Des chercheurs de l'INRA de Sophia-Antipolis, Montpellier et Versailles, en association avec le Service de la Protection des Végétaux, des chercheurs d'une équipe suisse de CABI Bioscience et d'équipes italienne et américaine ont montré que la présence de la chrysomèle des racines du maïs (Diabrotica) en Europe est liée à de multiples introductions en provenance d'Amérique du Nord.

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    Chrysomèle des racines du maïs

    Chrysomèle des racines du maïs

    La chrysomèle des racines du maïs (ou Diabrotica virgifera virgifera) est un redoutable ravageur du maïs en Amérique du Nord qui y occasionne des coûts annuels pouvant atteindre un milliard de dollars. Elle a été détectée pour la première fois en Europe en 1992, près de l'aéroport de Belgrade, puis s'est répandue dans une grande partie de l'Europe centrale et du sud-est. Plusieurs foyers secondaires ont ensuite été détectés dans des régions géographiquement déconnectées de ce foyer initial : le nord-est de l'Italie en 1998 (Veneto), 2002 (Pordenone) et 2003 (Udine); le nord-ouest de l'Italie et le sud de la Suisse en 2000; près de Paris en 2002 et 2004; l'Alsace, le nord de la Suisse, la Belgique, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas en 2003.

    Il était jusqu'ici couramment admis que les insectesinsectes de ces foyers secondaires d'Europe occidentale étaient originaires d'Europe Centrale. L'étude génétiquegénétique portant sur des foyers de la chrysomèle des racines du maïs découverts ces dernières années en Europe, coordonnée par Thomas Guillemaud (INRA de Sophia-Antipolis) et publiée dans l'édition du 11 novembre 2005 de la revue Science montre qu'il n'en est rien.

    Les chercheurs ont étudié la diversité génétique des populations d'insectes collectées dans cinq foyers européens secondaires (les foyers de Paris découverts en 2002 et en 2004, celui d'Alsace mis en évidence en 2003, le foyer du nord-ouest de l'Italie détecté en 2000 et celui de Udine au nord-est de l'Italie détecté en 2003). Ils ont ensuite comparé ces caractéristiques génétiques avec celles d'insectes capturés en Europe Centrale et en Amérique du Nord.

    Ils ont ainsi montré que parmi les cinq foyers secondaires étudiés, seul celui du nord-est de l'Italie provient du foyer d'Europe Centrale. Le foyer alsacien provient du foyer détecté en 2002 près de Paris. De façon inattendue, les foyers détectés près de Paris en 2002 et dans le nord-ouest de l'Italie en 2000 sont dus à des introductions indépendantes en provenance d'Amérique du Nord. L'origine du foyer découvert près de Paris en 2004 reste à ce jour incertaine mais pourrait également provenir directement d'Amérique du Nord. Au total, sur les six foyers européens analysés - le foyer d'Europe centrale et les cinq foyers secondaires - au moins trois proviennent d'introductions indépendantes en provenance d'Amérique du Nord. Les modalités de ces introductions successives transatlantiques sont, pour l'instant, inconnues.