Outre la Grande-Terre et la Basse-Terre, la Guadeloupe comporte plusieurs îles dressées au large : le petit archipel des Saintes, magnifique – je vous révélerai un secret pour le découvrir au mieux –, puis Marie-Galante, au relief modéré, aux plages superbes et au rhum exceptionnel, à déguster avec modération, et enfin La Désirade, discrète, retirée, et pourtant étonnamment à l’avant-garde du progrès, avec son parc d’éoliennes créé en 1993.


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    Envie de voyage et d'évasion, partons à la découverte de la Guadeloupe... et profitons que quelques escales pour le plaisir des yeuxyeux.

    Les Saintes, les perles de la Guadeloupe

    Au nord de la Martinique, entre la Dominique et la Guadeloupe, s'étend le petit archipel mythique des Saintes, composé de neuf îles et îlots. Seuls sont habitées Terre-de-haut, l'île principale, et Terre-de-Bas, avec ses deux villages de Petite-AnseAnse et Grande-Anse.

    L'archipel, peuplé essentiellement de colons venus du Poitou, de Bretagne et de Normandie, ne fut jamais largement cultivé : peu d'esclaves noirs furent amenés dans l'île et la population des Saintes est caractérisée par des métis aux yeux clairs.

    Le Pain de sucresucre se dresse, bien reconnaissable, à l'entrée de l'anse du Bourg, dont la partie sud porteporte le nom pittoresque de Fond Curé. L'anse du Bourg figure au classement des plus belles baies du monde.

    Cette maison qui ressemble à l'étrave d'un cargo a été construite en 1942 par un photographe guadeloupéen. © Antoine, tous droits réservés
    Cette maison qui ressemble à l'étrave d'un cargo a été construite en 1942 par un photographe guadeloupéen. © Antoine, tous droits réservés

    Une escale aux Saintes est toujours un moment de bonheur, et il faut dire qu'il y a un secret à connaître pour apprécier leur tranquillité. Sur le rivage, cette maison qui ressemble à l'étrave d'un cargo a été construite en 1942 par un photographe guadeloupéen, elle sert de résidence au médecin de l'île. On ne trouve dans l'île que des petites pensions, et la place du village a des allures de décor d'opérette. La petite mairie est sans doute une des plus jolies de France.

    Pour apprécier pleinement un séjour au Saintes, il suffit d'avoir remarqué que lorsque les vedettes qui amènent chaque jour de nombreux touristes sont reparties, un calme magique s'étend sur le petit archipel. Des boutiques et des galeries vendent artisanat ou peintures.

    Les « Tourments d'amour », une spécialité locale. © Antoine, tous droits réservés
    Les « Tourments d'amour », une spécialité locale. © Antoine, tous droits réservés

    Il ne faut surtout pas manquer de goûter les petits gâteaux, la spécialité locale, appelés « Tourments d'amour ». Quelques petits restaurants vous attendent, dans le bourg, ou sur la route de la baie de Pompierre, qui possède une des plus belles plages de Guadeloupe.

    Marie-Galante, une pépite des Petites Antilles

    On doit parfois affronter quelques heures l'alizé pour rejoindre l'abri de la grande île de Marie-Galante, où l'on peut jeter l'ancre devant le bourg de Saint-Louis. Le débarquement se fait au pied du pittoresque monument aux morts du village. De là, un chauffeur de taxi embarque les visiteurs pour le rituel tour de l'île : la partie nord de Marie-Galante possède quelques belles plages comme celle de l'anse Canot ou celle de Vieux Fort.

    La « Gueule Grand Gouffre », une arche naturelle creusée par les vagues dans la falaise calcaire. © Antoine, tous droits réservés
    La « Gueule Grand Gouffre », une arche naturelle creusée par les vagues dans la falaise calcaire. © Antoine, tous droits réservés

    On peut aussi y découvrir un environnement protégé, la mangrove, c'est-à-dire des forêts de palétuviers qui plantent souvent leurs racines dans l'eau. Plus loin, s'ouvre la « Gueule Grand Gouffre », une arche naturelle creusée par les vagues dans la falaise calcairecalcaire.

    Un des moulins les mieux conservés de Marie-Galante : le moulin de Bézard. © Antoine, tous droits réservés 
    Un des moulins les mieux conservés de Marie-Galante : le moulin de Bézard. © Antoine, tous droits réservés 

    On appelait jadis Marie-Galante « l'île aux Cent moulins », un des mieux préservés est le moulin de Bézard. Aujourd'hui, on produit encore un rhum agricole remarquable à la distillerie Bielle, que l'on peut visiter. Des agriculteurs y apportent encore leur canne à sucre sur des cabrouets tirés par des bœufs, qui sont soignés amoureusement et fêtés lors d'un défilé coloré. Marie-Galante est aussi réputée pour le carnaval joyeux et bon enfant de Grand Bourg.

    Écomusée Murat consacré à l'histoire et aux arts et traditions de Marie-Galante. © Antoine, tous droits réservés 
    Écomusée Murat consacré à l'histoire et aux arts et traditions de Marie-Galante. © Antoine, tous droits réservés 

    L'habitation Murat couvrait jadis 200 hectares et possédait 300 esclaves. Dans la maison de maître rénovée en 2011, on trouve aujourd'hui une exposition consacrée à l'histoire et aux arts et traditions de Marie-Galante. Parmi les bourgades situées sur le pourtour de l'île, Capesterre, dotée d'un petit port de pêchepêche, est particulièrement remarquable pour la spectaculaire plage de la Feuillère.

    La Désirade, un havre de paix

    Au large de la Grande-Terre, la partie est de la Guadeloupe, on trouve La Désirade et son petit port de Grande-Anse. La Désirade doit son nom à Christophe Colomb : au terme de sa deuxième traversée de l'Atlantique, ses marins désiraient si ardemment voir une terre ! Aride et  exposée, l'île a souvent été agressée par les éléments. Ainsi un cyclonecyclone, il y a quelques années, a couché la plupart de ses cocotiers, voilà pourquoi vous ne trouverez que des jeunes arbresarbres sur cette plage proche du port.

    Plage de Beauséjour à La Désirade et vue sur l'est de l'île. © Desiderio Mauro,<em> Wikimedia commons,</em> DP
    Plage de Beauséjour à La Désirade et vue sur l'est de l'île. © Desiderio Mauro, Wikimedia commons, DP

    L'île n'a qu'une bande étroite de terre plate, surmontée par une haute muraille montagneuse inaccessible, hérissée d'éoliennes qui fournissent une bonne partie de l'électricité de l'île. À la pointe Est, un des points les plus avancés sur l'Atlantique de toutes les Antilles, on trouve quelques témoignages d'un passé douloureux : dans un petit cimetière reposent les abbés et les religieuses qui vinrent en aide aux lépreux jadis mis en quarantaine à La Désirade. On y trouve aussi les ruines d'une cotonnerie. Partout, sur les collines arides poussent les têtes à l'anglais, ces cactus si caractéristiques.

    La réserve géologique de la Désirade offre les conditions optimales au développement des cactus et notamment des têtes à l'anglais, caractéristiques de cette zone. Le sol aux teintes rouges illustre la présence importante de pierres de type radiolarites, témoins de l'activité volcanique passée. © Melina Robin, <em>Wikimedia commons,</em> CC 4.0
    La réserve géologique de la Désirade offre les conditions optimales au développement des cactus et notamment des têtes à l'anglais, caractéristiques de cette zone. Le sol aux teintes rouges illustre la présence importante de pierres de type radiolarites, témoins de l'activité volcanique passée. © Melina Robin, Wikimedia commons, CC 4.0

    Ce n'est que depuis 1991 que La Désirade a pu vaincre son aridité, grâce à une conduite sous-marine venue de Guadeloupe. Dans une île aux conditions de vie si âpre, les habitants ont toujours appelé à leur aide la foi chrétienne, et la messe du dimanche à Grande-Anse est traditionnellement le point de rendez-vous de toute la population de La Désirade.

    Sur la place de l'église, qui commémore à la fois un maire parti jadis demander de l'aide pour son île et Shoelcher, qui mit fin à l'esclavage. Une chaleureuse famille m'invite à partager leur repas de fête. On se régale d'un délicieux matete de crabe, parfumé des délicieux et brûlants piments de Guadeloupe.

    Parmi les premiers habitants de La Désirade, on trouvait des prisonniers, déportés ici, souvent des fils de nobles que leur famille voulait tenir à l'écart.