80 % des fonds marins restent encore à explorer. Mais les progrès réalisés ces dernières années en matière d’intelligence artificielle pourraient aider à cartographier les océans de manière autonome, en haute résolution et dans un temps record.


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    Entre 200 et 600 ans. C'est une estimation du temps qu'il faudrait aux technologies d'hier pour cartographier en HD l'ensemble des fonds marins de la planète. Et c'est sans parler du budget de près de 3 milliards d'euros qui serait nécessaire. Mais une compétition lancée en 2015, le Shell Ocean DiscoveryDiscovery XPrize, pourrait tout changer. Le vainqueur a été désigné il y a quelques jours. Son objectif : réaliser une cartographie complète d'ici 2030.

    Le défi technique est de taille. Car l'environnement est très difficile. L'eau salée, d'abord, est particulièrement corrosive, pour l'électronique comme pour le métalmétal. Les pressionspressions qui règnent dans les fonds marins, ensuite, sont élevées. À la profondeur moyenne de 4.000 mètres, la pression est 400 fois supérieure à celle du niveau de la mer. Et puis, à pareille profondeur, il n'y a pas de lumièrelumière. La communication avec la surface est compliquée. Les aléas climatiques, enfin, peuvent causer des problèmes supplémentaires.

    Un test en milieu réel pour départager les finalistes

    Dans le cadre de la compétition, une zone test d'environ 500 km2 a été désignée dans la région de Kalamata (Grèce). Les finalistes avaient 24 heures pour cartographier, à l'aide d'un engin non habité, au moins 250 km2 de fonds océaniques avec une résolution de cinq mètres - la résolutionrésolution moyenne actuelle étant d'environ un kilomètre - et pour identifier et photographier au moins 10 caractéristiques archéologiques, chimiques, biologiques ou géologiques des lieux. Ils avaient ensuite 48 heures seulement pour compiler leurs données et en tirer des cartes.

    L’équipe Gebco (<em>General Bathymetric Chart of the Oceans</em>) remporte le <em>Shell Ocean Discovery XPrize</em> avec ses deux navires autonomes. Ici, le navire de surface. © Gebco-NF Alumni Team
    L’équipe Gebco (General Bathymetric Chart of the Oceans) remporte le Shell Ocean Discovery XPrize avec ses deux navires autonomes. Ici, le navire de surface. © Gebco-NF Alumni Team

    Cartographier pour mieux comprendre

    « L'équipe gagnante - baptisée Gebco pour General Bathymetric Chart of the Oceans - a même réussi, dans le temps imparti, à cartographier environ 140 km2 avec une précision dépassant celle demandée », commente Jyotika Virmani, responsable de la compétition. Le tout grâce à un navire de surface non habité qui a largué un sous-marin puis l'a retrouvé et rapporté au port. Mais aussi grâce à un système de traitement des données qui a aidé les hydrographes de l'équipe à transformer rapidement toutes les informations recueillies en carte.

    Mais pourquoi vouloir cartographier les fonds marins ? Parce que, pour mieux préserver cet incroyable écosystème que constituent les océans du monde, il faut d'abord le comprendre. Et pour le comprendre, il est indispensable de le cartographier. Ainsi la décennie à venir sera-t-elle, pour les Nations unies, la décennie des sciences de la mer et la cartographie des océans en constituera un objectif majeur.

    La National Oceanic and Atmospheric AdministrationNational Oceanic and Atmospheric Administration (États-Unis), de son côté, offrait une récompense à celui qui serait capable de détecter et de suivre des signaux chimiques et biologiques dans l'océan jusqu'à leur source. Mais aucun concurrent n'a réellement su relever ce défi.