdue à cause des fuites. « Nous sommes sans doute, après Paris, l'un des territoires les plus vertueux », affirme Frédéric Ferrero. Pour atteindre ce statut, tout le réseau de canalisations a été remis à neuf et le volumevolume d'eau est contrôlé au niveau des compteurs et à l'arrivée des stations d'épuration. « Les services compétents à la CAVEM vont aussi essayer le "re-use" (réutilisation) », révèle notre interlocuteur. Dès la fin de cette année, les eaux usées chaudes transportées dans les canalisations à proximité vont permettre de chauffer le Théâtre Le Forum, réduisant ainsi l'utilisation du gazgaz. Début 2021, conformément à la réglementation sanitaire en vigueur en France, l'eau traitée par la station d'épuration d'Agay servira par ailleurs à arroser le golf de Cap-Estérel. « Le re-use en est à ses balbutiements au niveau du territoire », constate Frédéric Ferrero. La CAVEM imagine déjà d'autres possibilités, telles que l'installation de récupérateurs individuels d'eau de pluie ou des eaux d'évacuation dans les foyers pour l'arrosage, les sanitaires, les aires de lavages pour véhicules, etc.

    Les économies réalisées grâce à ces actions vont être, en partie, réinjectées dans la préservation des zones naturelles et de la Méditerranée, en donnant par exemple des moyens au nouvel Observatoire du milieu marin, ainsi que dans la sensibilisation du public. « C'est compenser l'impact qu'on a eu sur l'environnement en faisant des efforts », nous dit Frédéric Ferrero. Et c'est aussi vérifier que cet impact reste limité, que l'eau renvoyée à la mer a bien été épurée et que les organismes marins ne pâtiront pas de ces rejets. Voilà le message que souhaite faire passer le court-métrage Aïgo, la CAVEM au fil de l'eau.

    Bande-annonce du court-métrage Aïgo, la CAVEM au fil de l'eau, qui sera dévoilé lors de la soirée d'ouverture de la manifestation Planète CAVEM 2019 le 4 octobre. © CAVEM

    Les coulisses de l'expédition Gombessa V par Laurent Ballesta, en Live

    La Méditerranée est une des mers les plus polluées du monde, mais c'est une « extraordinaire résistante », a déclaré aux journalistes le biologiste-plongeur Laurent Ballesta en revenant de ses 28 jours d'immersion dans les profondeurs de la Grande Bleue pour l'expédition Gombessa V. Brisant les codes par rapport aux éditions antérieures, où les conférenciers prenaient la parole lors de la soirée de clôture, c'est au lancement du forum Planète CAVEM début octobre, que l'on aura l'occasion d'entendre Laurent Ballesta.

    « Il est notre invité d'honneur cette année parce que c'est la suite logique, après Jean-Michel CousteauJean-Michel Cousteau », qui avait tenu un discours fort sur la préservation de la Méditerranée à l'occasion de l'édition 2018. « Si Laurent Ballesta en est venu aux expéditions Gombessa, c'est parce qu'il a été fasciné par tous les reportages faits à l'époque de Jacques-Yves CousteauJacques-Yves Cousteau, témoigne Frédéric Ferrero. Il s'impose aussi car c'est un Méditerranéen [il vient de Montpellier] et parce qu'il a ce côté profondément humain. C'est un jeune papa et un scientifique qui s'émerveille encore de tout. »

    L'équipe de quatre plongeurs, avec de gauche à droite Laurent Ballesta, Yannick Gentil, Antonin Guilbert et Thibault Rauby, devant la station bathyale à quai (en jaune) grâce à laquelle ils ont plongé chaque jour par 100 mètres de fond sans la contrainte des paliers de décompression, dans le cadre de l'expédition Gombessa V (Planète Méditerranée) en juillet 2019. © Laurent Ballesta, Andromède Océanologie, Gombessa V
    L'équipe de quatre plongeurs, avec de gauche à droite Laurent Ballesta, Yannick Gentil, Antonin Guilbert et Thibault Rauby, devant la station bathyale à quai (en jaune) grâce à laquelle ils ont plongé chaque jour par 100 mètres de fond sans la contrainte des paliers de décompression, dans le cadre de l'expédition Gombessa V (Planète Méditerranée) en juillet 2019. © Laurent Ballesta, Andromède Océanologie, Gombessa V

    Comme avec toutes les expéditions antérieures, les merveilleuses images tournées pendant Gombessa V seront compilées dans un documentaire, à paraître en 2020 sur Arte. Mais lors de sa conférence pour Planète CAVEM, Laurent Ballesta dévoilera en avant-première « Les coulisses de l'expédition Gombessa V (Planète Méditerranée) ». Pour ne rien manquer de cet évènement, rendez-vous sur notre page Facebook où seront retransmises en direct la conférence de Laurent Ballesta, ainsi qu'une interview exclusive.

    Programme du Live Facebook le 4 octobre :

    • À partir de 20 h : interview exclusive de Laurent Ballesta au micro de Futura ;
    • À partir de 21 h : conférence « Les coulisses de l'expédition Gombessa V (Planète Méditerranée) » de Laurent Ballesta.

    Honneur à la sensibilisation et la pédagogie

    Cette année, la tenue d'une soirée inaugurale offre l'opportunité de présenter le programme alléchant du forum Planète CAVEM, qui se poursuit la semaine suivante du 8 au 11 octobre. Les maîtres-mots pour cette quatrième édition sont la sensibilisation et la pédagogie, nous dit le directeur du Pôle environnement de la CAVEM.

    La mer, l’eau, c’est quelque chose de fondamentalement bon

    « La mer, l'eau, c'est quelque chose de fondamentalement bon. Il faut qu'on s'unisse tous pour la défendre et qu'on attaque le problème non pas à la sortie mais à la source. Agissons avec les jeunes en amont de manière à ce qu'ils puissent effacer l'impact que les deux à trois générations précédentes ont produit, arriver à avoir une terreterre accueillante et à devenir solidaires pour se soutenir entre eux et soutenir l'environnement. »

    À cette fin de sensibilisation, les ateliers proposés aux scolaires ont obtenu le label Fête de la science (celle-ci se déroule du 5 au 13 octobre en France métropolitaine). Une des grandes attractions de l'évènement sera certainement le Sea Explorer, un catamaran dédié aux missions scientifiques qui emmènera les enfants en expédition pour étudier le planctonplancton et observer la faune marine. D'autre part, en plus de sa conférence, Laurent Ballesta propose une projection du documentaire 700 requins dans la nuit, réalisé avec les images de Gombessa IV, ainsi qu'une exposition intitulée « Secrets de méditerranée », montée avec des photos prises lors de plongées du côté de l'Ile d'or (Saint-Raphaël) et du Cap roux (Estérel).

    Bande-annonce de 700 requins dans la nuit (2018), un film réalisé par Luc Marescot à partir de l'expédition Gombessa IV de Laurent Ballesta. Le documentaire sera projeté dans trois lycées de Saint-Raphaël et Fréjus lors de la journée d'ouverture du forum Planète Cavem, le 4 octobre. © Luc Marescot/Laurent Ballesta/Coproduction : ARTE France, Le cinquième rêve, Andromède Océanologie, Les gens bien productions, Filmin’Tahiti, CNRS Images