L'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer) a dévoilé son prochain submersible d'exploration sous-marine. Largement autonome, il plongera jusqu'à 6.000 m, embarquant de nombreux instruments de mesure et saura aussi surveiller les pipelines.
[EN VIDÉO] Un sous-marin tortue aide les archéologues à explorer les épaves L’archéologie sous-marine est un domaine exceptionnellement riche mais cette pratique reste risquée, notamment lors de l’exploration d’épaves ou de bâtiments engloutis. Face à ce problème, une équipe de scientifiques tente de développer l'utilisation de robots sous-marins. La chaîne Euronews nous en dit plus dans ce nouvel épisode de Futuris.
Il s'appelle provisoirement A6k et représente la nouvelle génération d'engins lourds d'exploration sous-marine de l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer). Aujourd'hui, outre des « gliders » et des observatoires posés sur le fond, les océanographes français disposent du vénérable Nautile (1984), un mini-sous-marin qui peut embarquer trois personnes (deux couchées et une assise...). Capable de descendre jusqu'à 6.000 m, ce dernier donne accès à 97 % des fonds océaniques. Cependant, il est coûteux à utiliser, avec toute la logistique qu'il impose, et ne peut rester que huit heures sous l'eau.
Depuis 1998, l'imposant Victor (voir ci-dessous) le complète. Sans équipage, ce sous-marin de 4,6 tonnes est relié au navire par un câble : c'est un engin « téléopéré », ou ROV (Remoted Operated Vehicle), ce qui ne l'empêche pas de descendre à 6.000 m. Pour se libérer de cette liaison, qui mobilise des pilotes sur le bateau durant la plongée, l'Ifremer a adopté en 2004 AsterX puis IdefX. Ce sont des « AUV » (Autonomous Underwater Vehicle), des sous-marins autonomes, de 800 kg, capables de rester 14 heures sous l'eau, de communiquer, si besoin, par modem acoustique et d'effectuer seuls une série de mesures programmées. Toutefois, ils ne descendent que jusqu'à 2.850 m.
L'AUV A6k saura suivre sa mission et rester en stationnaire
Conclusion logique : le prochain submersible sera un AUV capable de plonger jusqu'à 6.000 m, d'où le « 6k » dans le nom du projet. L'Ifremer, après un appel d'offre international, a choisi l'entreprise française ECA Group dans le cadre de l'alliance « Coral » (alliance pour le développement de la robotique sous-marine offshore), avec la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et l'Union européenne. L'institut de recherche, lui, est maître d'œuvre du projet et réalisera les instruments scientifiques (voir le communiqué).
Avec son sonar multifaisceau, il pourra cartographier le fond avec précision et en trois dimensions. Doué d'un bon niveau d'autonomie, ce drone sous-marin saura aussi se maintenir en stationnaire au-dessus d'un même point, ce que ne savent pas faire les AUV actuels. La future instrumentation scientifique est qualifiée de « complète » mais il est clair que le petit sous-marin est particulièrement adapté, outre la cartographie, « à des missions telles que l'exploration minière en haute mer, les inspections de pipelines de gaz ou de pétrole, les missions de sauvetage et l'exploration de ressources minérales », comme souligne Claude Cazaoulou, d'ECA Group.
Le reste des spécifications est encore à définir. Il faudra trois années de mise au point, laquelle a déjà commencé. Les premières plongées sont prévues en 2019.
- Le développement du prochain submersible d'exploration de l'Ifremer a commencé.
- L'A6k (nom provisoire) descendra jusqu'à 6.000 m et sera un AUV, sans câble ni pilote.
- Il bénéficiera d'un bon degré d'autonomie et pourra cartographier une zone ou surveiller des installations minières.
Victor, le ROV historique de l'Ifremer
Article de l'Ifremer publié le 10 décembre 2001
Dédié à la recherche scientifique dans le domaine de l'océanographie, Victor est un système téléopéré grande profondeur, instrumenté et modulaire, capable d'effectuer de l'imagerie optique de qualité, d'emporter et opérer divers équipements et outillage scientifique.
La partie inférieure de l'engin est constituée par un module scientifique instrumenté et interchangeable selon la nature de la mission. Il comporte l'essentiel de l'instrumentation ainsi que le panier de prélèvement d'échantillons. Ce système modulaire peut aussi être valorisé et servir de plateforme technologique pour de nouveaux équipements.

Domaines d'intervention :
- Reconnaissance de longue durée de zones en mode chantier (100 x 100 km) ou en mode route.
- Bathymétrie fine et mesures physiques.
- Prélèvement d'échantillons et manipulation d'outillages spécifiques.
- Conçu principalement pour des missions scientifiques, Victor peut intervenir pour des travaux divers (assistance, plateforme technologique).
Références :
- Équipes scientifiques françaises et étrangères.
- Compagnies pétrolières.
Fonctionnalités :
- Prise de vue par caméras vidéo et photo.
- Détection d'objets au sonar panoramique.
- Manipulation et prélèvement grâce à deux bras et à un panier escamotable et isotherme.
- Emport d'équipements complémentaires, outillages spécifiques ou augmentation de la capacité de prélèvement.
- Des outils standard ou spécifiques peuvent être développés et embarqués à la demande,
- Positionnement en surface par « base ultra courte » (capteur installé sur le navire support).
- Acquisition et enregistrement des données de navigation et des mesures effectuées par les capteurs embarqués : altitude, pression, température, cap, vitesse et heure.
- Préparation, suivi, archivage et dépouillement des données grâce aux logiciels Vemo+ et Adélie.