L'Homme est amplement responsable du réchauffement global ; sur ce point, la plupart des modèles sont d'accord. Mais un nouveau rapport démontre leur difficulté à reproduire le climat antarctique : un désaccord existe entre les prédictions et les températures relevées sur ce continent.

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    Presque tous les modèles climatiques prédisent que la température et les précipitations sur le continent austral vont augmenter suite au réchauffement planétaire. L'été dernier, un groupe de recherche de l'Ohio State University révélait pourtant qu'aucune intensification des précipitations n'avait eu lieu ces 50 dernières années. Peu après les conclusions de l'IPCCIPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change), David Bromwich et son équipe apportent cette fois la preuve que la température n'a pas non plus suivi la tendance attendue. « Ce que nous observons maintenant, c'est que le régime de température est largement similaire à ce que nous avons vu avec les chutes de neige. Cette dernière décennie, toutes deux ont diminué », constate Bromwich.

    Moyenne annuelle de l'accumulation de neige sur l'Antarctique de 1955 à 2004. Lors d'une précédente étude, l'équipe avait montré qu'aucune augmentation des précipitations n'avait été enregistrée en Antarctique ces 50 dernières années.<br />Crédits : Ohio State University

    Moyenne annuelle de l'accumulation de neige sur l'Antarctique de 1955 à 2004. Lors d'une précédente étude, l'équipe avait montré qu'aucune augmentation des précipitations n'avait été enregistrée en Antarctique ces 50 dernières années.
    Crédits : Ohio State University

    Alors que la pointe nord de la péninsule antarctique est très sensible au réchauffement, il est pour le moment ardu de mettre en évidence l'impact de l'activité humaine sur l'ensemble du continent. « C'est très difficile, dans ces latitudes polaires, de faire ressortir un signal du réchauffement globalréchauffement global », explique Bromwich, en partie à cause de la grande variabilité qu'il y règne. Ce problème vient de plusieurs complications : l'Antarctique est aussi vaste que les Etats-Unis et le Mexique réunis, la quantité de données disponibles est faible (on compte seulement une centaine de stations météo pour des milliers sur le reste de la planète) et elles ne remontent qu'à un demi-siècle.

    Tendance des températures en Antarctique pour la période 1982-2004. Alors qu'il s'est réchauffé sur les bords, le centre du continent a vu sa température diminuer.<br />Crédits : NASA

    Tendance des températures en Antarctique pour la période 1982-2004. Alors qu'il s'est réchauffé sur les bords, le centre du continent a vu sa température diminuer.
    Crédits : NASA

    Bromwich et son équipe se sont également intéressés au comportement des westerlies circumpolairescircumpolaires, cet important système de ventsvents entourant le continent. « Les wersterlies se sont intensifiés au cours des quatre dernières décennies, voyant leur force augmenter de 10 à 20 % », précise-t-il. Cela peut avoir un impact important sur le mécanisme de mélange dans l'océan Austral, dont l'effet est de dissiper la chaleurchaleur et d'absorber le dioxyde de carbonedioxyde de carbone, qui est, faut-il le rappeler, un des éléments clés du réchauffement global. De surcroît, certains chercheurs suggèrent que le renforcement des westerlies joue aussi un rôle dans l'effondrementeffondrement des plates-formes glaciairesplates-formes glaciaires le long de la péninsule antarctique.

    L'agrandissement du trou dans la couche d'ozonetrou dans la couche d'ozone au-dessus de l'Antarctique peut également affecter les températures sur le continent : « Si vous avez moins d'ozone, il y a moins d'absorptionabsorption de la lumièrelumière UVUV et la stratosphèrestratosphère ne se réchauffe pas autant ». Cela se traduirait par des conditions hivernales qui subsisteraient plus tard au printemps, abaissant ainsi les températures.

    Pour Bromwich, le désaccord qui existe entre les modèles climatiques et les données de températures et de précipitations récoltées ces 50 dernières années sur les terresterres australes ne signifie pas nécessairement que ceux-ci soient faux. « Il n'est pas surprenant que ces modèles ne marchent pas aussi bien dans ces régions reculées du monde. Il s'agit de modèles globaux et on ne devrait pas attendre d'eux qu'ils soient similairement exacts en tout lieu », conclut-il.