Les longues soirées d’été sont propices à de belles balades, y compris à bord d’avions de tourisme. Malheureusement, de nombreux pilotes doivent faire face à une contrainte de taille : le coucher du soleil. Beaucoup d’aérodromes ne sont pas éclairés. Richard Lancair, directeur du projet FluoAirfield, a trouvé une solution surprenante : rendre phosphorescentes les cultures de maïs bordant des pistes ! Des tests grandeur nature devraient avoir lieu cet été.

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    Le recours au maïs phosphorescent pour guider les avions en été pourra peut-être un jour réduire les factures d'électricité de manière considérable. © [evan hunter], Flickr, CC by-nc-nd 2.0

    Le recours au maïs phosphorescent pour guider les avions en été pourra peut-être un jour réduire les factures d'électricité de manière considérable. © [evan hunter], Flickr, CC by-nc-nd 2.0

    • 1er avril : ce sujet a été écrit dans l'optique poisson d'avril, découvrez les dessous de l'actu décortiquée.

    De nombreux aéroports ou aérodromes sont dépourvus d'éclairage. Ils ne peuvent donc pas être utilisés par des pilotes souhaitant pratiquer leur passion durant de belles soirées, lorsque le ciel est dégagé et que la LuneLune est pleine. Bien sûr, cette situation ne concerne pas toutes les infrastructures aéroportuaires. Nombres d'entre elles sont équipées de tous les éclairages requis mais elles doivent alors faire face à un autre problème : le coût sans cesse croissant de l'électricité.

    Beaucoup d'aérodromes se situent dans des zones dégagées, bien souvent agricoles, au milieu de cultures céréalières ou de maïsmaïs. Celui-ci fait particulièrement parler de lui depuis quelques années, notamment suite à la commercialisation de variétés génétiquement modifiées. Pourtant, de nombreuses questions restent en suspens concernant ses effets sur l'environnement et sur la santé humaine. L'existence de ces variétés démontre néanmoins que le transfert de gènesgènes (ou transgénèsetransgénèse) à une plante supérieure est tout à fait possible et fonctionnel.

    Face à ces différents constats, le directeur d'une entreprise pharmaceutique française Richard Lancair, un grand passionné de l'aviation légère, a eu une idée surprenante. Ne pourrait-on pas rendre certaines variétés de maïs ou de blé bioluminescentes pour guider les avions de nuit et leur indiquer la position des pistes habituellement fermées dès le coucher du soleilsoleil ? Cinq ans de recherches auront été nécessaires pour développer ce projet baptisé FluoAirfield. Les premiers essais « grandeur nature » devraient avoir lieu cet été en Normandie, autour d'un site tenu secret.

    La piste de l'aéroport de Clermont-Ferrand sera-t-elle bientôt bordée par des cultures de maïs GA13-F ? En tout cas, le contexte s'y prête bien. À titre de comparaison, plus de 20.000 lampes éclairent les pistes de l'aéroport de Roissy. © Fabien1309, Wikimedia Commons, CC by-sa 2.0

    La piste de l'aéroport de Clermont-Ferrand sera-t-elle bientôt bordée par des cultures de maïs GA13-F ? En tout cas, le contexte s'y prête bien. À titre de comparaison, plus de 20.000 lampes éclairent les pistes de l'aéroport de Roissy. © Fabien1309, Wikimedia Commons, CC by-sa 2.0

    Un maïs transgénique vert fluo pour guider les avions

    La bioluminescencebioluminescence est un phénomène récurrent dans le monde animal. Les exemples de plancton, de méduses, de calmars, de poissons ou d'insectes (lucioles) pouvant illuminer tout ou partie de leurs corps ne manquent pas. Cette lumièrelumière est bien souvent générée par l'oxydationoxydation d'une moléculemolécule nommée luciférine. Fait moins connu mais néanmoins prouvé, certains champignons, tels que Neonothopanus gardneri, peuvent également briller de nuit.

    Dans le cas présent, il n'est pas question de luminescence liée à l'oxydation d'une protéineprotéine mais bien de phosphorescencephosphorescence. Le nouveaux maïs transgéniquetransgénique a reçu un gène, GA13-F, provenant d'un ver et codant pour une protéine pouvant emmagasiner la lumière le jour pour la rendre la nuit. Cette séquence d'ADN s'exprime au sein des cellules situées dans les parties aériennes des plantes. Les protéines se fixent sur les chloroplasteschloroplastes, lieu de la photosynthèsephotosynthèse. Actuellement, la lumière émise est verte mais de nouvelles recherches sont en cours pour créer des chromophoreschromophores pouvant émettre différentes couleurscouleurs. Il sera alors possible de tracer des motifs au sein même des cultures, notamment pour indiquer l'axe des pistes ou, pourquoi pas, le nom des aérodromes. Bien sûr, cette technologie ne sera utile qu'en été, lorsque les plantes atteignent une certaine taille. 

    Ce projet excite de nombreux pilotes pour qui les trajets de nuit ne doivent pas se réduire à une observation scrupuleuse du GPSGPS. À quoi bon voler si c'est pour regarder un écran, autant jouer à Flight Simulator ou XPlane ! La présence de repères lumineux au sol leur serait d'un grand secours. Certains crient déjà au scandale : comment peut-on autoriser un tel projet ? Sachez que tout a été prévu. Ce maïs ne sera pas consommé mais bien transformé en biocarburant pour... l'aviation légère. La publication officieuse de ces résultats ne précise malheureusement pas si les gaz d’échappement seront fluorescents. Dans ce cas, nos ciels d'été pourraient vite prendre de belles couleurs.