L’épidémie de peste porcine africaine, qui a décimé le cheptel chinois, s’étend comme une traînée de poudre dans le monde. Extrêmement contagieuse et mortelle, elle tue les cochons en quelques jours. Désemparés, les pays touchés emploient des moyens expéditifs pour s’en débarrasser tandis que la France, très inquiète, a construit une immense clôture le long de la frontière belge.


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    « C'est la plus grande épidémieépidémie animale jamais vue sur la planète », alertait déjà au mois de juin Dirk Pfeiffer, un vétérinairevétérinaire épidémiologiste de la City University de Hong Kong dans le Guardian. Arrivée en Chine mi-2018, vraisemblablement via des sangliers venant de Russie, « l'Ebola du cochon » s'étend désormais à plus de 50 pays.

    En août, la FAOFAO (Food and Agriculture Organization) décomptait officiellement cinq millions de porcs morts ou abattus préventivement en Asie. Mais selon le Washington Post, la moitié des cochons chinois auraient déjà été décimés (300 millions de têtes). Un rapport de la banque néerlandaise Rabobank avance un chiffre de 350 millions de porcs qui pourraient être tués en 2019, soit un quart de la totalité des cochons de la planète. Début septembre, les Philippines ont confirmé l'arrivée de la maladie dans sept villages autour de Manille et procédé à 7.000 abattages préventifs. Idem en Corée du Sud, où 154.000 porcs ont déjà été tués. Le pays a annoncé procéder à des abattages de sangliers à la frontière nord-coréenne à l'aide de drones détecteurs de chaleurchaleur et de « snipers ».

    L’épidémie de fièvre porcine semble incontrôlable.

    Des cochons enterrés vivants

    En Chine, premier producteur et consommateur de porc au monde, l'épidémie a des répercussions économiques considérables. Les prix du porc ont augmenté de 159 % sur un an en octobre et le gouvernement a dû puiser dans les réserves stratégiques tout en appelant la population à « moins manger de viande ». Le gouvernement n'hésite pas à employer les grands moyens avec des abattages préventifs massifs. En septembre, des vidéos ont circulé montrant de centaines de cochons entassés dans des camions et déversés dans des fosses tapissées de bâches pour être enterrés vivants. Pour faire face à la pénurie, certains éleveurs commencent à produire des cochons « gros comme des ours polaires ».

    Des images choquantes de porcs enterrés vivants en Chine ont été diffusées sur les réseaux sociaux.

    Très contagieuse, la pestepeste porcine africaine (PPA), différente de la peste porcine classique (PPC), est due à un virus endémiqueendémique dans une vingtaine de pays d'Afrique, où les phacochères et potamochères sont les hôtes naturels. Elle se transmet principalement par des denrées alimentaires contaminées où le virus peut survivre plusieurs semaines.

    85 % à 95 % des cochons meurent en deux semaines

    « Les porcs infectés commencent par délaisser leur nourriture », détaille Dave Pyburn, vice-président des sciences et de la technologie à l'Office national du porc américain au Washington Post. « Au bout de cinq jours ils déclenchent une fièvre hémorragique avec des saignements s'étendant à tous les organes. Après deux semaines, 85 % à 95 % des cochons meurent ». Contrairement à la PPC, aucun traitement ou vaccinvaccin n'est disponible, ce qui explique la mortalité particulièrement élevée. Malgré sa virulence, le virus n’est pas transmissible à l’Homme. Seul représentant de la famille des Asfarviridae, il a besoin de récepteurs spéciaux sur les cellules pour y pénétrer, qui ne sont présents que chez le porc.

    La France a établi un plan d’urgence pour éviter l’arrivée de la peste porcine africaine sur le territoire français. © Ministère de l’Agriculture et de l’alimentation

    Une « zone de dépeuplement » de 141 km2 à la frontière belge

    En Europe, neuf États membres ont été en contact avec le virus. Signalé en Belgique en septembre 2018, il inquiète au plus au point la filière française. « Tout doit être mis en œuvre pour que la France garde son statut indemne de PPA », insiste le gouvernement. L'arrivée de la maladie pourrait avoir des conséquences dévastatrices pour la filière française, qui élève 23,8 millions de porcs par an et qui emploie 130.000 personnes. Dès janvier, la France s'est dotée d'un plan de crise pour prévenir l'arrivée de l'épidémie. Une « zone blanche de dépeuplement » de 141 km² a été instaurée le long de la frontière belge, avec interdiction de toute activité forestière économique ou de loisir. Cent-douze kilomètres de clôture ont été réalisés et les chasseurs ont reçu pour mission de prolonger les « opérations de destruction » du sanglier dans trois départements.

    Malgré les mesures drastiques de prévention prises par tous les pays dans le monde, l'épidémie continue de s'étendre. Selon plusieurs experts, elle serait même devenue « incontrôlable ».

    Les cochons du monde

    Le porc domestiqueLe cochon de BayeuxLe porc de MeishanLe cochon de TamworthLe porc de TuropoljeLe cochon du Wessex SaddlebackLe cochon vietnamienLe cochon MangalitzaLe porc laineux dans la neigeLe porc gasconLe minicochon de GöttingenLe porc ibériqueLe cochon de KunekuneLe porc noir de JejuLe cochon de selle Angler
    Le porc domestique

    Le porc (Sus scrofaSus scrofa domesticus) est une sous-espècesous-espèce du sanglier d'Europe. Face à la montée de la demande de viande de porc au cours du XXe siècle, le cochon blanc domestique, plus adapté à l'élevage intensif que des races rustiques populaires au XIXe siècle, va dominer les populations de porcins dans le monde. Les plus anciennes traces de domesticationdomestication remontent au neuvième millénaire avant notre ère au Moyen-Orient, là où est née l'agricultureagriculture.

    © Scott Bauer, USDA CCO