Les Antilles entrent dans l’orbite française de manière assez singulière : en 1625, Richelieu souhaite affaiblir les positions espagnoles dans les îles antillaises et confie au corsaire Pierre Belain d’Esnambuc la prise de possession des îles de Saint-Christophe et de la Barbade. Objectif prioritaire, la lutte contre les pirates et la garantie d’une liberté de commerce pour la France. Très vite, les premiers arrivants débordent sur les îles avoisinantes et la piraterie française visant les vaisseaux espagnols cède le pas à d’incessants conflits avec les Indiens Caraïbes (population amérindienne, originaire du Venezuela).
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En 1635, Richelieu crée la Compagnie des Îles d'Amérique, chargée de s'installer en Guadeloupe. Les Indiens Caraïbes forment une ligue inter-îles (avec la Dominique et Saint-Vincent) et mènent une guerre d'embuscades systématiques contre les colons. En 1639, les Français reçoivent enfin des renfortsrenforts militaires et la Guadeloupe est débarrassée du problème caraïbe.
Une économie basée sur le tabac
Le moteur du développement des Antilles, d'abord politique, devient rapidement économique : la première compagnie de commerce fonde ses revenus sur l'exploitation de plantations de tabac, en utilisant des « engagés ». Ce sont des émigrants masculins pauvres qui s'engagent à travailler gratuitement durant trois ans moyennant une portion de terrain offerte une fois le contrat achevé. Le statut de l'engagé se transforme rapidement en véritable esclavage : le système constitue cependant une part importante de l'émigration française aux Antilles. Le tabac sert souvent de moyen de paiement des engagés à la fin de leur période de travail, en remplacement de la terre qui était promise initialement ; ceci contribuera beaucoup à la dégradation de leurs conditions de vie.
Les Français s’implantent aux Antilles grâce aux Hollandais
La Martinique est acquise en 1635 puis c'est le tour de la Dominique, des Saintes, la Désirade, Saint-Barthélemy, Sainte-Croix et Saint-Martin. En 1642, le domaine s'élargit encore avec Marie-Galante, la GrenadeGrenade et Tobago. En 1660, ce sera Sainte-Lucie. En 1664, Colbert dissout la Compagnie des Îles d'Amérique au profit de la Compagnie des Indes occidentales puis rachète la Guadeloupe et ses dépendances pour Louis XIV. On peut affirmer qu'il s'agit alors de l'apogée territoriale des Antilles françaises avec un total de quatorze îles. À l'inverse du Canada qui connaît une immigration au compte-gouttes, les îles attirent puisqu'en 1642, on dénombre une population blanche d'environ 10.000 personnes, dont 7.000 engagés.
La France s'est solidement implantée dans les Petites Antilles grâce à la neutralité bienveillante des Hollandais qui dominent en fait toutes les Caraïbes. Ce sont les navires de commerce hollandais qui ravitaillent les îles françaises et en 1628, la flotte hollandaise a totalement vaincu les escadres espagnoles, rendant possible la colonisation française et anglaise. La Compagnie hollandaise des Indes occidentales ne cherche pas à coloniser mais plutôt à établir un trafic de contrebande avec l'Amérique espagnole, laissant le champ libre aux initiatives coloniales de ses alliés contre l'Espagne.
Saint-Domingue, repère de pirates
Dans les Grandes Antilles, la colonisation de Saint-Domingue (actuelle Haïti) s'effectue avec un décalage de quelques années : officiellement espagnole, l'île est en fait abandonnée au profit des territoires américains acquis par l'Espagne, car elle ne peut pas fournir d'émigration suffisante pour peupler îles et continent. Dès la fin du XVIe siècle, Saint-Domingue est un repère de flibustiers, véritable société internationale de pirates qui a alimenté de nombreuses légendes et de nombreux ouvrages. Les Français y sont dominants et leur point d'appui est l'île de la TortueTortue (Tortuga) située sur la côte nord de Saint-Domingue. Devenue possession française en 1641, l'île dispose d'un gouverneur nommé par Mazarin en 1655. Une émigration essentiellement bretonne se met en place et, en 1677, on dénombre déjà près de 5.000 personnes. Au XVIIIe siècle, Saint-Domingue deviendra le centre de gravité du commerce sucrier et de la traite esclavagiste française.
À noter
Pierre Belain d'Esnambuc (1585-1637), corsaire du roi de France, peut être considéré comme le père fondateur des colonies françaises des Antilles. En 1625, il s'établit sur Saint-Christophe dont les premiers occupants sont des protestants français : l'île est partagée avec les Anglais qui occupent la partie centrale et les Français les deux extrémités. C'est le premier établissement français dans les îles Caraïbes.
En 1658, les Français affrontent les Caraïbes en Martinique : les Indiens sont présents sur l'île depuis le XIIIe siècle. Leur population subit une véritable épuration ethnique et les survivants se réfugient sur l'île de la Dominique : les descendants des Caraïbes y sont environ 3.000 aujourd'hui. Des communautés vivent encore à Trinidad et Saint-Vincent, au Venezuela, en Colombie, au Brésil, en Guyane française et au Suriname.