« Il est trop tôt pour se prononcer sur le taux de létalité de l’infection » a déclaré hier le Dr Margaret Chan Directeur général de l’OMS, lors d’un briefing aux médias sur la grippe porcine. « Nous ne savons pas à ce jour, combien parmi les plus de 800 cas de pneumonie sévère ayant nécessité une hospitalisation, sont dus à ce nouveau virus ». Ce que ne mésestime pas la patronne de l’agence onusienne toutefois, c’est la rapidité avec laquelle la situation évolue.

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    Grippe porcine : pandémie ou épidémie ?

    Grippe porcine : pandémie ou épidémie ?

    Quelques heures à peine après son intervention devant la presse mondiale, le bilan intermédiaire de cette flambée épidémique avait en effet quasiment doublé. Plus de 1.300 cas étaient officiellement confirmés au Mexique et aux Etats-Unis... A ce stade, peu de certitudes :

    • La souche à l'origine de cette flambée est de type H1N1. Or ce virus porcin, s'il est considéré comme moins virulent que le virus aviaire, inquiète par sa capacité à se transmettre facilement à l'homme. Le signalement récent d'un cas humain en Espagne par le Bulletin Eurosurveillance le prouve amplement. En cas de contamination simultanée, la capacité de ce virus à se transmettre en franchissant la barrière des espècesespèces peut être terrible. Elle est susceptible de provoquer l'apparition d'un nouveau virus, inconnu du système immunitaire humain... Le risque de pandémie serait alors très important ;
    • La situation est suffisamment sérieuse pour que le Comité d'urgence de l'OMS estime « se trouver confronté à une urgence de santé publique de portée internationale », justifiant des réunions quotidiennes.

    Deux cas suspects en France

    Sommes-nous à la veille d'une pandémie comparable à celle de 1918, qui fit entre 20 et 50 millions de morts selon les estimations ? Il serait prématuré de répondre de manière univoque à cette question. Pourtant, Margaret Chan estime sans ambages que « la question d'une alerte pandémique est à l'ordre du jour ». Nous ne sommes pas démunis pour autant. « Pour l'heure, souligne-t-elle, les premiers tests de résistancerésistance ont démontré que le nouveau virus est sensible au Tamiflu. »

    Les autorités françaises se penchent actuellement sur deux cas considérés comme « suspects », observés chez des voyageurs de retour du Mexique. Ils sont actuellement hospitalisés à Bordeaux et Marseille.

    La situation est considérée comme sérieuse. Les 81 morts enregistrés à ce jour au Mexique, et les 8 cas américains justifient naturellement cette attitude... Un Centre de crise a été ouvert dans le cadre de la veille sanitaire. Une plate-forme téléphonique d'information est ouverte au 0825 302 302 (0,15 centime la minute) du lundi au samedi de 9 heures à 20 heures.

    Ce dispositif complète le site Internet mis en ligne par le gouvernement, dont les recommandations sont mises à jour régulièrement. Ces dernières sont d'un intérêt particulier pour les voyageurs qui envisagent de se rendre au Mexique.

    L’OMS maintient son niveau d’alerte en phase III

    Pour sa part, l'Organisation mondiale de la SantéOrganisation mondiale de la Santé n'a pas jugé utile de modifier son niveau d'alerte. Ce dernier demeure en phase III sur une échelle qui compte 5 niveaux. « Le fait de passer à la phase IV signifierait que les pays devraient intensifier fortement les plans de préparation à la pandémie », confiait le Dr Keiji Fukuda (OMS) au cours d'une conférence de presse dimanche après-midi.

    Un tel signal semble-t-il, serait prématuré. « Nous ignorons encore le niveau de sévérité de l'infection provoquée par le virus » (responsable de cette flambée), souligne-t-il. Les virus responsables de l'influenzainfluenza « ont tendance à évoluer et à muter facilement et fréquemment. A la suite de ces mutations, ils peuvent gagner ou au contraire, perdre en virulence ». En d'autres termes, une période d'observation est encore nécessaire pour mesurer la virulence du virus, sa transmissibilité, et sa période d'incubation...

    Les cas signalés aux Etats-Unis seraient relativement légers alors que le niveau de gravitégravité de ceux observés au Mexique suscite davantage d'incertitudes. Le nombre d'infections mortelles ne suffit pas à lui seul, pour établir une hiérarchie entre les deux foyers.

    La situation est donc préoccupante mais le monde paraît bien armé. « Nous sommes mieux préparés que jamais à faire face à la situation », confirme Keiji Fukuda. « La surveillance est meilleure que jamais, plusieurs antivirauxantiviraux (et vaccins pandémiques) sont en cours d'essais, la communauté scientifique communique en permanence à l'échelle mondiale... Je suis réellement impressionné par la manière dont les Etats membres ont géré la situation » jusqu'ici. Une opinion qui recouvre très étroitement l'état d'esprit des participants à la réunion européenne de Faro (Portugal) en septembre dernier...