La révolution industrielle a probablement débuté à cause de la sécheresse au Royaume-Uni, selon une nouvelle étude. Les observations de l'époque conduisent à penser que c'est le niveau très bas des fleuves qui a incité au recours au charbon, puisque l'énergie hydraulique ne pouvait plus fonctionner.


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    Alors que les historienshistoriens pensaient jusqu'à maintenant que la transition vers le charbon était liée au fait qu'il n'y avait pas assez de moulins à eau au XIXe siècle, une nouvelle étude de la Société géologique d'Amérique explique que c'est en fait le manque d'eau qui aurait poussé à l'usage intensif du charbon. C'est justement cette transition de l'énergie hydraulique vers le charbon qui a marqué les débuts de la révolution industrielle du XIXe siècle au Royaume-Uni, non seulement en Europe, mais aussi ensuite aux États-Unis, puis au Japon. Avant l'utilisation du combo vapeur-charbon, les moulins à eau étaient à la base du fonctionnement des usines des sociétés préindustrielles. La révolution industrielle du XVIIIe siècle s'est basée sur l'utilisation du charbon pour alimenter les machines à vapeur. C'est justement grâce à ce procédé qu'ont pu se développer les bateaux à vapeur, ou encore les chemins de ferfer, dans les années 1810-1840.

    Des périodes de sécheresse ont mis en difficulté des industries

    Comme très souvent dans l'Histoire, la météométéo a joué un grand rôle dans les périodes de changements majeurs qui ont affecté le développement de l'Humanité. Les relevés historiques de l'époque en matièrematière de précipitations suggèrent que le point de départ de cette transition serait en fait lié au déficit d'eau, causé par plusieurs périodes de sécheresse. L'industrie du textile, en pleine expansion, nécessitait beaucoup d'eau, et cette ressource n'était plus assez suffisante pour couvrir les besoins en énergie. Mais ce n'est que très récemment que les historiens ont commencé à se pencher sur ce paramètre décisif, qui a également influencé la Révolution française. Les chercheurs de la Société géologique ont étudié la période de 1770 à 1890 et ont simulé sur ordinateurordinateur les infrastructures de l'époque, tout comme la demande en énergie.

    Au niveau météo, aucun relevé officiel n'existait, mais certains organismes collectaient déjà des observations de températures et de précipitations. À l'aide de modèles climatiques, ils ont pu préciser ces observations et recréer le climatclimat de l'époque sur des cartes. Ils ont alors compris que le nord de l'Angleterre et l'Écosse ont connu des sécheresses importantes : le niveau des fleuves était très bas, ne permettant plus de bénéficier de l'énergie hydraulique dans plusieurs régions. Des sécheresses en été, mais aussi des inondationsinondations à l'automneautomne et à l'hiverhiver, autant de catastrophes météo qui ont rendu impossible l'utilisation des moulins à eau pendant des semaines, plusieurs fois par année. Des secteurs industriels entiers, comme le textile, étaient alors en grande difficulté et ne pouvaient plus fonctionner.

    En raison de la sécheresse, les industriels ont dû se tourner vers une autre source d'énergie que celle des moulins à eau. © Couleur, Pixabay
    En raison de la sécheresse, les industriels ont dû se tourner vers une autre source d'énergie que celle des moulins à eau. © Couleur, Pixabay

    Comprendre l'impact des aléas climatiques sur les énergies renouvelables

    Au regard du réchauffement climatiqueréchauffement climatique actuel, il est étonnant de constater que les sécheresses sont a priori à l'origine de l'utilisation massive du charbon ; et que cette généralisation mondiale du recours au charbon est aujourd'hui responsable en grande partie du changement climatique, qui lui-même provoque des sécheresses. En cartographiant cette transition de l'énergie hydraulique vers le recours progressif à l'énergie vapeur-charbon sur les différentes régions d'Angleterre et d'Écosse, les chercheurs tentent ainsi de comprendre comment les aléas climatiques ont compliqué l'utilisation d'une énergie aujourd'hui considérée comme renouvelable, celle de l'eau.