Les efforts, efficaces, pour reconstituer la couche d'ozone au-dessus du pôle sud, auraient pour effet de modifier le régime des vents tournant autour du continent antarctique, ce qui laisserait l'air chaud venant du nord pénétrer plus loin vers les hautes latitudes. C'est ce qu'avance une équipe internationale qui a introduit une composante chimique dans leur modèle climatique.

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    En septembre 2006, le trou d'ozone a égalé son record de septembre 2000. © Nasa

    En septembre 2006, le trou d'ozone a égalé son record de septembre 2000. © Nasa

    Depuis l'interdiction des chlorofluorocarboneschlorofluorocarbones en 1987, la concentration d'ozoneozone dans la stratosphère augmente lentement au-dessus du continent antarctique, tendant à combler ce que l'on appelle le trou d'ozone. A ce rythme, cette couche (en fait une zone de la basse stratosphère où la concentration d'ozone est élevée) pourrait retrouver son niveau initial dans une soixantaine d'années.

    Bien documentée, cette évolution a démontré que les gazgaz destructeurs de l'ozone, les chlorofluorocarbones donc, étaient bien les responsables de l'appauvrissement étonnamment rapide de la quantité de ce gaz au niveau du pôle sud. Elle a aussi montré qu'une telle tendance, forte et de grande ampleur géographique, aussi forte pouvait être inversée.

    Mais une équipe internationale (Canada, Etats-Unis, Japon, Suisse) vient de publier dans Science une étude qui modère cet optimisme : l'épaississement de la couche d'ozone génèrerait un réchauffement. Ces scientifiques ont fait tourner sur ordinateurordinateur un modèle d'évolution du climat différent de celui du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). Le leur (Chemistry-Climate Model Validation, CCMVal) prend davantage en compte la chimiechimie de la stratosphère.

    Quel effet quantitatif ?

    Leur modèle montre que l'ozone absorbe l'énergieénergie solaire et tend à réchauffer la stratosphère tout en rafraîchissant la troposphère (la partie inférieure de l'atmosphèreatmosphère). Cette différence renforce les ventsvents tournant vers l'ouest autour du pôle. Or, cette circulation permanente, appelée oscillation antarctique (SouthernSouthern Annular Mode, ou SAM, en anglais), forme une sorte de barrière, limitant la remontée de l'airair chaud en provenance des latitudeslatitudes plus basses.
    Augmenter la quantité d'ozone dans la stratosphère au-dessus du pôle sud conduit donc rafraîchir cette partie supérieure de l'atmosphère, à réchauffer un peu la troposphère et à laisser pénétrer au-dessus du continent antarctique davantage d'air chaud.

    En attaquant la couche d'ozone à coups de chlorofluorocarbone, l'humanité aurait donc sans le savoir trouvé un moyen de refroidir l'Antarctique. Mais en cherchant à combler ce déficit, nous serions en train de renforcer la fontefonte de l'inlandsisinlandsis (la glace qui recouvre le continent)...

    La fonte d'une partie de cette immense massemasse de glace augmenterait fortement le niveau de la mer (il s'agit de glace d'eau douceeau douce et non d'une banquisebanquise comme au pôle nord). La vitessevitesse à laquelle fond l'inlandsis antarctique, en particulier dans sa région ouest (du côté de la péninsulepéninsule) préoccupe actuellement les climatologuesclimatologues. Un réchauffement de l'atmosphère sur ce continent pourrait donc avoir des conséquences importantes pour l'humanité.

    Mais les auteurs de l'étude en question ne quantifient pas l'effet de la réduction du fameux trou d'ozone. Sa régression est d'ailleurs lente et non continue puisque, après quelques années de diminution, il s'est considérablement étendu durant l'été austral de 2006. Les mécanismes de son extension, tout comme les rouages du climat antarctique restent encore mal connus...